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Tortone sont bloquées. J'ai lieu d'espérer que la première de ces villes tiendra jusqu'à la fin de novembre. J'ai l'espérance, si la fortune me sourit, d'arriver en Europe avant le commencement d'octobre.

Vous trouverez ci-joint un chiffre pour correspondre avec le gouvernement, et un autre chiffre pour correspondre avec moi.

Je vous prie de faire partir, dans le courant d'octobre, Junot, ainsi que mes domestiques, et tous les effets que j'ai laissés au Kaire; cependant, je ne trouverai pas mauvais que vous engagiez à votre service ceux de mes domestiques qui vous conviendraient.

L'intention du gouvernement est que le général Desaix parte pour l'Europe dans le courant de novembre, à moins d'événemens majeurs '.

La commission des arts passera en France sur un parlementaire que vous demanderez à cet effet, conformément au cartel d'échange, dans le courant de novembre, immédiatement après qu'elle aura achevé sa mission. Elle est maintenant occupée à voir la Haute-Égypte; cependant ceux de ses membres que vous jugerez pouvoir vous être utiles, vous les mettrez en réquisition sans difficulté.

'Le gouvernement n'avait pas manifesté cette intention. C'était une supposition faite dans l'intérêt de la France et dans celui de Desaix pour lequel Bonaparte avait autant d'amitié que d'estime.

Desaix était dans le secret du départ du général en chef ainsi qu'on le voit par ce qu'il répondit à Bonaparte, en apprenant les revers des armées françaises en Europe, après son retour d'Alexandrie au Kaire.

L'effendi fait prisonnier à Abouqyr est parti pour se rendre à Damiette; je vous ai écrit de l'envoyer à Chypre; il est porteur, pour le grandvisir, d'une lettre dont vous trouverez ci-joint la copie.

L'arrivée de notre escadre de Brest à Toulon, et de l'escadre espagnole à Carthagène, ne laisse plus de doutes sur la possibilité de faire passer en Égypte les fusils, les sabres, les pistolets, fers coulés, dont vous pourriez avoir besoin, et dont j'ai l'état le plus exact, avec une quantité de recrues suffisante pour réparer les pertes de deux campagnes.

Le gouvernement vous fera connaître alors luimême ses intentions, et moi, comme homme public et comme particulier, je prendrai des mesures pour vous faire avoir fréquemment des nouvelles. Si, par des événemens incalculables, toutes les tentatives étaient infructueuses, et qu'au mois de mai vous n'ayez reçu aucun secours ni nouvelles de France, et si, malgré toutes les précautions, la peste était en Égypte cette année, et vous tuait 1,500 soldats, perte considérable, puisqu'elle serait en sus de celles que les événemens de la guerre vous occasioneront journellement, je pense que, dans ce cas, vous ne devez pas hasarder de soutenir la campagne, et que vous êtes autorisé à conclure la paix avec la Porte-Ottomane, quand même la condition principale serait l'évacuation de l'Égypte. Il faudrait seulement éloigner l'exécution de cette condition, si cela était possible, jusqu'à la paix générale.

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Vous savez apprécier aussi bien que moi combien la possession de l'Égypte est importante à la France cet empire turc qui menace ruine de tous côtés, s'écroule aujourd'hui, et l'évacuation de l'Égypte serait un malheur d'autant plus grand que nous verrions de nos jours cette belle province passer en d'autres mains européennes.

Les nouvelles des succès ou des revers qu'aura la République doivent aussi puissamment entrer dans vos calculs.

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Si la Porte répondait, avant que vous eussiez reçu des nouvelles de France aux ouvertures de paix que je lui ai faites, vous devez déclarer que vous avez tous les pouvoirs que j'avais, et entamer les négociations; persistant toujours dans l'assertion que j'ai avancée que l'intention de la France n'a jamais été d'enlever l'Égypte à la Porte; demander que la Porte sorte de la coalisation, et nous accorde le commerce de la Mer-Noire; qu'elle mette en liberté les Français prisonniers ; et, enfin, six mois de suspension d'armes, afin que, pendant ce temps-là, l'échange des ratifications puisse avoir lieu. Supposant que les circonstances soient telles que vous croyiez devoir conclure ce traité avec la Porte, vous ferez sentir que vous ne pouvez pas le mettre à exécution qu'il ne soit ratifié, et, selon l'usage de toutes les nations, l'intervalle entre la signature d'un traité et sa ratification doit toujours être une suspension

d'armes.

Vous connaissez, citoyen général, quelle est ma manière de voir sur la politique intérieure de

F'Égypte. Quelque chose que vous fassiez, les chrétiens seront toujours pour nous. Il faut les empêcher d'être trop insolens, afin que les Turcs n'aient pas contre nous le même fanatisme que contre les chrétiens, ce qui nous les rendrait irréconciliables. Il faut endormir le fanatisme en attendant qu'on puisse le déraciner. En captivant l'opinion des grands cheyks. du Kaire, on a l'opinion de toute l'Égypte; et de tous les chefs

que

ce peuple peut avoir, il n'y en a aucun de moins dangereux que des cheyks qui sont peureux, ne savent pas se battre, et qui, comme tous les prétres, inspirent le fanatisme sans être fanatiques.

Quant aux fortifications d'Alexandrie et d'ElArych, voilà les deux clefs de l'Égypte. J'avais le projet de faire établir cet hiver des redoutes de palmiers, deux depuis Salhieh jusqu'à Qatieh, et deux de Qatieh à El-Arych; une de ces der nières se serait trouvée dans l'endroit où le général Menou a trouvé de l'eau potable.

Le général de brigade Samson, commandant le génie; le général Songis, commandant l'artillerie, vous mettront au fait, chacun de ce qui regarde sa partie. Le citoyen Poussielgue a été exclusivement chargé des finances. Je l'ai reconnu travailleur et homme de mérite; il commence à avoir quelques renseignemens sur l'administration du pays. J'avais le projet, si aucun événement ne survenait, de chercher les moyens d'établir cet hiver un nouveau système d'impositions qui aurait

peu près permis de se passer des Cophtes; cependant, avant de l'entreprendre, je vous cons

seille d'y réfléchir longtemps. Il vaut mieux entreprendre un peu plus tard qu'un peu trop tôt.

Des vaisseaux de guerre paraîtront indubitablement cet hiver à Alexandrie, ou à Burlos, ou à Damiette. Faites construire une tour ou une batterie à Burlos. Tâchez de réunir 5 à 600 Mamlouks, que, lorsque les vaisseaux français seront arrivés, vous ferez arrêter dans un jour au Kaire, ou dans d'autres provinces, et embarquer pour la France. A défaut de Mamlouks, des otages arabes, des cheyks El-Beled ', qui, pour une raison quelconque, seront arrêtés, pourront y suppléer. Ces individus, transportés en France, y seront retenus un où deux ans, verront la grandeur de la nation, prendront une idée de nos moeurs et de notre langue, et, de retour en Égypte, y formeront autant de partisans.

J'avais déjà demandé une troupe de comédiens ; je prendrai un soin particulier de vous en envoyer. Cet article est important pour l'armée, et pour commencer à changer les moeurs du pays.

La place importante que vous allez occuper en chef va vous mettre à même de déployer les talens que la nature vous a donnés. L'intérêt de ce qui se passe est vif, et les résultats en seront immenses sur le commerce et la civilisation : se sera l'époque d'où dateront de grandes révolutions.

Accoutumé à ne voir la récompense des peines et des travaux de la vie que dans l'opinion de la

Cheyk El-Beled, signific cheyk de l'endroit. C'est, pour ainsi dire, le maire d'un village arabe.

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