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nombre de mécontens qui s'y trouvaient, le général en chef avait jugé à propos de s'y rendre luimême; quant aux bâtimens qui étaient sur la côte, de lui dire qu'on croyait que c'étaient des Anglais, et qu'on répandait que la paix était faite entre la Porte et la France; de montrer au divan la proclamation du général en chef aux habitans du Bahyreh; de l'amuser avec l'expédition du général Menou aux lacs Natron, et du genéral Destaing à Marïout 1.

Le général Destaing, auquel Marmont avait écrit sept lettres, n'avait reçu que la septième et n'était arrivé à Alexandrie que le 26 au soir. Le

27, à deux heures du matin, Marmont se mit en marche avec 1,100 hommes. Il avait à peine fait une lieue qu'il reçut une lettre du commandant d'Abouqyr, qui lui annonçait que toute l'armée turque avait débarqué, et occupait les positions que tenait autrefois la légion nautique.

Il crut qu'il y aurait de la folie, n'ayant laissé que 400 hommes à Alexandrie, d'aller attaquer à une distance de cinq lieues, un corps de 15 à 16,000 hommes posté et soutenu par le feu des chaloupes canonnières. Il retourna donc dans la place, avec l'opinion, d'ailleurs, que le fort et la redoute d'Abouqyr, bien armés et défendus par 300 hommes, résisteraient jusqu'à ce qu'il eût reçu une augmentation de forces, pour attaquer l'armée turque et le dégager '.

' Lettres du 29 messidor.

• Lettre de Marmont à Bonaparte, du 27 messidor.

Kléber avait donné l'ordre au chef de brigade Maugras, qui était dans les environs de Mansourah, de se porter à Rosette avec le 2o. bataillon de la 75°.; c'était tout ce qu'il pouvait faire, n'ayant dans ce moment à Damiette, y compris la garnison de Lesbel, que 3 ou 400 hommes, et présumant que l'ennemi ferait une forte diversion de son

côté.

Pendant le débarquement des Turcs, l'adju dant-général Jullien avait employé tous ses moyens pour jeter dans le fort Julien les effets et les munitions qui se trouvaient en très-grande quantité à Rosette. Cette opération l'avait occupé jusqu'au 28; il laissa alors 150 hommes dans le fort. Il ne lui en resta plus que 50 avec lesquels il lui fut impossible de se rendre à Alexandrie, le passage du lac Madieh étant occupé par les Turcs, et craignant que le fort d'Abouqyr ne se fût déjà rendu. « Du reste, écrivait-il à Bonaparte, si l'ennemi se porte sur moi, je tâcherai de mériter votre estime. >>

Godard, commandant du fort d'Abouqyr, n'avait pas douté que Marmont ne vint à son secours, et comptait seconder son attaque en faisant une sortie vigoureuse qui, mettant l'ennemi entre deux feux, eût pu fortement l'embarrasser dans le moment où il n'avait encore aucun établissement à terre. Ce commandant laissa donc 35 hommes dans le fort avec le chef de bataillon du génie Vinache, et s'établit dans la redoute avec 265 hommes. Le 27, depuis le matin, il se battait avec acharne

ment. Vers quatre heures du soir, le caisson qui contenait ses poudres, prit feu et le priva de munitions. Les Turcs profitèrent de cette circonstance et montèrent à l'assaut. La redoute fut emportée, et tout ce qu'il y avait de Français égorgés.

Le fort capitula après un siége de deux jours, et la garnison fut faite prisonnière 1.

Dès lors, Marmont, présumant, désirant même. une attaque de l'ennemi, écrivit au général en chef, dans le cas où il aurait des craintes sur Alexandrie, de ne pas presser pour cela sa marche, attendu que tout était prêt pour la bien défendre.

L'adjudant-général Jullien se félicitait de n'a-. voir pas pu s'y rendre, sa présence à Rosette, où il s'attendait à être attaqué, contenant dans le devoir cette ville et la province. « Si l'ennemi se porte sur moi, écrivait-il au général en chef, et qu'il m'arrive des secours à temps, la retraite pourra lui être difficile. Je suis sur mes gardes, et j'espère qu'il n'aura pas le fort Julien aussi facilement que celui d'Abouqyr 3. »

Cependant le départ des troupes et du général en chef avaient excité au Kaire une grande curiosité. Conformément à l'intention du général en

La reddition du fort a été traitée de lâcheté. (Gourgaud, tome 11, page 526.) Ce jugement paraît plus que sévère. Que pouvait faire une garnison de 35 hommes contre l'armée turque toute entière ?

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chef, on avait cru, dans le premier moment, devoir y cacher le débarquement des Turcs. Dugua et Poussielgue disaient que tout ce mouvement avait pour but de poursuivre Mourad-Bey. On ne prit pas longtemps le change, Tout était tranquille; mais un fait donnait à penser sur la disposition des esprits. Avant le départ de Bonaparte, on affluait chez l'effendi du miry et à l'administration de l'enregistrement; et les 29 et 30 messidor, il ne s'y était pas présenté un seul individu.

Bonaparte arriva, le 1er. thermidor, à Rahmanieh. Il y fut rejoint successivement par les généraux Lannes, Robin, Fugières, et par le général Menou revenant des lacs Natron, où il n'avait rien appris sur Mourad-Bey, ni rencontré un seul individu. Les 2 et 3, l'armée fut réunie.

› Marmont écrivit que lès Turcs étaient occupés à débarquer leur artillerie, qu'ils avaient coupé les pontons construits par les Français pour la communication avec Rosette, sur le passage qui joint le lac Madieh à la rade d'Abouqyr; que, d'après les rapports de ses espions, l'ennemi était fort de 15,000 hommes; qu'il se proposait d'attaquer Alexandrie, et de sommer la garnison de se rendre, avec l'offre de la transporter en France'.

Le 2 thermidor, Bonaparte fit son plan et donna ses ordres. Sa ligne d'opération était Alexandrie, Berket-Gitas et Rosette. Il comptait se tenir avec

'Lettre à Bonaparte, du 29 messidor.

la masse de l'armée à Berket. Marmont, à Alexandrie, formait sa droite, et Kléber, qu'il supposait près de Rosette, sa gauche. Si l'ennemi était en force, Bonaparte se proposait de se battre dans un bon champ de bataille, ayant avec lui ou sa droite ou sa gauche; il tâcherait que celle des deux qui ne pourrait pas être avec lui, arrivât à temps pour servir de réserve.

Berket est à une lieue de la hauteur d'El-Ouah et à une lieue de Becentoûaï, village assez considérable. Bonaparte mandait à Kléber de prendre tous les renseignemens nécessaires sur la situation d'Edkoû, village sur la route de Rosette à Abouqyr, par rapport à Berket, et de tâcher de s'organiser de manière à pouvoir, au premier ordre, se porter le plus promptement possible sur Edkoû ou Berket; et comme il serait possible que les communications fussent interceptées, d'avoir beaucoup de monde en campagne pour savoir ce que faisait et où était le général en chef, afin que, s'il arrivait des cas où il n'y eût pas d'inconvénient à un mouvement, et où des avis feraient penser à Kléber qu'on avait dû le lui ordonner, il le fit.

« Quelque chose qui arrive, écrivait-il à ce général, je compte entièrement sur la bravoure de 16 à 18,000 hommes que vous avez avec vous; je ne pense pas que l'ennemi en aurait autant, quand même ses 100 bâtimens seraient chargés de troupes'. »

'Lettre du 2 thermidor.

A cette époque, l'armée française en Égypte ne comptait qu'en

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