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des Turcs à Abouqyr avait fait mettre à la voile. Il annonça à Kléber qu'un bataillon de la 25°. était parti pour le rejoindre; qu'il lui envoyait la demigalère l'Amoureuse, et le chef de bataillon Rutty pour commander l'artillerie; qu'il pouvait disposer du général Vial qui était dans le Garbyeh avec un bataillon de la 32°. et une pièce de canon; que dès que la cavalerie qui était à Alexandrie, et qui arrivait à l'instant, se serait reposée un jour, il la ferait partir, si cela était nécessaire; qu'il espérait recevoir le lendemain des renseignemens positifs sur cette flotte; qu'il n'était en peine de rien si elle mettait, comme à Abouqyr, trois jours à débarquer; qu'il ne doutait pas que Kléber n'eût eu le temps de réunir sa division et se mettre bien en mesure. Ce fut une fausse alerte.

Les dépenses extraordinaires occasionées par l'établissement de l'armée en Égypte, par la nécessité de pourvoir à ses besoins de toute espèce, par les travaux des fortifications, la , par campagne de Syrie, loin de permettre de thésauriser, avaient consommé par anticipation une partie des ressources; il y il y avait donc pénurie dans les finances. Elles se ressentaient aussi du relâchement et des abus qui s'étaient introduits dans l'administration, pendant qu'absent du Kaire Bonaparte marchait à la tête de son armée. Maintenant, il s'industriait de toutes les manières pour faire de l'argent; il pressait, il activait les rentrées de l'arriéré; il faisait des emprunts aux Turcs, aux juifs, aux Cophtes; il stimulait le zèle des administrateurs, il luttait de toutes ses forces contre les résis

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tances. Les cheyks El-Beled de plusieurs villages en retard de payer les impôts étaient détenus à la citadelle; le général en chef écrivait au général Dugua : « Demandez-leur pourquoi ils ne paient pas. Vous leur ferez connaître que si d'ici au 1. fructidor ils ne se sont pas acquittés, ils paieront un tiers de plus, et que si d'ici au 10 ils n'ont pas payé ce tiers et le capital, ils auront le cou coupé ».

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Malgré les dépenses considérables qui avaient déjà été faites pour le système de défense, il était encore loin d'être complet. Le général du génie Samson demandait pour les travaux de la direction du Kaire, pendant le mois de fructidor, une somme de 115,000 francs.

Le général en chef ordonna la réunion des administrations des subsistances et des transports, la réduction du nombre des employés de toutes les administrations civiles et militaires, de leurs traitemens, et l'incorporation des employés réformés dans les cadres de la cavalerie ou de l'infanterie, à leur choix.

· Maroc

Bonaparte profita du retour de la caravane de pour écrire au roi qu'il l'avait protégée et bien accueillie, et lui recommander de bien traiter les Français qui étaient dans ses États ou que le commerce pourrait y appeler 3.

La fête du prophète fut célébrée au Kaire avec

'Lettre de Bonaparte à Poussielgue, du 25 thermidor.

⚫ Lettre du 25 thermidor.

3 Lettre du 28.

la plus grande pompe. Le général en chef, pour prouver aux habitans qu'il ne cessait de respecter leur croyance et leur religion, donna à cette fête beaucoup plus d'éclat qu'elle n'en avait encore eu, Les principaux prisonniers turcs, de la bataille d'Abouqyr, y étaient présens. Probablement cette circonstance contribua beaucoup à l'appareil que le général déploya dans cette fête, afin de faire publier dans tout l'empire ottoman sa vénération pour le prophète, et de dissiper toutes les préventions des Musulmans.

Le soir, toutes les troupes, éclairées par une grande quantité de flambeaux, allèrent rendre visite au cheyk El-Bekry. Le général en chef avait dîné chez ce cheyk avec Mustapha-Pacha et les principaux officiers faits prisonniers à la bataille d'Abouqyr. Il assista à la lecture de' différens poëmes arabes en l'honneur du prophète. Ensuite, au milieu des grands cheyks, il fit faire la prière et réciter la généalogie du prophète. Le pacha et tous les prisonniers turcs ne revenaient pas de surprise, en voyant le respect que les Français avaient pour l'islamisme et la loi du prophète.

Bonaparte s'occupa de l'habillement de l'armée pour l'an vIII. La quantité d'habits dont il ordonna la délivrance peut faire connaître le nombre approximatif d'hommes dont était composée l'armée. Il assigna aux différens corps d'infanterie 32,200 habits, promit des supplémens aux corps qui n'auraient point assez reçu, arrêta que les hommes qui avaient été habillés en l'an vi ne le

seraient pas en l'an vIII. Il demanda à l'ordonnateur en chef un rapport particulier sur l'habillement de la cavalerie. Le drap bleu était rare; cette couleur fut réservée pour l'artillerie et les sapeurs; le drap vert pour la cavalerie, et le rouge, noir, gris, puce, etc., furent donnés aux brigades d'infanterie. Quelle que fût la couleur de l'uniforme, il fut prescrit d'y faire trouver les trois couleurs nationales. Pour l'infanterie, l'uniforme était un habit-veste, un gilet de basin croisé, un pantalon en toile forte écrue pour l'infanterie de ligne, et gros bleu pour l'infanterie légère, l'artillerie et le génie. Les dragons avaient le gilet en basin rayé, le pantalon en drap. L'habit, le gilet et le pantalon de l'artillerie à cheval et des chasseurs et hussards étaient en drap. Chaque cavalier recevait par année une paire de souliers et une paire de bottes ; chaque fantassin une paire de souliers tous les trois mois; l'infanterie portait des casquettes.

Une compagnie de négocians toscans et impériaux avait à Alexandrie et à Rosette une grande quantité de draps qu'elle avait accaparés. Bonaparte voulut leur en acheter 24,000 aunes, à raison de 20 francs l'aune, payables moitié en argent et moitié en riz ou blé. Ils refusèrent, espérant faire la loi, parce qu'ils n'avaient pas de concurrens. Il chargea Marmont de réunir ces négocians chez lui; de leur faire connaître que la guerre avait été déclarée par la République à l'empereur et au grand-duc de Toscane; que les lois constantes de tous les pays autorisaient le général en

CHAP. XV. 427 chef à confisquer leurs bâtimens et à mettre les scellés sur leurs magasins; que cependant il voulait bien leur accorder une faveur particulière et ne point les comprendre dans cette mesure générale; mais qu'il avait besoin de 24,000 aunes de drap pour habiller l'armée; qu'ils eussent à les consigner de suite, soit à Alexandrie, soit à Rosette, au commissaire des guerres qui les ferait passer en toute diligence au Kaire; qu'elles y seraient estimées et payées au maximum de 18 francs l'aune; qu'un de ces négocians, chargé de pouvoirs des autres, se rendît au Kaire pour conférer avec l'ordonnateur en chef, et s'arranger pour le mode de paiement. « Si, au lieu de se prêter de bonne grâce à cette mesure, ajoutait Bonaparte, ces messieurs faisaient les récalcitrans, le scellé sera apposé sur leurs effets, papiers et maisons; ils seront mis dans une maison de sûreté ; vous ferez abattre les armes de l'empereur et celles de Toscane, et vous en donnerez avis à l'ordonnateur de la marine pour qu'il confisque tous les bâtimens appartenant aux Impériaux, Toscans et Napolitains je préfère la première mesure à la seconde 1. » Depuis son entrée en Égypte, le général en chef n'avait point cessé de s'occuper des sciences et des arts. Ce grand objet était toujours présent à sa pensée, avant ou après la victoire, soit qu'il dirigeât les opérations militaires, soit qu'il méditat des mesures administratives et politiques.

Lettre du 30 thermidor.

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