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pha-Pacha pour le faire prisonnier. Le pacha alla fièrement à sa rencontre et lui tira un coup de pistolet dont la balle l'atteignit au-dessous de la mâchoire inférieure. Murat, d'un coup de sabre, lui abattit deux doigts de la main droite et le fit saisir par ses soldats. Deux cents Turcs furent faits prisonniers avec lui; il en resta 2,000 sur le champ de bataille; les tentes, les bagages, 200 drapeaux, les 3. queues du pacha, 30 ou 40 pièces de canon, dont 2 anglaises données par la cour de Londres au grand-seigneur, restèrent au pouvoir des Français. Sidney Smith, qui faisait les fonctions de major-général du pacha, et qui avait choisi les positions de l'armée turque, faillit être pris; il eut beaucoup de peine à rejoindre sa chaloupe. L'armée turque fut anéantie; excepté ce qui s'était réfugié dans le fort, il ne se sauva pas un seul homme.

Rampon, avec les 600 hommes qu'il amenait d'Atfyh, ne put prendre part à la bataille, malgré la rapidité de sa marche. Le 8, Reynier n'était encore qu'à Rahmanieh. La division Kléber n'arriva que trois heures après l'entière destruction des Turcs. Mais Kléber ayant de sa personne pris les devants, rejoignit Bonaparte au moment où l'enlèvement de la redoute et la prise de Mustapha-Pacha venaient d'assurer la victoire. Ce général, entraîné par l'enthousiasme que lui inspiraient un aussi beau succès et le spectacle des débris de l'armée turque, cherchant leur salut dans la mer et n'y trouvant que la mort, se jeta

au cou de Bonaparte, en s'écriant: «Venez, mon général, que je vous embrasse! Vous êtes grand comme le monde ! »

Bessières, à la tête des guides, l'adjudant-gé néral de cavalerie Roize et le général Junot se distinguèrent; mais le gain de la bataille fut dû principalement au général Murat. Il en fut récompensé par le grade de général de division'.

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Cette glorieuse journée, « une des plus belles que Bonaparte eût vues >> coûta à l'armée d'Orient 150 hommes tués et 750 blessés 3; mais parmi les morts se trouvaient l'adjudant-général Leturcq et le chef de brigade Duvivier, deux excellens officiers de cavalerie, d'une bravoure à toute épreuve, que le sort de la guerre avait longtemps respectés ; le chef de brigade du génie Crétin, l'officier qui possédait le mieux

'Lettre de Bonaparte au Directoire, du 9 thermidor.

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Lettre de Bonaparte à Dugua, du 9 thermidor.

Bonaparte dit, dans sa lettre au Directoire, 100 hommes tués et 500 blessés; dans ses lettres à Desaix et à Reynier, 100 tués et 400 blessés.

D'après le rapport fait par le chirurgien en chef Larrey au gé

néral en chef:

La bataille seule avait donné, blessés environ..
Reçus depuis..

De ce nombre, blessés mortellement.

Estropiés et incapables de servir, dont 27 amputés

sur le champ de bataille, environ.

Propres à un service sédentaire

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Pouvant reprendre le service actif, environ.

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100

170

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(Rapport de Larrey, corresp. inéd., t. vII, p. 116.

Lettre de Bonaparte au Directoire, du 9 thermidor.

cette science difficile et dans laquelle les moindres fautes ont tant d'influence sur le résultat des campagnes et les destinées des états '; Guibert, neveu de l'officier-général de ce nom, si connu par ses ouvrages de tactique, que nous avons déjà honorablement caractérisé, et pour lequel Bonaparte avait beaucoup d'amitié. Ce fut auprès de lui que cet aide-de-camp fut frappé d'un biscayen qui lui perça la poitrine et dilacéra le poumon. Il vivait encore; le général en chef lui adressa quelques paroles de consolation et ne put tenir à ce spectacle déchirant. Le général Fugières, lorsqu'il eut le bras emporté par un boulet de canon, crut mourir et dit à Bonaparte « Général, vous envierez un jour mon sort, je meurs sur le champ d'honneur 3!». Mais le calme et le sang-froid, premières qualités d'un véritable soldat, concoururent à le sauver; il fut amputé à l'épaule.

Sur le champ de bataille d'Abouqyr, Bonaparte, par l'ordre du jour suivant, décerna à Murat et à sa cavalerie une récompense digne de leur valeur :

'Lettre de Bonaparte au Directoire, du 9 thermidor. • Idem.

3 Idem.

Quelle prophétie! Il l'envia sans doute plus d'une fois dans ses grands revers et dans les angoisses de sa captivité. Il l'enviait, lorsqu'il s'écriait dans sa longue agonie et un mois avant sa mort: « Puisque je devais perdre la vie d'une manière aussi déplorable, pourquoi les boulets l'ont-ils épargnée ? (Antommarchi, tome II, page 78.)

« Le général en chef, voulant donner une marque de satisfaction à la brigade de cavalerie du général Murat, qui s'est couverte de gloire à la bataille d'Abouqyr, ordonne au commandant d'artillerie de remettre à cette brigade les deux pièces anglaises qui avaient été envoyées par la cour de Londres en présent à Constantinople, et qui ont été prises à la bataille. Sur chaque canon, sera gravé le nom des trois régimens qui composaient cette brigade, le 7. de hussards, le 3o, et le 14′′. de dragons, ainsi que le nom du général Murat et celui de l'adjudant-général Roize; il sera écrit sur la volée: Bataille d'Abouqyr *. »

"

Bonaparte honora la mémoire des braves qui avaient péri glorieusement à Abouqyr et sur d'autres champs de bataille. Il avait déjà donné à un fort du Kaire le nom de son aide-de-camp Sulkowsky; au fort de Qéné le nom du chef de brigade Pinon. Il donna à Alexandrie, au forț de l'Observation, le nom du chef de brigade du génie Grétin; au fort triangulaire celui du chef de brigade Duvivier; au fort des Bains, celui de l'adjudant-général Leturcq; à un nouveau fort à construire à Abouqyr celui de son aide-de-camp Guibert; au fort du Général à Alexandrie le nom de Caffarelli,

Le général en chef annonça à l'armée les résultats de la bataille d'Abouqyr par cet ordre du jour :

« Le nom d'Abouqyr était funeste à tout Fran

'Ordre du jour du 9 thermidor.

TOME II. - GUERRE D'ÉGYPTE.

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çais; la journée du 7 thermidor l'a rendu głorieux; la victoire que l'armée vient de remporter accélère son retour en Europe.

Nous avons conquis Mayence et la limite du Rhin, en envahissant une partie de l'Allemagne. Nous venons de reconquérir nos établissemens aux Indes et ceux de nos alliés. Par une seule opération, nous avons remis dans les mains du gouvernement le pouvoir d'obliger l'Angleterre, malgré ses triomphes maritimes, à une paix glorieuse pour la République.

Nous avons beaucoup souffert; nous avons eu à combattre des ennemis de toute espèce; nous en aurons encore à vaincre ; mais enfin, le résultat sera digne de nous et nous méritera la reconnaissance de la patrie'. »

Le jour même où il venait de détruire l'armée turque, Bonaparte, portant ses regards vers les frontières de la Syrie, la Haute-Égypte et l'intérieur de la Basse-Égypte, donnait des ordres pour faire retourner dans leur station la plupart de ses troupes. Il mandait à Desaix, s'il était descendu au Kaire, de retourner le plus tôt possible dans la Haute - Égypte pour y achever la levée des impositions et de 600 dromadaires; à Reynier, de retourner dans le Charqyeh, le prévenant qu'on disait le grand-visir à Damas avec 8,000 hommes, et de ne pas perdre un instant pour lever les impôts avant l'inondation qui s'approchait ;

'Ordre du jour du 14 thermidor.

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