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la ville sainte du Kaire, sur les bords du Nil ; que le chef de la religion musulmane était le sultan de la Mekke, l'ami des Français, tout comme la véritable science existait dans l'assemblée des ulémas du Kaire, sans contredit les plus savans de tout l'empire, et que l'intention du général en chef était que tous les qadys fussent natifs d'Égypte ou des saintes villes de la Mekke et de Médine. Bonaparte écrivit au cheyk El-Arychi, qadyaskier distingué par sa sagesse et sa justice:

« Nous vous faisons connaître que notre intention est que vous ne confiiez la place de qady à aucun osmanli. Vous ne confirmerez dans les

pro

vinces, pour la place de qady, que des Égyp

tiens '. >>

Le général en chef demanda à Fourrier, commissaire près le divan, de lui faire un rapport sur les membres qui composaient le grand et le petit divan, sur les places vacantes

sur les membres du grand divan qui ne seraient pas dignes de leur place, soit par leur peu de considération, soit par une raison quelconque, et de lui présenter un certain nombre d'individus pour remplir les places vacantes. « Mon intention, lui écrivait-il, est de composer ce divan de manière à former un corps intermédiaire entre le gouvernement et l'immense population du Kaire, de manière qu'en parlant à ce grand divan, on soit sûr de parler à la masse de l'opinion '. »

'Lettre du 27 messidor.

2 Lettre du 10.

Quoiqu'on fût en état de guerre avec DjezzarPacha, et que, l'année précédente, lorsqu'on était en paix, il eût refusé de laisser le commerce libre entre l'Égypte et la Syrie, Bonaparte jugea devoir lui laisser toute liberté, par la raison que le premier besoin était de ne pas laisser tomber l'agriculture, et il en prévint le général Kléber. A Damiette, comme à Alexandrie, ce général exposait sa pénurie et demandait de l'argent. Le général en chef lui citait Desaix, dont la division était au

courant pour sa solde par le moyen des impositions; il espérait donc que Kléber viendrait facilement à bout de payer sa division avec les contributions des provinces de Damiette et de Mansourah, et lui conseillait préalablement d'emprunter 60,000 francs à quatre ou cinq négocians turcs ou chrétiens. « Cette province (Damiette), lui mandait-il, a toujours été faiblement administrée, et je ne la calculerai de niveau avec celles de Rosette, du Kaire et d'Alexandrie, que trois ou quatre décades après votre arrivée. Faites tout ce que dans votre prudence vous jugerez nécessaire. »

Sans rien changer au régime administratif des provinces, il y eut alors une concentration dans leurs gouvernemens. Kléber réunissait ceux de Damiette et de Mansourah; Marmont conserva ceux d'Alexandrie, Rosette et Bahyreh; Desaix gouvernait seul la Haute-Égypte. Ils furent auto

'Lettre du 5 messidor.

risés à en employer les revenus à l'acquittement de leurs dépenses.

Le général en chef chargea l'administrateurgénéral des finances de faire à Kléber un acte de donation de la maison qu'il occupait à Da

miette '.

ver,

Le fameux Hassan-Thoubar, ayant vu échouer toutes les révoltes qu'il avait excitées dans cette province, et craignant de finir par tomber dans les piéges qui lui étaient tendus, était allé trouà Damas, ses femmes et ses trésors. Après la campagne de Syrie, quoique Bonaparte ne se fût pas emparé d'Acre, ce chèyk, jugeant que la domination des Français en Égypte ne serait pas de sitôt ébranlée, chercha à se rapprocher d'eux, à faire sa paix et à recouvrer ses biens qui étaient séquestrés. Il vint au Kaire. Bonaparte hésita sur le parti qu'il prendrait; le reçut cependant; le trouva un peu instruit par le malheur; crut qu'Hassan serait utile pour l'organisation de la province, les communications avec El-Arych et l'espionnage en Syrie; lui restitua ses biens patrimoniaux, et lui permit d'aller habiter Damiette. Pour gage de sa fidélité, Hassan laissa en otage son fils, âgé de 30 ans.

Du reste, les otages étaient une garantie que le général en chef voulait exiger de toutes les tribus arabes; et il regardait comme rompus tous les traités conclus avec elles 2.

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'Lettre de Bonaparte à Kléber, des 5 et 13 messidor.

Il y avait, à la citadelle du Kaire, des détenus de toute espèce qui y avaient été amenés pendant l'expédition de Syrie; c'étaient des Maugrabins et des Mekkains arrêtes dans la Haute-Égypte et qui avaient porté les armes ; des Mamluks qui s'étaient introduits au Kaire sans passeports, au mépris des ordonnances de police qui le leur défendaient; des individus qui avaient tenu des propos contre les Français et provoqué à la révolte; un des assassins du général Dupuis; un derviche indien, et des aventuriers de tous les pays, du fond de la Mer-Noire et de l'Inde. Le général en chef, après s'être fait rendre compte de la situation de ces individus, donna l'ordre au général Dugua d'en faire fusiller un certain nombre. Il y avait parmi eux un seul homme de marque, Abdallah-Aga, ancien gouverneur de Jaffa, fait prisonnier dans le sac de cette ville. « Vous lui ferez trancher la tête, écrivit Bonaparte à Dugua; d'après ce que m'ont dit les habitans de la Syrie, c'est un monstre dont il faut délivrer la terre '. »

Dans une visite à l'hôpital de la maison d'Ibrahim - Bey, Bonaparte vit avec mécontentement qu'il y manquait de médicamens essentiels, et surtout de pierre infernale; que les pharmaciens n'étaient pas à leur poste; qu'il y avait des plaintes sur les chirurgiens, pénurie de draps, et que les chemises étaient plus sales qu'elles ne l'auraient été à l'ambulance devant Acre. Il

'Lettre du 20 messidor ( 18 juillet).

écrivit à l'ordonnateur en chef de remédier promptement à tous ces abùs. Il alloua aux malades une livre de viande au lieu de trois quarterons qu'ils recevaient '.

Pour prévenir les maladies dans les principales villes, le général en chef ordonna aux commandans du Kaire, d'Alexandrie, de Rosette et de Damiette, de faire des règlemens afin que les immondices de ces villes ne fussent pas portées sur les différens monticules qui les environnaient, mais déposés dans des lieux d'où leurs exhalaisons ne pussent pas nuire à la salubrité de l'air.

Le médecin en chef Desgenettes fonda, sur un besoin réel de famille, une demande de retourner en France. Le général en chef invita le Directoire à le remplacer, et ne consentit à son départ que lorsque son remplaçant serait arrivé 3. La cause de cette démarche de Desgenettes fut, dit-on, au contraire, une scène violente qui eut lieu entre eux à une séance de l'institut au sujet des malades de Jaffa, et où le docteur et le général se livrèrent à des explications dont le résultat était que la science des médecins et celle des conquérans avaient des points de ressemblance.

L'esprit de parti s'est avidement emparé de cette séance; cependant elle n'altéra point les sentimens d'estime et la juste mesure d'égards que

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3 Lettre de Bonaparte à l'ordonnateur en chef, du 20 messidor,

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