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les périls dont il était environné, revint sur ses pas, et coucha, dans la nuit du 25 au 26, aux Pyramides dé Gizeh, du côté du désert, où le cheyk arabe Bertram pourvut à ses besoins. Il monta, dit-on, sur la plus haute pyramide, et considéra la ville du Kaire et sa belle maison de campagne.

Instruit de ce mouvement, Bonaparte partit du Kaire, le 26, avec ses guides à pied et à cheval, les grenadiers des 18. et 32°., les éclaireurs deux pièces de canon, et alla coucher aux Pyramides, où Murat vint le joindre. Mourad-Bey était parti le matin, remontant dans le Fayoum. Bonaparte courut toute la journée les déserts pour lui donner la chasse '. On lui tua quelques hommes et on lui prit plusieurs chameaux; mais malgré son état de détresse, Mourad-Bey parvint à s'échapper. Il connaissait depuis long-temps tous les débouchés des déserts; il les avait souvent parcourus dans les diverses vicissitudes qu'il avait éprouvées avant de s'élever au pouvoir; et alors même qu'il tenait le sceptre de l'Égypte, il s'était vu plusieurs fois contraint d'y chercher momentanément un asyle avec ses Mamlouks, pour se soustraire aux armées que la Porte envoyait contre lui, s'il ne se croyait pas assez fort pour les braver.

Le 16 messidor, Murat qui faisait éclairer sa marche par un parti d'Arabes, enveloppa, à Dirseh, près de Terraneh, une quarantaine de Mam

'Lettre à Desaix, du 27 messidor.

Jouks, en tua 15 et en blessa plusieurs; 16 se renfermèrent dans un santon et entreprirent de s'y défendre. Murat arriva; 25 dragons mirent pied à terre pour prendre d'assaut le santon. Sélim-Kachef, qui commandait les Mamlouks, ne voulant pas se rendre aux Arabes, demanda à être conduit au général français et embrassa ses genoux. Murat le releva et le rassura. Les autres prisonniers furent conduits au Kaire. Sélim-Kachef conserva son cheval et ses armes, et resta avec Murat qui lui permettait d'aller à la découverte en avant de la colonne ; il revenait fidèlement rendre compte.

Bonaparte lui écrivit : « On m'assure que SélimKachef est un grand coquin; méfiez vous-en, et envoyez-le moi sous bonne escorte. Ne donnez pas un moment de relâche aux Mamlouks, si MouradBey descend dans le Bahyreh, ce qui ne paraît pas probable actuellement; il n'a pas avec lui plus de 2 ou 300 hommes mal armés et écloppés. D'ailleurs, je le ferai suivre par une bonne colonne ». Il désirait que Murat marchât sur Marïout, et que Marmont, de son côté, y envoyât une forte colonne d'Alexandrie '.

Elfy-Bey et Osman-Bey, avec 300 Mamlouks, un millier d'Arabes et autant de chameaux, étaient descendus par le désert, entre la rive droite du Nil et la Mer-Rouge. Repoussés par le général Davoust, ils étaient allés camper à l'oasis de SabaByar, et y attendaient Ibrahim-Bey qui devait

'Lettre du 19 messidor.

venir de Gaza, et, réuni avec eux, soulever tout le Charqyeh, pénétrer dans le Delta, et se porter sur Abouqyr. Le général Lagrange fut chargé, par le général en chef, de marcher contre eux avec 200 hommes d'infanterie, 250 de cavalerie 100 Grecs à pied, 30 à 40 à cheval et deux pièces d'artillerie. Le but de cette expédition était de surprendre les beys, de les détruire ou de les obliger de dépasser El-Arych. Bonaparte lui traça tous les détails de sa marche. Lagrange partit du Kaire, le 22 messidor, arriva à Saba-Byar, y surprit le camp des Mamlouks, en tua un bon nombre, notamment Osman - Bey, et leur prit 700 chameaux. Le reste se dispersa et s'enfuit.

Quoique Mourad-Bey eût échappé aux poursuites dirigées de toutes parts contre lui, ce fut cependant un résultat important pour les Français que de l'avoir empêché de gagner le Bahyreh, ainsi que les Mamlouks qui étaient descendus à l'oasis de Saba-Byar; car à peine Bonaparte était-il arrivé aux Pyramides, qu'il apprit par une lettre de Marmont, qu'une flotte turque de 100 voiles, qu'il estimait porter environ 18,000 hommes, avait mouillé, le 23, à Abouqyr, et annonçait des vues hostiles contre Alexandrie. Peut-être cette nouvelle sauva-t-elle Mourad - Bey, car il était au village de Dachour. Bonaparte fut très-contrarié d'abandonner sa poursuite. Mais toute son attention devait se porter alors vers la mer.

'Lettre à Desaix, du 27 messidor.

A l'apparition de la flotte turque, Marmont jeta dans le fort d'Abouqyr les secours de toute espèce nécessaires pour le mettre dans une situation respectable. Il craignait que les Turcs, au lieu de venir sur Alexandrie, ne se portassent sur Rosette, le tiers de leurs bâtimens étant de nature à entrer dans le Nil.

Il écrivit au général Destaing, qui était dans les déserts, à la poursuite des Arabes, de se rendre en toute hâte à Alexandrie, pour marcher ensemble avec 1000 ou 1100 hommes vers l'ennemi, et s'opposer à son débarquement. Il écrivit aussi à l'adjudant-général Jullien, commandant à Roseite, de jeter dans le fort Julien une garnison de 150 hommes, et de venir le rejoindre avec le reste de sa troupe '.

Le 24 (12 juillet), la flotte turque mouilla dans la rade d'Abouqyr.

Bonaparte avait alors à contenir Mourad-Bey qui était sur la frontière de Gizeh, et Ibrahim-Bey qui avait, à Gaza, une attitude menaçante; mais c'était sur la côte qu'était l'ennemi le plus redoutable. Il n'hésita donc pas un instant à marcher sur Alexandrie. Toutes ses dispositions furent faites dans la nuit.

Il envoya, à Rahmanieh, le général Murat avec sa cavalerie, les grenadiers des 69°., 18°. 32°., les éclaireurs et un bataillon de la 13., une partie de la division Lannes, de la division Rampon

'Lettre de Marmont à Bonaparte, du 24 messidor.

et le parc de l'armée. Il expédia l'ordre au général Menou, qui était parti avec une colonne mobile pour les lacs Natron, de rejoindre l'armée à Rahmanich, après avoir laissé 200 Grecs avec une pièce de canon, pour tenir garnison dans les

couvens.

Il écrivit au général Kléber d'opérer, s'il ne l'avait pas déjà fait, et si aucune force imposante n'avait paru devant Damiette, son mouvement sur Rosette, en se portant, avec la majeure partie de ses troupes, à l'extrémité de sa province, afin de pouvoir, dans le moins de temps possible, combiner ses opérations avec le reste, et de livrer El-Arych et Qatieh à leurs propres forces'.

Il écrivit à Desaix de s'approcher de BenySoueyf, de réunir toutes ses troupes en échelons, de manière à pouvoir, en peu de jours, être au Kaire avec la première colonne, et les suivantes. à 36 heures d'intervalle les unes des autres; de tenir à Qosseïr 100 hommes, autant dans le fort de Qéné. « Si le débarquement, lui mandait-il, est une chose sérieuse, il faudra évacuer la HauteÉgypte, laissant vos dépôts en garnison dans vos forts; s'il n'est composé que de 5 ou 6000 hommes, alors il faut que vous envoyiez une colonne pour contenir Mourad-Bey, le suivre partout où il descendra dans le Bahyreh, le Delta, le Charqyeh, ou dans la province de Gizeh. Pour ce moment,

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