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se devaient Desgenettes et Bonaparte. Le médecin en chef resta en Égypte jusqu'à l'évacuation; servit ensuite à la grande armée et reçut de l'empereur la récompense de ses services.

Bonaparte demanda à l'ordonnateur en chef un travail pour réduire le nombre des employés des administrations et les remplacer par des officiers et des sous-officiers, blessés de manière à ne pouvoir servir. Un grand nombre de jeunes gens qui pouvaient porter le mousquet entra dans les corps'.

Plusieurs individus de l'armée, dans la vue d'éviter les fatigues et les dangers des marches, s'étaient attachés à des officiers comme domestiques. Le général en chef défendit à tous ceux des officiers et administrateurs qui n'avaient point amené des domestiques d'Europe, de prendre en cette qualité d'autres individus que des naturels du pays, ordonna à tous les Européens qui avaient fait partie de l'armée d'y rentrer, et condamna à une amende de six francs par jour de retard, et même à l'emprisonnement au bout de dix jours, les maîtres qui négligeraient d'exécuter et de faire exécuter cet ordre par leurs domestiques européens.

Le général en chef accorda une solde aux prisonniers turcs dont on avait assimilé les grades à ceux de l'armée française; savoir: par jour aux capitaines, 28 parahs ( 1 franc); aux lieutenans

Lettre du 3 messidor.

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et sous-lieutenans, 21; aux sergens, 6, et aux soldats, 3, outre une ration de pain.

On a vu que des Darfouriens caravanistes s'étaient trouvés dans le rassemblement de Mamlouks et d'Arabes battu par Davoust à Beny-Adyn, le 29 germinal, et que dans le butin fait par les soldats il se trouva des filles esclaves de la caravane de Darfour. Fidèle à son système de favoriser le commerce et de maintenir des relations pacifiques avec les pays voisins, Bonaparte pardonna à cette caravane ses sentimens hostiles et sa mauvaise conduite. Il chargea même Desaix de faire rendre à Krabino un des chefs darfouriens, sa propre fille qui avait été enlevée à Beny-Adyn, et qui était demeurée entre les mains d'un des chirurgiens de l'armée '.

De toutes les caravanes qui venaient en Égypte, celle de Darfour était peut-être la plus importante. Elle se composait d'environ 5,000 chameaux, et mettait ordinairement de 40 à 50 jours pour arriver à Syout. Le tiers des chameaux était employé au transport de l'eau pendant la route, où l'on n'en trouvait pas pendant quatre ou cinq jours de marche, un quart au transport des autres provisions de bouche, un huitième pour les marchandises proprement dites, le reste pour porter les malades, et pour suppléer aux chameaux blessés ou qui mouraient. La caravane apportait du tamarin, des peaux de tigre, des plumes d'autruche, 4,000 paires d'outres, de la gomme, la charge de

'Lettre du 7 messidor.

150 chameaux de dents d'éléphant. Mais son prin cipal commerce consistait en esclaves noirs; elle en amenait annuellement de 4 à 5,000, dont les quatre cinquièmes étaient du sexe féminin. Elle payait de fort droits. Immédiatement après son entrée en Égypte, où les marchandises pouvaient s'embarquer sur le Nil, la caravane vendait les chameaux dont elle n'avait plus besoin, c'est-àdire les quatre cinquièmes de ceux qu'elle avait amenés, et qui avaient servi au transport de l'eau et des provisions nécessaires à la nourriture des esclaves pendant le voyage. Les affaires de comles caravanes de Darfour traitaient en Égypte, les obligeaient ordinairement d'y prolonger leur séjour pendant six à huit mois, de sorte qu'il n'était pas rare d'en voir arriver une au Kaire avant le départ de celle qui l'avait précédée. Ces caravanes achetaient, en retour de leurs importations, des productions du pays et des marchandises d'Europe.

merce que

La caravane de Sennar importait en Égypte et en exportait les mêmes objets que celle de Darfour; elle était moins considérable; mais il en venait plusieurs dans l'année.

Pour recruter son armée, Bonaparte résolut d'acheter 2 ou 3,000 nègres ayant plus de 16 ans ; son projet était d'en incorporer une centaine par bataillon. Il fit sentir à Desaix toute l'importance de cette mesure, et le chargea de commencer les achats. Mais la caravane n'était pas assez bien

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pourvue pour fournir à ce recrutement. Bonaparte écrivit donc au sultan de Darfour pour le prier de lui envoyer, par la première caravane, 2,000 esclaves noirs ayant plus de 16 ans, forts et vigoureux, qu'il acheterait pour son compte '.

Bonaparte transmit au Directoire des détails intéressans sur la situation de l'armée, ses pertes, sa force, ses besoins, etc.

« La peste, écrivit-il, a commencé à Alexandrie, il y a six mois, avec des symptômes trèsprononcés ; à Damiette, elle a été plus bénigne ; à Gaza et à Jaffa, elle a fait plus de ravages. Il n'y en a point eu au Kaire, à Suez, ni dans la HauteÉgypte.

Il résulte de l'état que je vous envoie que l'armée française, depuis son arrivée en Egypte jusqu'au 10 messidor an vII, a perdu 5,344 hommes.

Vous voyez qu'il nous faudrait 500 hommes pour la cavalerie, 5,000 pour l'infanterie, 500 pour l'artillerie, pour mettre l'armée dans l'état où elle était lors du débarquement.

La campagne de Syrie a eu un de Syrie a eu un grand résultat. Nous sommes maîtres de tout le désert, et nous avons déconcerté, pour cette année, les projets de nos ennemis. Nous avons perdu des hommes distingués les généraux Bon et Caffarelli, mon aidede-camp Croisier; il y a eu beaucoup de blessés.

Notre situation est très-rassurante. Alexandrie, Rosette, Damiette, El-Arych, Qatieh, Salhieh,

Lettres des 12 et 24 messidor.

se fortifient; mais si vous voulez que nous nous soutenions, il nous faut, d'ici en pluviôse, 6,000 hommes de renfort. Si vous nous en faites passer en outre quinze mille, nous pourrons aller partout, même à Constantinople.

Il nous faudrait alors 2,000 hommes de cavalerie pour incorporer dans nos régimens, avec des carabines, selles à la hussarde et sabres; 600 hussards ou chasseurs, 6,000 hommes de troupes pour incorporer dans nos corps et les recruter; 500 canonniers de ligne; 500 ouvriers, maçons, armuriers, charpentiers, mineurs, sapeurs; cinq demi-brigades à 2,000 hommes chacune; 20,000 fusils, 40,000 baïonettes, 3,000 sabres, 6,000 paires de pistolets, 10,000 outils de pionniers.

S'il vous était impossible de nous faire passer tous ces secours, il faudrait faire la paix ; car il faut calculer que d'ici au mois de messidor (an 8), nous perdrons encore 6,000 hommes. Nous serons, à la saison prochaine, réduits à 15,000 hommes effectifs, desquels, ôtant 2,000 hommes aux hôpitaux, 500 vétérans, 500 ouvriers qui ne se battent pas, il nous restera 12,000 hommes, compris cavalerie, artillerie, sapeurs, officiers d'état-major, et nous ne pourrons pas résister à un débarquement combiné avec une attaque par le désert.

Si vous nous faisiez passer 4 ou 5,000 Napolitains, ce serait bon pour recruter nos troupes.

Il nous faudrait 18 à 20 médecins, et 60 ou So chirurgiens; il en est mort beaucoup. Toutes les maladies de ce pays-ci ont des caractères qui de

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