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tout ce qui pourrait être favorable à l'empire ottoman, et le mettre à l'abri de ses ennemis ; mais que le préliminaire à toute négociation, comme à tout accommodement, était un firman qui fìt relâcher les Français, partout où on les avait arrêtés, surtout en Syrie ;

De dire et de faire tout ce qui pourrait convenir pour obtenir cet élargissement; de déclarer que, dans le cas contraire, il ne répondait pas que le général en chef n'envahît la Syrie ; et dans le cas où on voudrait le retenir, que, si sous tant de jours, le général en chef ne le voyait pas revenir, il pourrait se porter à une invasion.

Enfin, le but de sa mission était d'arriver à Constantinople, d'y demeurer, de voir le ministre de France sept à huit jours, et de retourner avec des notions exactes sur la position actuelle de la politique et de la guerre de l'empire ottoman. Il lui était recommandé d'expédier de Constantinople une estafette à Paris, par Vienne, avec tous les renseignemens qui pourraient être nécessaires au gouvernement, et de lui faire passer des relations et imprimés de l'armée d'Égypte ;

Si la Porte n'avait point déclaré la guerre, de paraître à Constantinople comme pour demander qu'on relâchât le consul français, et qu'on laissât libre le commerce entre l'Égypte et l'empire ot

toman;

Si la porte avait déclaré la guerre et fait arrêter le ministre, de lui dire que le général en chef lui renvoyait sa caravelle, comme une preuve du désir qu'avait le gouvernement français de voir se

renouveler la bonne intelligence entre les deux États;

De faire enfin plusieurs notes pour détruire ce que l'Angleterre et la Russie pourraient avoir imaginé contre la France, et de revenir '.

Le général en chef remit à Beauchamp les deux lettres suivantes :

Au grand-visir,

« J'ai écrit plusieurs fois à votre excellence pour lui faire connaître les intentions du gouvernement français, de continuer à vivre en bonne intelligence avec la Sublime-Porte. Je prends aujourd'hui le parti de vous en donner une nouvelle preuve, en vous expédiant la caravelle du grandseigneur, et le citoyen Beauchamp, consul de la République, homme d'un grand mérite et qui a entièrement ma confiance.

Il fera connaître à votre excellence que la Porte n'a point de plus véritable amie que la République Française, comme elle n'aurait point d'ennemi plus redoutable, si les intrigues des ennemis de la France parvenaient à avoir le dessus à Constantinople, ce que je ne pense pas, connaissant la sagesse et les lumières de votre excellence.

Je désire que votre excellence retienne le citoyen Beauchamp à Constantinople le moins de temps possible, et me le renvoye, pour me faire connaître les intentions de la Porte.

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d'estime et à la haute considération que j'ai pour elle. »

Au citoyen Talleyrand, ambassadeur à Constantinople.

« Je vous ai écrit plusieurs fois, citoyen ministre ; j'ignore si mes lettres vous sont parvenues ; je n'en ai point reçu de vous.

J'expédie à Constantinople le citoyen Beauchamp, consul à Mascate, pour vous faire connaître notre position, qui est extrêmement satisfaisante, et pour, de concert avec vous, demander qu'on mette en liberté tous les Français arrêtés dans les échelles du Levant, et détruire les intrigues de la Russie et de l'Angleterre.

Le citoyen Beauchamp vous donnera de vive voix tous les détails et toutes les nouvelles qui pourraient vous intéresser.

Je désire qu'il ne reste à Constantinople que sept à huit jours, '. »>

Beauchamp fut enlevé par les Anglais, et livré à la Porte comme espion. Ce savant astronome, alors consul à Mascate, n'échappa à la mort que par l'intercession de quelques personnages diplomatiques. Il fut détenu dans un château fort, sur les bords de la Mer-Noire, et ne recouvra sa liberté, en 1801, que pour venir mourir à Nice, au moment où il allait rentrer dans sa patrie.

Ainsi, à cette époque (21 frimaire an 7), Bonaparte était encore dans la persuasion que, suivant

Lettres du 21 frimaire.

ce qu'il avait été convenu entre lui et le Directoire, un ambassadeur avait été envoyé à Constantinople, et que cet ambassadeur était Talleyrand. Mais toutes ces illusions ne durèrent pas longtemps; et à compter aussi de cette époque Bonaparte renonça à toute négociation qui aurait pu avoir pour objet de prévenir une rupture de la part de la Porte.

Jetons un coup-d'œil sur la situation politique de la France envers cette puissance, et sur les causes qui l'entraînèrent à la guerre.

Nous avons dit que Bonaparte était parti pour l'expédition, dans la confiance que Talleyrand irait, comme ambassadeur, à Constantinople; mais que ce ministre s'était déchargé de cette mission sur Descorches.

A la nouvelle de l'entrée de l'armée française au Kaire, le Directoire l'annonça par un message au Corps législatif (28 fructidor).

<«< La nation française, y était-il dit, la Porte ottomane elle-même, et les peuples opprimés de ce pays superbe et malheureux ont enfin des vengeurs. Cet événement mémorable était entrevu par un petit nombre d'hommes à qui les idées glorieusement utiles sont familières; mais on s'était trop occupé à le ranger parmi les idées chimériques. Il était réservé à la France-République de réaliser ce nouveau prodige. »

Le Directoire retraçait les causes qui avaient préparé cette expédition et qui devaient en con sacrer le succès.

D'abord les odieuses vexations dont les beys

et leurs Mamlouks, ces esclaves dominateurs de l'Égypte, accablaient, à l'instigation de l'Angleterre, depuis près de 40 ans, mais surtout depuis que la France s'était constituée en république, les Français établis dans ces contrées sur la foi des traités passés avec la Porte.

Les vaines réclamations faites par la France auprès de la Porte pour réprimer ces insultes et ces excès ne laissaient pas d'autre ressource à la France que de se rendre justice elle-même et par

ses armes.

Répondant d'avance à l'objection qu'aucune déclaration de guerre n'avait précédé cette expédition: « à qui donc eût-elle été faite? demandait le Directoire. A la Porte ottomane? Nous étions loin de vouloir attaquer cette ancienne alliée de la France, et de lui imputer une oppression dont elle était la première victime: au gouvernement isolé des beys? Une telle autorité n'était et ne pouvait pas être reconnue. On châtie des brigands, on ne leur déclare pas la guerre. Et aussi, en attaquant les beys, n'était-ce donc pas l'Angleterre que nous allions réellement combattre ?

C'est donc avec surabondance de droit que la République s'est mise en position d'obtenir promptement les immenses réparations qui lui étaient due's par les usurpateurs de l'Égypte. Mais elle ne voulait point n'avoir vaincu que pour ellemème: l'Égypte était opprimée par des brigands; les Égyptiens seront vengés, et le cultivateur de ces fécondes contrées, jouira enfin du produit de ses sueurs, qu'on lui ravissait avec la plus

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