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tions extravantes du Directoire; et il croit que rien ne peut tant faciliter la paix que le retour de l'armée française sur le sol de la France, où sa présence seule empêcherait les ambitieux de continuer une guerre sanglante dont l'unique but est de perpétuer le pouvoir usurpé.

N°. V, PAGE 286.

PROCLAMATION ADRESSÉE PAR LE DIVAN DE LA VILLE DU KAIRE, LA BIEN GARDÉE, aux provinces DE CHARQYEH, GARBYEH, MENOUFYEH, QÉLIOUBER, GIZER ET BAHYREH,

Les conseils sont ordonnés par la loi.

Dieu a dit dans le Koran : « Ne suivez pas les traces de Sa» tan ». Dieu a dit : « N'écoutez pas les conseils des méchans; » ils font le mal sur la terre, et sont incapables de bien. II » est du devoir des bons de prévenir le mal avant qu'il ar»rive ou qu'il soit irréparable ». Nous vous prévenons, vrais croyans, pour que vous n'écoutiez pas les paroles des menteurs, parce que vous vous réveilleriez dans le repentir.

Il est arrivé au Kaire, la bien gardée, le chef de l'armée française, le général Bonaparte, qui aime la religion de Mahomet; il s'est arrêté avec ses soldats à la Koubeh, bien portant et bien sain, remerciant Dieu des faveurs dont il le comble. Il est entré au Kaire par la porte de la Victoire, le vendredi 10 du mois de Moarrham, de l'an 1214 de l'hégire, avec une suite et une pompe des plus grandes : ç'a été une fête de voir les soldats bien portans. Il avait avec lui les savans de Jémil-Azar, El-Sadat, El-Bekry, El-Enanieh, El-Demir, El-Dachieh, El-Koudirieh, El-Achmet, El-Refahieh, ElKaderkieh, les sept odjaklis du sultan, les principaux habitans, les négocians et le divan. Ce jour a été un très-grand jour; l'on n'en a jamais vu de pareil : tous les habitans du Kaire sont sortis à sa rencontre. Ils ont vu et reconnu que c'é

tait bien le même général en chef Bonaparte, en propre personne. Ils se sont convaincus que tout ce qui avait été dit sur son compte était faux. Son cœur étant porté pour les Musulmans, Dieu le comble de ses faveurs. Ceux qui avaient répandu de fausses nouvelles sur son compte sont les Arabes voleurs, et les Mamlouks fuyards dont les desseins sont la destruction du peuple, de ceux qui suivent les vrais principes de la religion, et d'empêcher la perception des droits du fisc, ne voulant nullement la tranquillité des créatures. Dieu a détruit leur puissance à cause des crimes qu'ils commettaient, et sa justice est terrible. Nous avons appris qu'Elfi-Bey est allé dans le Charqyeh avec quelques mauvais sujets, des Arabes Billys et Haydeh, roulant d'un lieu à l'autre pour faire le mal, pillant le bien des Musulmans ; mais }; Dieu les en punira. Il répand dans les campagnes de fausses lettres, voulant faire croire aux paysans que les troupes du sultan sont en route; la vérité est qu'il n'en existe pas, n'y ayant rien de plus faux que ces bruits. Son intention est de faire naître le trouble, pour amener la destruction du peuple, comme faisait Ibrahim-Bey pendant son séjour à Gaza, d'où il envoyait des firmans pleins de faussetés et de mensonges, disant que c'était du consentement du sultan. Les paysans trompés, et les mauvais sujets qui y ajoutaient foi, pour ne pas en prévoir les suites, se jetaient dans le malheur; les habitans de l'Égypte-Supérieure ont chassé les Mamlouks pour leur sûreté, celle de leurs familles et de leurs enfans, parce que la punition des méchans entraîne la perte des bons, leurs voisins. La punition divine est tombée sur les méchans, nous demandons à Dieu d'en préserver les bons. Les habitans de l'Égypte-Supérieure ont montré par cette conduite plus de jugement et de prudence que ceux de la Basse-Égypte.

Nous vous informons que Djezzar-Pacha, qui a été ainsi nommé à cause de ses grandes cruautés ', ne faisant aucun choix de ses victimes, avait rassemblé un grand nombre de mauvais sujets, soldats osmanlis, arabes et autres, voulant

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Djezzar, en arabe, signifie boucher, carnassier.

s'emparer du Kaire et des provinces de l'Egypte, et les encourageant par la promesse du pillage et du viol; mais Dieu s'est refusé à ses projets, faisant exécuter sa volonté à son choix. Les grâces de Dieu sont infinies, et tout dépend des bonnes intentions; il avait envoyé une partie de ses soldats dans le fort d'El-Arych, dans l'intention de prendre Qatieh. Le général en chef Bonaparte partit, battit les soldats de Djezzar, qui étaient à El-Arych, et qui criaient à la fuite. après que leur plus grand nombre eût été tué ou blessé. Ils étaient environ 3,000. Il prit le fort d'El-Arych et tous les approvisionnemens de Djezzar qui s'y trouvaient. Le général en chef se porta ensuite à Gaza, battit ce qu'il y trouva de troupes de Djezzar, qui fuirent devant lui, comme les oiseaux et les souris fuient devant le chat. Étant entré dans le fort de Gaza, il fit publier et assurer sûreté et protection au peuple; ordonna que la religion musulmane fût respectée, et combla d'honneurs les savans, les principaux et les négocians. Étant ensuite arrivé à Ramleh, il s'empara des approvisionnemens de Djezzar, en biscuit, riz, orge, et 2,000 outres fort belles, qui étaient là, pour sa route sur l'Égypte, mais Dieu ne l'a pas voulu. Il alla ensuite à Jaffa, et en fit le siége pendant trois jours. S'en étant emparé, il prit tous les approvisionnemens qui s'y trouvaient faits par Djezzar. Les habitans égarés, n'ayant pas voulu se soumettre et le reconnaître, ayant refusé sa protection, il les livra dans sa colère et par la force qui le dirige, au pillage et à la mort. Il en est péri aux environs de 5,000. Il a détruit leurs remparts, et fait périr tout ce qui s'y trouvait ; c'est l'ouvrage de Dieu qui dit aux choses d'être, et elles sont. Il a épargné les Égyptiens qui s'y sont trouvés, les a honorés, nourris et vêtus. Il les a embarqués sur des bâtimens pour les reconduire dans leur patrie, les a fait escorter, craignant que les Arabes ne leur nuisissent, et les a comblés de biens. Il se trouvait à Jaffa environ 5,000 hommes de troupes de Djezzar; il les a tous détruits. Bien peu se sont sauvés par la fuite. De Jaffa,'il se porta à la montagne de Naplous, détruisit ce qui s'y trouva de troupes de Djezzar dans un endroit appelé Qaqoûn, et brûla cinq villages de la montagne. Ce qui était dans les des

tins a eu lieu le maître de l'univers agit toujours avec la même justice. Ensuite, il a détruit les murs d'Acre, le château de Djezzar qui était très-fort; il n'a pas laissé à Acre pierre sur pierre, et en a fait un tas de décombres, au point que l'on demande s'il a existé une ville dans ce lieu, où on était resté environ 20 ans pour la bâtir. Il y vexait les habitans et les créatures : voilà la fin des édifices des tyrans. Lorsque sont venus à lui les partisans de Djezzar, de tous côtés il les a complètement battus, et n'en a laissé échapper aucun ; il est tombé sur eux comme la foudre du ciel, et ils ont eu ce qu'ils méritaient. Il est retourné ensuite en Egypte pour deux motifs : le premier, pour tenir la promesse qu'il avait faite anx Égyptiens, de retourner à eux dans quatre mois, et ses promesses sont des engagemens sacrés; le second, c'est qu'il a appris que divers mauvais sujets mamlouks et arabes semaient le trouble et la sédition pendant son absence, dans les diverses provinces et villages : son arrivée les a tous dissipés comme des nuages aux premiers rayons du soleil et pendant le jour; toute son ambition est toujours la destruction des méchans, et son envie de faire le bien aux bons. Son amour pour le Kaire, l'Égypte, son fleuve, ses productions et ses beautés, le porte à vouloir qu'ils prospèrent jusqu'au jugement dernier. Il a amené avec lui quantité de prisonniers, de drapeaux et de canons qu'il a pris sur l'ennemi : toutes les peines sont pour ceux qui lui sont contraires, et le bonheur sera le partage de ceux qui lui sont unis. Retournez donc, créatures de Dieu, vers Dieu; soumettez-vous à ses ordres, la terre lui appartient; suivez ses volontés, et sachez qu'il dispose de la puissance et la donne à qui il veut ; c'est ce qu'il nous a ordonné de croire. Ne soyez pas l'occasion de l'effusion de votre sang; ne faites pas trafic du malheur de vos familles et de vos enfans. N'écoutez pas les propos des Mamlouks fuyards; ne marchez pas sur les traces des pervers; ne marchez pas dans de mauvaises intentions; n'écoutez pas ceux qui vous disent que détruire les Français est une œuvre ordonnée par votre religion : c'est le contraire; ces conseils ne peuvent que vous conduire à votre abaissement, et entraîner la destruction des vrais croyans, grands et pe

tits. Les Mamlouks et les Arabes vous égarent pour vous piller, et, lorsqu'ils voient venir les Français, ils fuient comme s'ils voyaient le diable, vous abandonnant à la colère des soldats; ce qui est déjà arrivé plusieurs fois. Dieu nous suffit, et il nous suffit pour punir les méchans. Lorsque le général en chef est arrivé au Kaire, il a fait connaître aux membres du divan, qu'il aime les Musulmans, qu'il chérit le prophète auquel s'adresse le salut, qu'il s'instruit dans le Koran, qu'il le lit tous les jours avec attention : il a ordonné l'entretien de tout le nécessaire des mosquées, le recouvrement de toutes les fondations et leur application ; il a conservé tous les droits des odjaklis, et s'est occupé du bonheur du peuple ; voyez cette source de biens; elle sera complétée par le créateur. Nous savons qu'il est dans l'intention de bâtir une mosquée qui n'aura point d'égale au monde, et d'embrasser la religion musulmane,

Signés les cheyks EL-BEKRY, EL-CHERQAOUI,
EL-MOHDY, EL-SAOUY, EL-FAYOUMY.

ALY-KETKODA, SEÏD-ACHMED-ELMAHROUQY, YOUSEF-BACH-TCHAOUYCH,

Membres du Divan.

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