Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Murat, déjà posté à Berket avec la 69., la cavalerie, un escadron de dromadaires et de l'artillerie, eut l'ordre de se rendre, dans la nuit du 2 au 3, sur la hauteur d'El-Ouah, pour se mettre, par des détachemens, en communication avec Alexandrie, faire reconnaître l'ennemi à Abouqyr, et pousser des patrouilles sur Belcter et autour du lac Madieh.

Si l'ennemi avait pris Abouqyr, Marmont devait envoyer la cavalerie et les dromadaires à Berket avec 2 pièces de 8 bien approvisionnées, l'intention du général en chef étant, avant d'agir, de réunir toute la cavalerie de l'armée. Si le fort d'Abouqyr tenait encore et qu'il y eût une nécessité imminente de le secourir, Marmont devait partir sur-le-champ, Murat ayant l'ordre de le seconder. Si Abouqyr pouvait attendre jusqu'à ce que le général en chef prit lui-même un parti, il était recommandé à Marmont de lui faire parvenir, le 3 au soir, des nouvelles positives de l'état des choses. Bonaparte n'attendait que ce rapport

viron 25,000 combattans. Il n'y en avait pas le quart à la bataille d'Abouqyr. Kléber n'amena qu'un bataillon de la 2o., un de la 75%. et la 25o. demi-brigade qui ne prirent pas de part à la bataille. Il ne pouvait pas avoir dans sa division 16 à 18,000 hommes. Il est donc probable que Bonaparte voulait donner le change à l'ennemi, dans le cas où, comme il le prévoyait, une des copies de sa lettre tomberait entre ses mains. Il paraît que cette ruse de guerre réussit, puisque le bruit courait au camp des Turcs que Kléber avait 15,000 hommes; on y croyait aussi que Bonaparte en avait autant, ainsi qu'on le voit dans un rapport de Mustapha-Pacha au grand-visir.

et le temps convenable au repos des troupes pour marcher. Du reste, il pensait que les rassemblemens du Bahyreh ayant été absolument détruits, et Mourad-Bey ne sachant où donner de la tête, l'opération des ennemis était entièrement manquée '.

Il se proposait, à mesure que la cavalerie arrivait, d'établir des postes en échelons jusqu'au débouché du lac Madieh pour couvrir Rosette; en attendant, il prescrivait à l'adjudant-général Jullien d'envoyer tous les jours des reconnaissances, de prévenir le général en chef si l'ennemi faisait un mouvement sur Rosette, et alors de rentrer dans son fort 2.

Il renvoya Menou dans cette ville. Aussitôt son arrivée, ce général devait débarrasser le fort de tout ce qui l'encombrait, vivres, artillerie, malades, et tout envoyer à Rahmanich; laisser une garnison respectable dans le fort, et avec le reste de ses troupes, se tenir toujours organisé pour pouvoir se porter sur Berket, point de toutes les opérations; faire partir, le 4 au soir, de Rosette pour Berket, avec 100 hommes d'escorte qui formeraient une première patrouille, 30 chameaux chargés de riz, 10 chargés de biscuit; ce serait, aux yeux du général en chef, un grand service, un service essentiel; entretenir une correspondance très-active avec le général Kléber, qui

[ocr errors][merged small][merged small][merged small]

devait avoir opéré son mouvement sur Rosette; si l'ennemi venait en force sur cette ville, et que Menou ne se jugeât pas en état de le culbuter, se renfermer dans le fort, et attendre qu'une colonne, partie de Berket, se portât sur Edkoù, pour prendre l'ennemi en flanc et par ses derrières; avoir pour but principal, en cas d'attaque sérieuse, de défendre le fort Julien, afin que l'ennemi n'eût pas l'embouchure du Nil, et enfin l'empêcher d'arriver à Rosette '.

Bonaparte avait déjà écrit au divan de cette ville pour lui faite connaître son arrivée à Rahmanieh. « Dieu, lui mandait-il, a mis l'Égypte mon pouvoir pour que je lui rende son ancienne splendeur, et m'a donné la force nécessaire pour accomplir sa volonté et anéantir tous nos ennemis. » Il désirait que le divan tint note de tous les hommes qui, dans cette circonstance, se conduiraient mal, afin de pouvoir les châtier exemplairement; qu'il envoyât des espions à Abouqyr et deux fois par jour des exprès au quartier-général pour y porter des informations.

Cette lettre fut bien accueillie par le divan. Les habitans de Rosette étaient en général bien intentionnés. Au premier bruit qui s'était répandu que l'adjudant-général Jullien allait quitter cette ville, une députation de 36 notables s'était présentée chez lui. « Commandant, lui dit l'ora

'Lettre de Bonaparte à Menou, du 3 thermidor. Lettre du 2 thermidor (20 juillet ).

teur, on assure que tu vas nous quitter; reste ici parmi des amis; tu nous as gouvernés en père ; personne n'a osé se plaindre de toi; tu n'as dérobé l'argent d'aucun de nous; tu peux compter sur l'attachement que nous t'avons voué; nous combattrons à tes côtés, si l'on vient t'attaquer. Mais, si tu pars, ne t'offenses pas si, pour éviter la vengeance des Osmanlis, nous nous montrons tes ennemis. Nons serons peut-être obligés de tirer sur toi; mais sois sûr que nos coups ne t'ai teindront pas. » Jullien les rassura, promit de rester avec eux, et ne leur demanda que du calme et une entière neutralité, ayant des forces suffisantes pour mettre la ville à l'abri d'une invasion. Elle avait une population de 12,000 âmes, et il n'avait que 200 hommes; mais il s'était gagné tous les coeurs par la pureté et la sagesse de son administration.

Bonaparte écrivit encore, par Menou, au divan de Rosette:

<< Dieu est grand et miséricordieux.

Au divan de Rosette, choisi parmi les plus sages et les plus justes.

J'ai reçu vos lettres, et j'en ai compris le con

tenu.

J'ai appris avec plaisir que vous avez les yeux ouverts pour maintenir tout le monde de la ville de Rosette dans le bon ordre. Le général Menou partira ce soir avec un bon corps de troupes; je porterai moi-même mon quartier-général à Berket, où je vous prie de m'envoyer les renseigne

[ocr errors]

mens que vous pourrez avoir. Faites une circu-
laire pour annoncer à tous les villages de la
province que
heureux seront ceux qui se compor-
teront bien, et contre qui je n'aurai pas de plain-
tes à faire; car ceux qui seront mes ennemis pé-
riront indubitablement.

Que le salut du prophète soit sur vous. »

Menou arriva le 5 à Rosette. Il trouva que l'adjudant-général Jullien y gouvernait en sage adminitrateur et en bon militaire; que les habitans se conduisaient à merveille; que de nonbreux convois de vivres et de munitions se faisaient sur Berket.

Tout en prenant ses dispositions pour battre l'ennemi, le général en chef ne perdait donc pas de vue la tranquillité intérieure ; pour contenir la malveillance et raffermir dans leurs bons sentimens les partisans des Français, il fallait qu'il annonçât aux peuples une grande confiance dans ses forces, et, pour ainsi dire, l'infaillibilité de ses armes. C'était surtout le divan du Kaire dont la fidélité importait le plus pour l'exemple. Bonaparte lui écrivit :

«< Choisis parmi les gens les plus sages, les plus instruits, et les plus éclairés ; que le salut du prophète soit sur eux!

Je vous écris cette lettre pour vous faire connaître qu'après avoir fait occuper les lacs Natron, et presque le Bahyreh, pour rendre la tranquillité à ce malheureux pays et punir nos ennemis, nous nous sommes rendus à Rahmanich. Nous

« ZurückWeiter »