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CHAPITRE XIII.

A son retour de Syrie, Bonaparte reprend le gouvernement de l'Égypte. Fortifications. Finances.-Justice.-Bonaparte écarte les Osmanlis des emplois. -Commerce. Administration. Hassan-Thoubar se soumet. - Police.-Caravane de Darfour. Situation de l'armée d'Orient. Relations avec l'Inde et le schérif de la Mekke.

Après la campagne de Syrie, Bonaparte n'avait qu'en partie renversé le plan général d'attaque combiné entre la Porte et l'Angleterre. Il lui fallut alors ranimer la marche de l'administration ralentie pendant son absence, réorganiser son armée pour la mettre promptement en état de marcher à de nouveaux combats, compléter l'approvisionnement et l'armement des places maritimes, ordonner en un mot toutes les dispositions pour faire tête à la fois aux nombreux ennemis qui pouvaient fondre sur l'Égypte, et pour y maintenir la tranquillité intérieure.

On était arrivé à la saison où les débarquemens devenaient possibles. Bonaparte ne perdit pas un instant pour se mettre en mesure, quoiqu'il écrivît à Desaix que, d'après les probabilités, il n'y en aurait point cette année 1. « Vous êtes fort ri

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che, lui mandait-il; soyez assez généreux pour nous envoyer 150,000 francs. Nous dépensons de 2 à 300,000 francs par mois pour les travaux d'ElArych, Qatieh, Salhieh, Damiette, Rosette, Alexandrie, etc. » L'intention du général en chef était de faire compléter l'armement et l'approvisionnement des places, principalement sur la côte; qu'on réformât les équipages d'artillerie de campagne; qu'on établit à Bourlos un fort et provisoirement une batterie capable de défendre passe de ce lac; une redoute sur la rive de l'embouchure du lac Madieh, du côté de Rosette, pour que l'ennemi ne pût pas raisonnablement opérer un débarquement entre le lac et le Bogaz, et marcher sur Rosette, sans s'être emparé de cette redoute; près d'Alqam, une redoute que 30 ou 40 hommes pourraient défendre, mais qui pourrait en contenir un plus grand nombre. Son but principal était d'empêcher les bâtimens qui viendraient de Rosette de remonter le Nil, et de prendre sous sa protection les bâtimens français poursuivis par les Arabes. Des redoutes à Mit-Gamar et à Mansourah dans le même but, avec des magasins capables de contenir des vivres pour 10,000 hommes pendant un mois.

Le général en chef donna ses ordres sur tous ces objets aux commandans de l'artillerie et du génie; il mit son bateau le Nil, armé de canons et de 65 hommes, à la disposition du général

Lettre du 30 prairial.

Dommartin, pour se rendre à Rosette. Le 2 mes sidor, celui-ci rencontra un nombreux rassemblement d'Arabes et soutint contre eux un combat acharné de plusieurs heures, dans lequel il eut 10 hommes tués et 45 blessés. Atteint lui-même de 4 blessures, entouré d'Arabes qui s'étaient jetés à l'eau et le menaçaient d'abordage, il tenait un pistolet armé sur la soute aux poudres pour se faire sauter, plutôt que de tomber vivant entre les mains de l'ennemi. Les 10 braves qui lui restaient soutinrent le combat jusqu'à la nuit, où les Arabes se retirèrent. Le bateau le Nil descendit à Rosette; mais le général Dommartin ne put guérir de ses blessures et y mourut.

pour

Gantheaume fut envoyé dans cette ville et à Alexandrie faire concourir tous les moyens de la marine à la défense des côtes et du Nil. 11 devait donc désarmer tous les bâtimens qui étaient dans le port d'Alexandrie, excepté le Muiron et le Carrère, et une demi-douzaine d'avisos ou bâti mens de commerce bons marcheurs, qu'il fallait tenir prêts à partir pour la France 1.

Gantheaume partit, le 6 messidor, sur le canot armé la Garonne, escorté par 50 hommes et par un bataillon de la 4°. demi-brigade sur des bateaux. Il ignorait le combat soutenu par Donimartin, et regardait avec étonnement des cadavres

Lettres de Bonaparte à Dommartin et à Crétin, des 29 et 30 prairial.

'Lettre de Bonaparte, du 3 messidor.

français rejetés par le Nil sur ses bords, lorsque les Arabes vinrent aussi l'attaquer. Mais le général Destaing, qui parcourait le Bahyreh avec des troupes, les mit en fuite et dégagea le contreamiral.

Le général en chef donna aux demi-brigades de l'armée et à leur artillerie une nouvelle organisation'. Il ordonna différentes améliorations aux fortifications de la citadelle du Kaire; entre autres de nettoyer les souterrains pour y placer la garnison en cas de siége, les poudres et la salle d'artifices à l'abri de la bombe. Il pressa l'exécution d'un plan pour établir des communications larges et commodes avec le quartier de l'institut, les places Esbekieh et Birket-el-Fil, et l'achèvement du nouveau chemin du Kaire à Boulaq 2.

Parmi les travaux qui avaient été faits aux abords du Kaire, pour établir les communications des forts et postes français au quartier-général et à la place Esbekich, on distinguait cette nouvelle route dirigée sur le minaret sud de Boulaq. Elle présentait un seul alignement de 7 à 800 toises, comme il n'en existait peut-être pas en Égypte. Elle abrégeait sensiblement le chemin du Kaire à Boulaq; et, au moyen du canal qui la couvrait au nord, on y était absolument garanti des incursions des voleurs arabes. Cette route, jetée dans l'inondation, était déjà très-fréquentée; mais elle n'a

'Arrêtés du 9 messidor.

· Ordres et lettres de Bonaparte, des 1,

3 et 5 messidor.

vait pas encore le dégré de solidité et de magnificence qu'on se proposait de lui donner, lorsque la levée aurait acquis plus de consistance. Une chaussée ferrée, des trottoirs et des plantations d'arbres variés, devaient ajouter beaucoup d'agrémens à son utilité. Le canal qui longeait cette route, devait être élargi et approfondi pour établir une navigation constante entre le port de Boulaq et la place Esbekieh, où se trouvaient le quartier-général et toutes les administrations de l'armée. Il portait les eaux du Nil à cette place, pour circuler au pied des nouveaux quais qu'on devait embellir par des plantations.

Des mesures furent prises pour faire solder, par les fermiers des domaines nationaux, les prix de leurs baux dans des délais, passés lesquels ils étaient passibles d'une augmentation proportionnée à leur retard. Tout fermier retardataire qui avait fait la perception des revenus dans les villages qui lui étaient affermés, encourait la peine de l'arrestation et du séquestre de ses biens, jusqu'à ce qu'il se fût acquitté.

Toutes les propriétés dont les titres n'auraient pas été présentés à l'enregistrement, après le délai d'un mois, demeuraient irrévocablement acquises à la République ; de même que celles des propriétaires qui, au 30 messidor, n'auraient pas entièrement acquitté le miri pour l'an 1213 de l'hégire.

Une contribution extraordinaire de 50,000 fr. fut imposée sur les juifs qui n'avaient pas satisfait

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