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frontière de Syrie, on ne devait guère compte sur la division de Desaix. Ce général empêchat même Zayonschek et Destrée d'exécuter les ordres directs qu'ils avaient reçus de Bonaparte de lui ame ner des troupes. Rampon était parti de la province d'Atfyh; mais on doutait qu'îl pût arriver à temps.

Le général en chef, résolu d'attaquer l'ennemi pour ne pas lui donner le temps de se fortifier et de recevoir des renforts, ne pouvait donc plus compter sur les troupes en marche à cette époque, et ne devait calculer, pour livrer bataille, que sur celles qu'il avait réunies.

Cependant, à tout événement, il expédia l'ordre formel à Desaix, après avoir laissé Friant à la poursuite de Mourad-Bey, de se porter en personne au Kaire avec sa première colonne, et de se faire remplacer à Beny-Soueyf par la scconde; arrivé au Kaire, de se réunir à ce qui s'y trouvait de la division Reynier, pour se tenir en état de marcher à Ibrahim-Bey, s'il passait le désert sans toucher à El-Arych ni à Qatieh. Quant à la garnison du Kaire, elle trouverait un refuge assuré dans les forts qui contiendraient la ville, quelque événement qui pût arriver '.

L'armée partit, le 4, de Rahmanich, et prit position, le 5, à Berket. Le but de Bonaparte était, dans ce moment, de reconnaître la position de l'ennemi, et de voir s'il était possible de l'atta

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quer et de le culbuter dans la mer. Des sapeurs furent envoyés à Beïdah pour y nettoyer les puits. L'officier du génie Picot se porta en reconnaissance avec 25 dragons et 12 dromadaires; il trouva les Turcs dans le calme le plus parfait.

Au Kaire, on attendait avec impatience quelque chose de positif sur la descente et ses suites. Il ne circulait que des bruits vagues. Le peuple était tranquille; il ne paraissait y avoir d'inquiétude que parmi les chrétiens et les Francs. Les notables, bien informés de l'état des choses, avaient tenu des conciliabules, étaient convenus d'observer la plus parfaite neutralité, et d'empê cher tout mouvement: qui pourrait la violer, ou troubler un moment la tranquillité.

Les lettres de Bonaparte au divan, où il parlait de Russes, avaient inspiré une grande frayeur aux Turcs. Poussielgue lui mandait donc que s'il y en avait dans l'armée débarquée, et que si on pouvait en faire quelques-uns prisonniers on ferait bien de les envoyer de suite au Kaire, et que cela produirait un bon effet. Mais il n'y en avait pas. Dans les provinces de Mansourah et de Qéliou

beh, dès que les troupes s'en étaient retirées, les paysans s'étaient emparés des serafs, leur avaient enlevé les sommes qu'ils avaient, provenant des contributions, et les avaient arrêtés.

Dans l'Atfyh, aussitôt après le départ de Rampon, 300 Mamlouks étaient venus s'y établir pour

Lettre à Desaix, du 4 thermidor.

intercepter les barques chargées de grains, ve nant de la Haute-Égypte.

Ibrahim-Bey, croyant qu'à la nouvelle du débarquement des Turcs, les Français auraient éva cué El-Arych, y envoya un détachement pour s'en emparer; mais il y fut reçu à coups de fusil et de canon, et s'en retourna à Gaza. Il paraît que Djezzar et Ibrahim attendaient, pour entrer en Égypte, que les Turcs débarqués eussent obtenu des succès. Puoi

La caravane des Maugrabins, qui était passée par le Kaire, le 18 germinal, y revenait. Djezzar voulut les arrêter pour les réunir à ses troupes. Als de refusèrent, en disant que leur roi était l'ami des Français; qu'ils n'étaient pas soldats, et qu'ils désiraient retourner dans leur pays. Hs continuè rent donc leur route, et arrivèrent au Kaire.

L'armée partit de Berket dans la nuit du 5. Une division prit position à Kafr-finn, et l'autre à Beidah. Bonaparte, avec le quartier-général, vint à Alexandrie. Il se fit rendre compte de l'état de la place et de la situation de l'ennemi. Il eut, dit-on, une vive explication avec Marmont, auquel il reprocha de ne s'être point opposé au débarquement, et d'avoir laissé sacrifier la brave garnison d'Abouqyr. Marmont répétant, pour se justifier, ce qu'il avait déjà écrit, que les Turcs étaient débarqués au nombre de 15,000, tandis qu'il n'avait que 1,200 hommes; « Eh! avec vos 1,200 hommes, lui répondit Bonaparte, je serais allé jusqu'à Constantinople! » D'ailleurs, les Turcs

n'étaient pas tous débarqués quand ils prirent la rédoute; ils n'avaient pas d'établissemens à terre ; en rase campagne, ce n'étaient pas des adver-saires très-redoutables; en cas de revers, la retraite était toujours facile, les Turcs n'ayant pas de cavalerie.

Bonaparte fit partir les trois bataillons de la garnison d'Alexandrie, aux ordres du général Destaing, pour aller reconnaître l'ennemi, prendre position au puits, situé à moitié chemin de l'isthme, et le faire nettoyer.

Si l'ennemi était bien établi, Bonaparte se proposait de prendre une position parallèle, appuyant sa droite au lac Madieh, sa gauche à la mer, de s'y fortifier par des redoutes, de tenir ainsi l'ennemi bloqué sur la presqu'île, de lui couper toute communication avec l'intérieur, et d'attendre, pour attaquer, l'arrivée des troupes qui étaient en marche.

Le 6, après avoir employé une partie de la matinée à visiter les fortifications d'Alexandrie, Bonaparte se rendit au puits; il y fut rejoint par toutes les troupes qui étaient à Berket, au nombre d'environ 6,000 hommes. Il y reçut des nouvelles de la marche du général Kléber, qui espérait le rejoindre dans la journée du lendemain avec deux bataillons, un de la 2°. et l'autre de la 75°.

Les Turcs n'ayant point de cavalerie pour s'éclairer, on espérait les surprendre; mais une compagnie de sapeurs, partie le 6 fort tard d'Alexandrie, dépassa les feux de l'armée française

et tomba dans ceux de l'armée turque. Les sa peurs se sauvèrent, excepté dix par lesquels les Turcs apprirent la présence des Français. Ils passèrent la nuit à faire leurs dispositions pour résister à une attaque.

· Le général en chef changea alors son premier plan et résolut d'attaquer, sinon pour s'emparer de toute la presqu'ile, du moins pour obliger l'ennemi à reployer sa première ligne derrière la seconde, ce qui permettait aux Français d'occuper la position de cette première ligne et de s'y retrancher. L'armée turque étant ainsi resserrée, il devenait facile de l'écraser de bombes, d'obus et de boulets.

Mustapha-Pacha avait sa première ligne appuyée à droite et à gauche sur deux monticules de sable, l'un dominant le lac Madieh, et l'autre tenant à la mer. Il y avait 3 à 4,000 hommes avec du canon.

La seconde ligne de l'ennemi, à 5 ou 600 toises de la première, était dans une position formidable. Là, l'isthme est extrêmement étroit et n'a pas plus de 400 toises. Son centre était à la redoute française dont il s'était emparé en avant du village d'Abouqyr, crénelé et barricadé, qu'il occupait aussi; sa droite était placée derrière un retranchement prolongé depuis la redoute jusqu'à la mer, pendant l'espace de 150 toises; sa gauche, en partant aussi de la redoute, vers la mer, occupait des mamelons et la plage qui se trouvaient à la fois protégés par les feux de la redoute, du fort et de 30 chaloupes canonnières;

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