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mée était arriérée de sept mois. « C'est, lui écrivit Bonaparte, n'avoir ni zèle pour la chose publique, ni considération pour moi, que de ne voir, surtout dans une opération de cette espèce, que le point où l'on se trouve. » Il lui rappela les principes de la comptabilité d'après lesquels toutes les recettes devaient être versées dans la caisse du payeur-général, pour n'en sortir que par l'ordre du général en chef. Il le blâma d'avoir appliqué aux besoins de sa division les fonds des provinces de Fayoum, de Girgeh et Beny-Soueyf, dont l'administration ne lui avait jamais été confiée, et lui défendit de s'en mêler d'aucune manière. Enfin il rappela au général Zayonschek que, pour l'administration de sa province, il n'était en rien soumis au général Desaix; le blåma de lui avoir laissé prendre de l'argent, et lui ordonna de regarder comme nuls tous les ordres qu'il donnerait à ce sujet.

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Bonaparte reçut alors la relation de la campade la Haute- Égypte qu'il avait demandée à Desaix. Il rappelait les services distingués des généraux Friant, Davoust et Belliard, et des chefs de corps, le dévoûment, la constance et le rare courage des officiers subalternes, et la bravoure de ses intrépides soldats. Il recommandait particulièrement au général en chef le frère du malheureux Morandi, commandant la djerme l'Italie; il demandait des grenades en or, pour le maré

Lettre du 24 thermidor. ⚫ Lettre du 30.

chal-des-logis d'artillerie à cheval Rousseau qui avait pointé presque toutes les pièces aux batailles de Sédiman et de Samhoud, et pour le caporal de grenadiers de la 61*., Lainault, qui s'était signalé dans toutes les affaires et surtout au combat de Qéné.

Bonaparte, pour effacer l'impression pénible qu'avaient dû faire ses reproches sur Desaix, lui écrivit deux jours après : « Je vous envoie un sabre d'un très-beau travail, sur lequel j'ai fait graver: Conquête de la Haute-Égypte ; elle est due à vos bonnes dispositions et à votre constance dans les fatigues. Voyez-y, je vous prie, une preuve de mon estime et de la bonne amitié que je vous ai vouée». Il avait déjà témoigné sa satisfaction à Desaix en lui faisant présent d'un poignard enrichi de diamans, sur lequel était gravée cette inscription: Prise de Malte.-Bataille de Chebreïs. -Bataille des Pyramides.

Le général en chef considérait que la conquête de la Haute-Égypte ne serait réellement terminée que lorsque Mourad-Bey serait détruit. Il était devenu si petit qu'il ne doutait pas que Desaix, avec quelques centaines d'hommes montés sur des chameaux, ne le poussât dans le désert et n'en vint à bout. Dès que ce but serait atteint, il comptait faire relever toutes les troupes de la HauteÉgypte qui lui seraient ailleurs nécessaires, s'il arrivait quelque événement sur la côte ou sur la frontière de Syrie. Cependant, il n'avait pas

'Lettre du 26 thermidor.

pour le moment d'inquiétude sérieuse. Il ne croyait pas que l'ennemi fût en état de faire quelque entreprise. Ibrahim-Bey n'avait que 250 Mamlouks à cheval et 150 à pied, 500 cavaliers et 600 fantassins de Djezzar; Elfy-Bey n'avait que So Mam

louks.

Dès que l'inondation aurait un peu couvert l'Égypte, Bonaparte comptait envoyer le général Davoust avec un corps de cavalerie et d'infanterie pour commander les provinces de Fayoum, Beny-Soueyf et Girgeh; il recommandait à Desaix d'y laisser des corps de troupes, de s'arranger de manière à ce qu'il fût maître de ne laisser qu'une centaine d'hommes à Qosseïr; à ce que Qéné contint tous ses embarras, et à ce qu'il pût, en cas d'invasion sérieuse, rapidement et successivement replier toutes ses troupes sur le Kaire, de faire filer sur cette ville toutes les carcasses de barques, avisos ou bricks, appartenant aux MamJouks, pour être employées à la défense des bouches du Nil.

Il paraît que Desaix proposa de traiter avec Mourad-Bey. Bonaparte lui répondit : « Je vous laisse le maître de lui accorder toutes les conditions de paix que vous croirez utiles. Je lui donnerai son ancienne ferme près de Gizeh; mais il ne pourrait avoir avec lui plus de 10 hommes armés si vous pouviez nous en débarrassér, cela vaudrait beaucoup mieux que tous ces arrange

mens' ».

Lettre du 28 thermidor.

Mais, quoique abandonné de toutes parts, Mourad-Bey ne perdait point courage. Les Anglais lui avaient fait espérer des secours par la MerRouge. Le 21 thermidor, après avoir reparu au, dessous de Syout, il remonta vers Girgel; mais bientôt, poursuivi par le chef de brigade Morand, il fut obligé de s'enfuir, en perdant quelques Mamlouks, un kachef et 20 chameaux. Surpris dans la nuit du 24, près de Samhoud, il y perdit encore un bon nombre de Mamlouks, 200 chameaux chargés, une grande quantité d'armes, et n'échappa lui-même qu'à la faveur de l'obscurité à la poursuite d'un détachement du 20. régiment de dragons. « Je ne sais ce qu'il est devenu, écrivit Desaix. J'espère qu'il n'échappera pas aux troupes qui le guettent de toutes parts; il faut bien qu'il finisse. »

Deux frégates anglaises parurent devant Qosseïr quelques jours après (le 27), ne cessèrent de canonner le fort et la ville pendant 64 heures, et disparurent après avoir vainement tenté quatre fois de débarquer les troupes qu'elles avaient à bord, laissant des morts et des blessés et une pièce de canon.

Le général en chef envoya à Rosette deux demigalères et la chaloupe canonnière la Victoire pour concourir à la défense du Bogaz, afin qu'on fût en mesure si Sidney Smith, ce qu'il ne croyait pas, voulait tenter quelque chose avec ses chaloupes canonnières; « car, écrivait-il à Marmont, cet homme est capable de toutes les folies ».

Comme il se trouvait un grand nombre de bátimens réunis pour la défense du Bogaz, et que, vu la faiblesse de la garnison de Rosette, la sûreté de l'embouchure du Nil était spécialement confiée à cette flottille, il recommandait à Marmont d'en donner le commandement à un officier qui fût un homme de tête '.

Le général Vaux ne pouvait se rétablir des blessures qu'il avait reçues à Saint-Jean-d'Acre; Bonaparte lui écrivit cette lettre peu importante pour l'histoire, mais vraî brevet d'honneur pour celui à qui elle était adressée : « Je suis trèspeiné d'apprendre que vos blessures vont mal; je vous engage à passer le plus tôt possible en France; je donne tous les ordres que vous désirez pour vous en faciliter les moyens; j'écris au gouvernement conformément à vos désirs: vous avez été blessé au poste d'un brave qui veut redonner de l'élan à des troupes qu'il voit chanceler. Vous ne pouvez pas douter que, dans toutes les circonstances, je ne prenne le plus vif intérêt à ce qui vous regarde ».

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Le 26 thermidor, des vaisseaux ennemis parurent devant Damiette. Kléber en informa aussitôt le général en chef. Celui-ci pensa que c'étaient des bâtimens de l'escadre d'Abouqyr qui venaient faire de l'eau au Bogaz, ou des bâtimens mouillés à Alexandrie, et que le bruit des premiers succès

! Lettre du 25 thermidor.

"Lettre du 26.

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