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nèrent dans leurs villages; les Arabes d'Yambo et les Mamlouks se retirèrent sur Beny-Soueyf, laissant une centaine d'hommes tués. Destrée eut une cinquantaine de blessés et 7 à 8 tués. Les habitans de Minieh se conduisirent bien; ceux qui avaient des armes à feu s'en servirent contre l'ennemi.

Davoust laissa à Destrée des cartouches et le 7. de hussards, et descendit à la poursuite des ennemis. Arrivé près d'Abou-Girgeh, il y envoya commander des vivres, le 10 floréal. Cette ville, insurgée, refusa d'en fournir et de se soumettre après la sommation qui lui en fut faite. Davoust la fit cerner, attaquer et forcer. Mille fellah, presque tous armés, furent passés au fil de l'épée. Les Arabes d'Yambo et les Mamlouks qui étaient dans le voisinage, ayant appris cet événement, se séparèrent. Les Arabes passèrent sur la rive droite du Nil; les Mamlouks continuèrent à descendre.

Appelé par le général Dugua, Davoust se rendit au Kaire avec sa colonne, pour dissiper un rassemblement à la tête duquel était Elfy-Bey.

Les beys Hassan-Jeddaoui et Osman-Bey-Hassan, à la poursuite desquels Belliard avait été envoyé par Desaix, étaient partis de la Gytah pour remonter vers Syène. Belliard les suivit. Il repassa sur les ruines de Thèbes, à Esné, à Chanabieh. Il arriva à la gorge de Redesieh, quatrième débouché de la Gytah qui n'est pas pratiqué par le commerce. Il n'avait pas pu atteindre les Mam

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louks; mais cette route leur avait été fatale. Ils y avaient perdu presque tous leurs chevaux, une partie de leurs chameaux, nombre de serviteurs et 26 femmes dont on trouvait les cadavres. Ils remontèrent vers les cataractes, dans la plus grande détresse. Belliard regagna le Nil, et descendit à Esné, où il laissa le chef de brigade Eppler avec 500 hommes, pour contenir le pays, lever les contributions, et veiller à ce que les Mamlouks ne revinssent pas faire de nouvelles incursions. Belliard alla à Qéné et y fit quelque séjour. La physionomie du pays était bien changée. Les succès obtenus sur l'ennemi, la dispersion dés Mamlouks et des Arabes avaient fait rentrer les habitans dans la soumission. Ils payaient yolontairement les impositions; ils venaient au-devant des vainqueurs..

Le sultan de la Mekke avait envoyé protester à Desaix contre les expéditions de ses sujets, et assurer de ses intentions amicales. Les villes de Gedda et de Tor demandaient aussi la paix. Qosseïr offrait de se soumettre. Les chefs arabes se rapprochaient; les Mamlouks apportaient leurs armes et prenaient du service. Desaix fit annoncer les terres dévastées par la guerre ne paieraient pas de contributions. Les relations se rétablirent, et les magasins se remplirent des provisions nécessaires à la troupe, sans avoir recours aux baïonnettes.

que

Vers le 20 floréal, Eppler eut avis que les Mamlouks étaient revenus à Syène, où ils se reposaient

de leurs fatigues et de leurs pertes; il donna ordre au capitaine Renaud, qu'il avait envoyé quelques jours auparavant à Edfoù, avec 200 hommes, de marcher sur Syène, et de chasser les Mamlouks au-dessus des cataractes.

Le 27, à deux heures après midi, arrivé à une demi-lieue de Syène, le capitaine Renaud avait à peine fait quelques dispositions, que les ennemis accoururent sur lui à bride abattue; ils furent attendus et reçus avec le plus grand sang-froid. La charge fut fournie avec impétuosité, et 15 Mamlouks tombèrent morts au milieu des rangs ; Hassan - Bey - Jeddaoui fut blessé d'un coup de baïonnette, et eut son cheval tué; Osman-Bey reçut deux coups de feu; 10 Mamlouks expirèrent à une portée de canon du champ de bataille; 25 autres furent trouvés, à Syène, morts de leurs blessures. L'ennemi eut 50 blessés, et fut rejeté pour la troisième fois au-delà des cataractes. Le capitaine Renaud eut 4 hommes tués et 15 blessés. Ce combat acheva de détruire le parti des Mamlouks. Les Arabes de la tribu des Ababdeh s'en détachèrent et firent la paix.

Nous avons dit comment échoua, au mois de pluviôse, l'expédition commandée par le lieutenant de vaisseau Collot, pour occuper Qosseïr. C'était à Desaix à réparer ce malheur de la marine; il en sentait la nécessité autant que le général en chef qui, de son camp d'Acre, lui accusant réception de ses lettres, depuis le 8 pluviôse jusqu'au 28 ventôse, qu'il avait lues avec tout l'inté

ret qu'elles inspiraient, lui mandait : « Je vois surtout avec plaisir que vous vous disposez à vous emparer de Qosseïrs sans ce point là, vous ne serez jamais tranquille. La marine a encore, dans ce point, déçu mes espérances ».

Desaix donna donc l'ordre à Belliard de faire construire un fort à Qéné; de hâter les préparatifs de l'expédition sur Qosseïr, et le nomma commandant de la province de Thèbes, dont l'administration venait d'être organisée.

Desaix, à Syout, faisait chercher partout des chameaux et confectionner des outres, pour aller lui-même trouver Mourad-Bey dans la grande Oasis. Apprenant que des bâtimens anglais avaient paru, le 20 floréal, devant Qosseïr, il crut devoir abandonner momentanément son projet, et diriger toute son attention sur ce port, pour empêcher les Anglais de s'y établir; mais ils s'étaient bornés à s'aboucher avec quelques habitans du pays pour y entretenir des intelligences.

Belliard se trouvant attaqué d'un grand mal d'yeux, Desaix lui envoya l'adjudant - général Donzelot, pour le seconder ou le remplacer dans l'expédition de Qosseïr; ils partirent l'un et l'autre de Qéné, le 7 prairial.

La caravane se composait d'environ 500 Français, montés sur des chameaux qui portaient en outre le bagage et l'eau. Les Arabes qui venaient de faire alliance servaient de guides et d'escorte. On arriva à Byr-el-Bar, le puits des puits, où l'on

but de l'eau soufrée, mais douce et rafraîchissante. A deux heures de nuit, on fit halte, on soupa et on dormit dans le désert. A deux heures du matin, au bruit du tambour, on se remit en marche au clair de la lune; au point du jour, on était à la Gytah; c'est une fontaine inépuisable, située sur un plateau plus élevé que tout ce qui l'entoure. Elle consiste en trois puits de 6 pieds de profondeur. Il y a une petite mosquée ou espèce de caravanserail pour abriter les voyageurs; on s'y arrêta. Le soir, on bivouaqua plus loin dans le désert. Le 3o. jour, la vallée s'était rétrécie. Les formes et les couleurs variées des rochers ôtaient déjà au désert son aspect triste et monotone. Le pays était devenu sonore, et le soldat qui avait marché silencieux, commença à parler et chanta. On but et on fit de l'eau aux puits d'El-More et d'El-Adout pour le reste de la route. Après avoir dormi quelques heures, on se mit en marche le 4. jour. La vallée s'était élargie. On rafraîchissait les chameaux à la fontaine d'Ambagy, où les hommes ne boivent pas, parce que son eau est très-minérale. On s'aperçut, à la légèreté de l'air, que l'on approchait de la mer. En effet, on l'eut bientôt aperçue. Des Arabes avaient pris les devans pour avertir les habitans de Qosseïr. Ils revinrent avec les cheyks, le 10 prairial, amenant un troupeau de moutons, comme présent de paix. La troupe se mit en bataille, et, après quelques minutes de conférences amicales, on alla prendre possession du château, sur lequel flottait un étendard blanc.

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