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avons accordé un pardon général à la province qui est aujourd'hui parfaitement tranquille.

Quatre-vingt bâtimens, petits et gros, se sont présentés pour attaquer Alexandrie; mais, ayant été accueillis par des bombes et des boulets, ils ont été mouiller à Abouqyr où ils commencent à débarquer. Je les laisse faire, parce que mon intention est, lorsqu'ils seront tous débarqués, de les atteindre, de tuer tout ce qui ne voudra pas se rendre, et de laisser la vie aux autres, pour les mener prisonniers, ce qui fera un beau spectacle pour la ville du Kaire. Ce qui avait conduit cette flotte ici, était l'espoir de se réunir aux Mamlouks et aux Arabes, pour piller et dévaster l'Égypte. Il y a sur cette flotte des Russes, qui ont en horreur ceux qui croient à l'unité de Dieu, parce que, selon leurs mensonges, ils croient qu'il y en a trois. Mais ils ne tarderont pas à voir que ce n'est pas le nombre des dieux qui fait la force, et qu'il n'y en a qu'un seul, père de la Victoire, clément et miséricordieux, combattant toujours pour les bons, confondant les projets des méchans, et qui, dans sa sagesse, a décidé que je viendrais en Égypte pour en changer la face, et substituer à un régime dévastateur, un régime d'ordre et de paix. Il donne par là une marque de sa haute puissance; car ce que n'ont jamais pu faire ceux qui croient à trois, nous l'avons fait, nous qui croyons qu'un seul gouverne la nature et l'uni

vers.

Et, quant aux Musulmans qui pourraient se

trouver avec eux, ils seront réprouvés, puisqu'ils se sont alliés, contre l'ordre du prophète, à des puissances infidèles et à des idolâtres. Ils ont donc perdu la protection qui leur aurait été accordée ; ils périront misérablement. Le Musulman qui est embarqué sur un bâtiment où est arborée la croix, celui qui tous les jours entend blasphémer contre le seul Dieu, est pire qu'un infidèle même. Je désire que vous fassiez connaître ces choses aux différens divans de l'Égypte, afin que les malintentionnés ne troublent pas la tranquillité des différentes villes; car ils périront comme Damanhour et tant d'autres qui, par leur mauvaise conduite, ont mérité ma vengeance.

Que le salut de paix soit sur les membres du divan '. »

Les troupes n'arrivaient pas du Kaire et de la Haute-Egypte aussi vite que le désirait Bonaparte. Il pressait le général Dugua d'imprimer à tous les mouvemens l'activité devenue si nécessaire, de faire des revues scrupuleuses, de mettre en route tout ce qui, sous une foule de prétextes, restait en arrière; en ayant soin cependant, pour prévenir tout accident, que les détachemens fussent de 250 à 300 hommes; d'en envoyer journellement et même deux fois par jour. « Vous en sentez, lui écrivait-il, toute l'importance. A chaque heure, il peut y avoir une affaire décisive, et,

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lans le petit nombre de troupes que j'ai, 300 hommes ne sont pas une faible chance ».

Parmi les gens en retard, les drogmans se firent surtout remarquer; ils mauquèrent tous à la fois. « Ces messieurs, écrivit Bonaparte à Dugua, ont probablement assez volé. Faites arrêter le citoyen Bracewich, et en général tous les drogmans des généraux qui sont ici, embarquez-les sur une djerme armée, et envoyez-les à Rahmanieh. »>

Jusque-là, Bonaparte ignorait encore que le fort d'Abouqyr se fût rendu; mais il en était instruit lorsque, le même jour, il écrivit au général Marmont, en lui annonçant un renfort de canons quelques hommes épars de sa garnison, et ce qui, suivant son expression, était plus précieux encore, le chef de brigade d'artillerie Faultrier : « Gardez-vous avec la plus grande vigilance ne dormez que de jour; baraquez vos corps très à portée; faites battre la diane bien avant le jour; exigez qu'aucun officier, surtout officier supérieur, ne se déshabille la nuit; faites battre souvent de nuit l'assemblée ou toute autre sonnerie convenue, pour voir si tout le monde connaît bien le poste qui lui a été désigné. Il doit y avoir à Alexandrie une grande quantité de chiens dont vous pouvez aisément vous servir en en, liant un grand nombre à une petite distance de vos murailles. Relisez avec soin le réglement sur le service des places assiégées : c'est le fruit de l'expérience; il est rempli de bonnes choses.

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L'état-major vous envoie les signaux convenus pour pouvoir communiquer pendant le siége ou le blocus, si le cas arrivait.

Si d'Abouqyr ils vous écrivent pour vous som mer de vous rendre, faites beaucoup d'honnêtetés au parlementaire; faites-leur sentir que l'usage n'est pas de rendre une place avant qu'elle soit investie; que s'ils l'investissent, alors vous pourrez devenir plus traitable; poussez cette négocia tion aussi loin que vous pourrez, car je regarderais comme un grand bonheur, si la facilité avec laquelle ils ont pris Abouqyr, pouvait les porter à vous bloquer ils seraient alors perdus. Sous peu de jours, j'aurai ici un millier d'hommes de cavalerie..

S'ils ne vous font pas de proposition, et que vous ayez une ouverture naturelle de traiter avec eux, vous pourriez les tâter. La transition alors serait de connaître la capitulation d'Abouqyr, les sûretés que l'on a données à la garnison pour passer en France, et si l'on tiendra cette promesse, ce qui, naturellement, vous mène à pouvoir faire sentir que vous les trouvez, très-heureux .. »

Au quartier-général, on n'était pas exactement instruit de la force, de la situation de l'ennemi et surtout de ses desseins. Les renseignemens envoyés d'Alexandrie et de Rosette étaient peu d'accord et très - imparfaits. Marmont évaluait le nombre des Turcs à 18,000 hommes, et l'adjudant-général Jullien à 10,000.

'Lettre du 3 thermidor,

Ils pouvaient être environ 16,000. Ils avaient 30 ou 40 pièces de canon de différens calibres, et environ 2 ou 300 chevaux ou mulets. L'armée était commandée en chef par Mustapha, pacha de Romélie. Il y avait quelques Turcs émigrés d'Alexandrie et de Rosette, et entre autres Osman-Roguey, ex-gouverneur de Rosette. La flotte était de 100 et quelques bâtimens, dont un vaisseau anglais à 2 ponts. Les Turcs se retranchaient, Un jour, leur projet était d'attaquer Alexandrie, et le lendemain Rosette. Ils se plaignaient de ne pas voir accourir les fellah et les Arabes; il n'en était venu que 8 auxquels on avait donné des pelisses. Les Turcs croyaient que l'armée française, rassemblée à Rahmanieh, était de 15,000 hommes, et que Kléber devait en amener autant à Bonaparte. L'intention de l'ennemi paraissait donc être de se fortifier dans la presqu'île en attendant des renforts de l'intérieur ou du dehors.

Quoiqu'il n'eût fait aucune démonstration' propre à donner de l'inquiétude sur Damiette, Kléber mit quelque hésitation dans ses mouvemens pour se rapprocher de la ligne des opérations. Les généraux Reynier et Lagrange n'ayant pas été compris dans les premiers ordres donnés par Bonaparte, ne passèrent la branche de Damiette que du 3 au 4, apportant avec eux 100,000 fr. Dans la Haute-Égypte, le mouvement des troupes se faisait avec une telle lenteur qu'on ne croyait pas qu'il pût être exécuté avant la crue du Nil, de manière que, si des hostilités éclataient sur la

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