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stupide barbarie : l'autorité de la Porte était entièrement méconnue; elle recueillera, par les mains triomphantes des Français, d'immenses avantages dont elle était privée depuis longtemps. Enfin, pour le bien-être du monde entier, l'Égypte deviendra le pays de l'univers le plus riche en productions, le centre d'un commerce immense, et surtout le poste le plus redoutable contre l'odieuse puissance des Anglais dans l'Inde, et leur commerce usurpateur. »

Sur la motion de Chénier, le conseil des CinqCents déclara que l'armée française, victorieuse Égypte, avait bien mérité de la patrie.

Il était notoire que, depuis longtemps, les cabinets de Londres et de Pétersbourg travaillaient à entraîner la Porte dans une coalition contre la France, et que ces trois puissances traitaient d'une alliance offensive et défensive.

Lorsqu'on apprit, à Chypre, la prise d'Alexandrie, des courriers furent expédiés par la Caramanie pour en informer la Porte. Les Turcs s'armèrent dans les villes et dans les campagnes, les Français furent menacés. Dans la crainte d'une rupture, ils songeaient au moyen de fuir, car le moins qui pût leur arriver, était d'être arrêtés, et traînés en esclavage.

La nouvelle de la victoire remportée à Abouqyr par Nelson, dissipa les hésitations du divan. Du 11 au 14 fructidor (du 30 au 31 août), la Porte déclara la guerre à la France, fit emprisonner les Français, déposa, comme leurs amis, le visir, le reis-effendi et le capitan-pacha, ordonna la

formation d'une armée pour reconquérir l'Égypte, invita la flotte russe à se joindre à la sienne, et envoya de riches présens à l'amiral anglais.

Qu'avait fait le Directoire exécutif pour prévenir ce funeste résultat? Par son chargé d'affaires Ruffin, il avait fait connaître à la Porte le but de l'expédition, et annoncé l'envoi d'un ambassadeur pour s'entendre avec elle. Était-ce assez pour balancer l'influence des Russes et des Anglais? Par ces communications lointaines, par de vagues promesses, pouvait-on espérer de déjouer les intrigues et les efforts de deux grandes puissances, dont les agens assiégeaient le divan de leurs offres et de leurs menaces? En leur laissant le champ libre, le Directoire trahit l'armée d'Orient, et commit une faute grossière, une faute irréparable.

Quelle fut, après la déclaration de guerre de la Porte, la conduite du Directoire? Il fit le généreux, il donna à l'ambassadeur turc l'assurance qu'il continuerait à jouir de tous les égards dus à son caractère. Il y eut entre lui et le ministre Talleyrand de longues conférences.

Il fit partir Descorches pour Constantinople, le 25 vendémiaire an 7, quatre mois après le départ de l'expédition, trois mois après l'invasion de l'Égypte, plus de 40 jours après que Porte avait déclaré la guerre!

la

Il annonçait dans ses journaux les conférences tenues à Paris, et l'envoi tardif d'un ambassadeur, comme une preuve des sentimens pacifiques qu'il n'avait cessé d'avoir et qu'il conservait toujours.

TOME II. guerre d'Égypte.

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Répondant au manifeste de la Porte, « la Cour ottomane, disait le Directoire, n'ignorait pas les vues du gouvernement français. Elle avait chargé son ambassadeur à Paris d'en conférer avec le Directoire. Elle en avait conféré ellemême avec Ruffin, son chargé d'affaires. L'objet de l'expédition ne lui avait point été caché. La Porte avait su que Bonaparte devait s'emparer de Malte. Ali-Effendi, son ambassadeur, lui avait écrit qu'il était instruit par le ministre des relations extérieures du projet de destruction de cet ordre, événement avantageux pour tous les musulmans. Ruffin avait remis officiellement copie des lettres dans lesquelles le Directoire lui communiquait que Bonaparte avait ordre de se rendre en Égypte ; que cette expédition avait pour objet de punir les beys, de retirer des avantages commerciaux, et de faire du tort à l'Angleterre ».

Ces faits étaient avoués par le manifeste de la Porte, et répondaient au reproche d'avoir inopinément envahi l'Égypte; mais il n'en résultat pas que la Porte y eût consenti. D'ailleurs, les communications de Ruffin n'avaient probablement été faites que lorsqu'il n'y avait plus à craindre qu'elles ne suscitassent des obstacles à l'expédition.

Les Turcs sacrifiaient, il est vrai, leurs véritables intérêts à des considérations du moment ; car il est hors de doute que, pour conserver la paix, la France leur eût concédé des avantages qu'ils ne pouvaient espérer de trouver dans leur nouvelle alliance. Mais toutes discussions, toutes

tentatives de négociations étaient désormais superflues; la France et le Directoire ne tardèrent pas à s'en convaincre. Subjuguée par l'Angleterre et la Russie, la Porte rejeta toutes les avances, et Descorches ne put pas même arriver à Constantinople. Le Directoire fut donc obligé de repousser les hostilités, et de prendre des mesures de représailles contre la Turquie et les puissances barbaresques,

CHAPITRE IX.

Bonaparte fait occuper le port de Suez.-Arrivée d'un agent de Tippo-Saïb.-Bonaparte expédie des bâtimens pour avoir des nouvelles d'Europe.-Projet de rétablir une marine à Alexandrie.-Politique de Bonaparte concernant l'islamisme.-Menou se fait mahométan.-Bonaparte protége les Cophtes et les religieux du Mont-Sinaï.-Il pardonne aux habitans du Kaire et rétablit le divan.-Culte des ognons.-Psylles. Voyage de Bonaparte à Suez et aux sources de Moïse.-Il retrouve les traces du canal des deux mers.-Il revient au Kaire et ordonne une expédition pour occuper Cosseïr.

L'histoire nous apprend que l'Inde est un des pays les plus anciennement habités. Les traditions les plus antiques représentent les Indiens comme le peuple dont la civilisation, les lumières, les arts et les manufactures remontent aux siècles les plus éloignés. Ces avantages réunis appelèrent de bonne heure chez ce peuple les nations moins favorisées de la nature, moins avancées dans les arts, et cependant aussi avides des jouissances du luxe et des produits de lindustrie. Il exista de tout temps des relations commerciales entre l'Inde et les pays situés sur les bords de la Méditerranée, et ceux qui occupent le nord de l'Europe. Ces communications changèrent de direction, selon que les peuples qui s'adonnèrent à la navigation et au commerce changèrent eux-mêmes et se succédèrent sur les différens points du globe.

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