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de voir les pyramides, de venir avec moi; je lui dis que je le ramènerais.

Dans ce moment, l'interprète anglais s'approcha de M. Hood, lui traduisit votre lettre à Hassan-Bey. Le commodore feignit de rire aux éclats. L'interprète revint à moi et me dit : Hassan-Bey a pris un brick français et a mis l'équipage aux fers. Il ne le rendra pas, et en usera de même avec tout ce qui appartient à la nation française. --Mohammed étant porteur de la lettre, lui disje, c'est à lui que doit s'adresser la réponse.Hassan-Bey n'en fera ni verbalement ni par écrit. -M. Lallowell m'avertit que le canot était prêt. Je pris congé de M. Hood qui me chargea de vous faire ses complimens. Dans la traversée, M. Lallowell me dit :- Vous devez avoir eu un combat. près du Kaire, il y a trois jours.—Avec qui ? lui répondis-je; Mourad-Bey vient d'être battu par le général Desaix.-Je le sais; mais vous verrez. Il ajouta qu'un Turc que j'avais vu à bord de M. Hood était un envoyé du grand-seigneur. Il était chargé de distribuer des présens et de prendre avec l'amiral de grandes mesures. M. Hood ne m'en a pas parlé : cela n'a pas même l'apparence de la vérité.

En général, malgré les amitiés ostensibles et affectées qu'ils s'efforçaient de faire au vieux pacha de Rhodes et à sa suite, les Anglais ne m'ont pas paru sympathiser avec eux; je les crois surtout très-mécontens des Arabes. M. Lallowell me disait qu'un jour Hassan-Bey lui avait témoigné combien il était étonné de voir les communications

TOME 11

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guerre d'Égypte.

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sociales des parlementaires français et anglais; chez eux, de pareils envoyés courraient risque de perdre la vie. M. Lallowell ne put s'empêcher de lui répondre Nous ne sommes pas des barbares.

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Nous arrivâmes à bord du Swiftshure à minuit. Il était dangereux de partir à cette heure, à cause 'des canots de ronde. J'acceptai un lit que M. Lallowell me fit tendre dans sa chambre. Je le quittai le lendemain matin.

Un officier me dit que l'amiral Nelson était attendu. Je demandai ce qui en était à M. Lallowell qui m'affirma le contraire. Ce qu'a dit le premier me parut une indiscrétion.'

Vous avez jugé, mon général, de l'effet qu'a produit le dernier parlementaire du général Manscourt; vous savez encore qu'il se disposait à y en envoyer un nouveau. Le dernier eut, à ce qu'il paraît, un mouvement de vivacité avec M. Hood. C'est sur de tels hommes qu'on juge de la nation et de l'esprit de l'armée.

Je ne puis vous dissimuler aussi que l'officier de marine qui m'accompagnait in'a forcé vingt fois de rougir pour lui, et qu'embarrassé souvent, j'ai dû m'efforcer de réparer ses indiscrétions. Je dois aussi vous dire, mon général, que l'armement de 'la division, qui s'effectue avec activité, n'est déjà plus un secret. Alexandrie doit fixer vos regards et votre attention. Les Anglais paraissent trop bien instruits de ce qui s'y passe. »

Bonaparte écrivit de nouveau à Djezzar-Pacha: « Je ne veux pas vous faire la guerre, si vous

n'êtes pas mon ennemi; mais il est temps que vous vous expliquiez. Si vous continuez à donner refuge à Ibrahim-Bey et à le garder sur les frontières de l'Égypte, je regarderai cela comme une hostilité et j'irai à Acre. Si vous voulez vivre en paix avec moi, vous éloignerez Ibrahim-Bey à 40 lieues des frontières, et vous laisserez libre le commerce de Damiette et de la Syrie. Alors je vous promets de lui laisser liberté entière, soit par terre, soit par mer 1».

Cette lettre fut portée par le jeune Mailly de Châteaurenaud, à Djezzar, qui, pour toute réponse, le fit prisonnier et se prépara à la guerre 1. Ce pacha écrivit à la Porte3 :

<< Bonaparte (que Dieu veuille le précipiter dans l'abîme) m'a adressé une lettre dans laquelle il dit qu'il a appris que je faisais de grands préparatifs, et me demande si cet armement est destiné contre lui; que dans ce cas, dans ce cas, il veut venir me chercher lui-même dans mon gouvernement, et me traiter comme je le mérite. Je lui ai aussitôt répondu comme il convenait, savoir: que ces prépa

'Lettre du 29 brumaire.

A l'arrivée des Français devant Acre, Djezzar lui fit couper la tête, la fit mettre avec son corps dans un sac et jeter à la mer. Minerve Mailly de Châteaurenaud, son frère aîné, ignorait cet événement; il avait demandé à monter le premier à l'assaut. « C'est un brevet de chef-d'escadron, lui dit d'Aure, extrait mortuaire, répondit Mailly. » En effet, il fut tué à l'as

saut.

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ou un

3 Du moins cette lettre fut publiée dans les journaux. V. Moniteur, 6 germinal an vII.

3.

ratifs étaient entièrement dirigés contre les infidèles, et qu'il pouvait, sans s'incommoder, m'attendre au Kaire où je devais arriver sous peu, et où Dieu déciderait entre lui et le grand-seigneur, dont le Tout-Puissant veuille aiguiser le glaive et le fasse tomber sur la tête de ses ennemis. >>

Le général Manscourt, que Bonaparte avait envoyé à Alexandrie, à la fin de thermidor, pour étudier le pays, afin de remplacer Kléber, lui avait succédé dans le commandement d'Alexandrie; mais il n'y resta pas longtemps. On a imputé à Marmont d'avoir, de concert avec Menou, desservi ce général pour avoir sa place '; cependant Bonaparte écrivit à Marmont : « Je fais venir le général Manscourt au Kaire, parce que j'ai appris que, le 24 brumaire, il avait envoyé un parlementaire aux Anglais, sans m'en rendre compte, et que d'ailleurs sa lettre à l'amiral anglais n'était pas digne de la nation ».

Marmont remplaça Manscourt; en le lui annonçant, Bonaparte lui mandait : « Je vous répète ici l'ordre que j'ai donné de ne pas envoyer de parlementaire aux Anglais sans mon autorisation. Qu'on ne leur demande rien! J'ai accoutumé les officiers que je commande à accorder des grâces et non à en recevoir.

J'ai appris que les Anglais avaient fait quatorze

Antommarchi, tome 1, page 175.

'Lettre du 9 frimaire.

prisonniers à la 4°. d'infanterie légère; il est extrêmement surprenant que je n'en n'aye rien su. Secouez les administrations, mettez de l'ordre dans cette grande garnison d'Alexandrie, et faites qu'on s'aperçoive du changement de commandant.

Écrivez-moi souvent et dans le plus grand détail. Je savais depuis trois jours la nouvelle que vous m'avez écrite des lettres venues de Saint Jean-d'Acre.

Renvoyez d'Alexandrie tous les hommes isolés. Ayez soin que personne ne s'en aille sans avoir un passeport en règle; que ceux qui s'en vont n'emmènent point de domestiques avec eux, surtout d'hommes ayant moins de trente ans, et qu'ils n'emportent point de fusils '».

Le général en chef avait enfin réglé les comptes avec les bâtimens du convoi et consenti à leur départ; mais il ordonna d'envoyer au Kaire tous les matelots âgés de moins de 25 ans qui étaient à bord, de quelque nation qu'ils fussent. Cette mesure avait deux motifs : le premier, de réparer en partie les pertes qu'avait faites l'armée; le second, d'intéresser à l'expédition un grand nombre de marins de nations différentes, lesquelles parlà se trouveraient portées à donner des nouvelles et ce qui était nécessaire à l'armée. Bonaparte avait calculé qu'il obtiendrait ainsi au moins cinq à six cents hommes; mais ses ordres avaient été mal exécutés. Il s'en plaignit à Marmont, et lui or

'Lettre du 9 frimaire.

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