Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Il marcha rapidement sur Syout avec Friant pour ne pas donner le temps à Mourad de se réunir à Elfy - Bey, ou pour les combattre s'ils étaient déjà réunis. Il apprit en route que Mourad-Bey était parvenu à soulever un grand nombre de paysans. On se trouva en présence à Souhama, le 14. Friant divisa aussitôt sa troupe en trois détachemens pour envelopper l'ennemi et l'empêcher de gagner le désert. Cette manoeuvre eut un succès complet; en un instant, 1,000 de ces paysans furent tués ou noyés. Le reste eut beaucoup de peine à s'échapper, et abandonna 50 chevaux. Les Français ne perdirent pas un homme.

Le lendemain, les Mamlouks furent poursuivis de si près que Mourad-Bey, accompagné seulement de 150 hommes, se décida à se retirer vers les oasis. Les autres firent mine de s'enfoncer dans le désert, et marchèrent vers Syout où Desaix arriva peu de temps après eux. A son approche, Elfy-Bey repassa le Nil et retourna dans la petite oasis d'Achmin; quelques kachefs et Mamlouks de Mourad-Bey l'y suivirent, ainsi qu'Osman-Bey-Jeddaoui; les autres se jetèrent dans les déserts au-dessus de Beny-Adyn, où ils éprouvèrent les horreurs de la faim; beaucoup désertèrent et vinrent à Syout; d'autres se cachèrent dans les villages, vendant leurs armes pour vivre : ils se réunirent ensuite aux Français.

Le schérif Hassan venait de recevoir un second convoi qui le renforçait de 1,500 hommes. Les débris du premier le rejoignirent. A peine furent

ils réunis qu'il vint attaquer sur le Nil, à la hauteur de Benout, les barques que Desaix avait laissées en arrière, et qu'un vent du nord trèsviolent empêchaient de descendre. L'Italie répondit par une canonnade terrible et tua 100 Arabes d'Yambo. Les ennemis parvinrent à s'emparer des petites barques, mirent à terre les munitions de guerre et les objets d'artillerie, les remplirent de monde, et coururent à l'abordage sur l'Italie. Le commandant de cette djerme, le courageux Morandi, redoubla ses décharges à mitraille, mais ayant déjà beaucoup de blessés à son bord, et voyant un grand nombre de paysans qui allaient l'attaquer par la rive gauche, il crut trouver son salut dans la fuite; il mit à la voile; il avait peu de monde pour servir ses manoeuvres ; le vent était très - fort, la djerme échoua. Alors les ennemis abordèrent de tous côtés; l'intrépide Morandi refusa de se rendre; n'ayant plus d'espoir, il mit le feu aux poudres de son båtiment, et se jeta à la nage. Il fut aussitôt assailli par une grêle de balles et de pierres et périt dans les tourmens. Tous les Français qui échappèrent aux flammes de l'Italie furent massacrés par les Arabes d'Yambo. Cet avantage reboubla leur audace.

Après avoir dépassé la ville de Qeft, l'ancienne Coptos, Belliard apprit le funeste sort de la flottille; il vit déboucher trois colonnes nombreuses d'infanterie et plus de 3 à 400 Mamlouks, et forma sa petite troupe en carré. Il n'avait qu'une

pièce de canon. Une des colonnes ennemies s'approcha audacieusement; un combat corps à corps s'engagea entre les tirailleurs français et 100 Arabes d'élite; le succès était incertain; 15 dragons du 20. chargèrent à bride abattue et le décidèrent. Plus de 50 Arabes restèrent sur la place. Le gros de l'ennemi se retira sur Benout. Belliard les poursuivit et arriva près de ce village. Les ennemis avaient établi, derrière un large canal, les canons qu'ils avaient pris sur la flotille de Morandi. Leur feu jeta d'abord quelque hésitation parmi les Français; mais les carabiniers de la 21°. légère enlevèrent ces pièces malgré une charge exécutée par les Mamlouks pour en empêcher; elles furent dirigées sur les ennemis qui se jetèrent dans une grande barque, dans une mosquée, dans les maisons du village, et dans une maison crénelée de Mamlouks, où étaient leurs munitions.

Belliard dirigea deux colonnes contre la barque, la maison et le village; l'ennemi se défendit avec rage. Cependant, rien ne put résister à la bravoure des Français. Tout ce qui était dans la barque fut mis à mort; la mosquée et 20 maisons furent incendiées; les Arabes d'Yambo périrent dans les flammes ou sous les coups du soldat; le village ne présenta que ruines et carnage.

Eppler, excellent et intrépide officier, attaqua la grande maison crénelée; des sapeurs en brisèrent la porte à coups de hache, tandis que d'autres faisaient crouler la muraille, et que les chasseurs mettaient le feu à une petite mosquée

y attenante où étaient les munitions. Les poudres prirent feu; 25 Arabes sautèrent avec le bâtiment. Eppler réunit ses forces sur ce point; et, malgré les prodiges de valeur des Arabes qui, le fusil à la main, le sabre dans les dents, et tous nuds, en défendaient l'entrée, il parvint à s'emparer de la grande cour; ils allèrent se cacher dans des réduits où ils furent tués.

Les Arabes perdirent dans cette journée 1200 hommes, parmi lesquels était le schérif Hassan, et eurent un grand nombre de blessés. C'est le combat où ils montrèrent le plus d'opiniàtreté. Les barques françaises, 9 pièces de canon et deux troupeaux furent les fruits de cette victoire '. Cette journée, une des plus glorieuses de la campagne de la Haute-Égypte, coûta cher aux Français, une trentaine de morts et plus de 100 blessés.

Sans communication avec Desaix, Belliard avait usé presque toutes ses munitions; ses chasseurs n'avaient plus chacun que 25 cartouches; il ne lui restait plus qu'un boulet et 12 coups de canon à mitraille. Le 21, il se mit en marche sur Qéné, pour savoir s'il y restait des magasins, et où pouvait être Desaix, y arriva le 22 et y trouva des lettres de ce général. Il n'y avait pas d'ennemis ; les habitans vinrent au devant des Français.

ly

'On compta 150 hommes hors de combat. Après un combat aussi acharné que sanglant, on vit, dans les postes qui occupaient le village, toutes les femmes s'installer avec une gaîté et une aisance qui faisaient illusion: chacune avait fait librement son choix, et en paraissait très-satisfaite. (Denon, tome 11, page 135.)

Les Mamlouks et les Arabes d'Yambo étaient descendus à Byr-el-Bar. On craignait de nouveaux débarquemens des gens de l'Yémen. Desaix, instruit des besoins de Belliard, rassembla tout ce qu'il put de munitions de guerre sur des barques, laissa une garnison à Syout, passa le Nil le 28 ventôse, et se mit en marche pour accompagner le convoi et se réunir à ce général.

Ici le genre de guerre changea. On avait partout battu les ennemis, mais ils n'étaient pas dé truits. Pour atteindre ce but, Desaix adopta le système de colonnes successives, de manière à forcer les ennemis à rester dans les déserts, ou au moins à faire de très-grandes marches pour venir dans le pays cultivé. Pour cela, il fallait occuper les débouchés de la vallée qui conduit de Qosseïr au Nil, les puits qui s'y trouvent et notamment celui de la Gytah.

Le 10 germinal, Desaix arriva à Qéné, et ravitailla les troupes de Belliard; ils partirent le 11, pour aller combattre l'ennemi qui, depuis deux jours, était posté à Qous. A leur approche, il rentra dans les déserts et se divisa. Hassan-Bey et Osman-Bey allèrent à la Gytah, et le chef des Arabes d'Yambo descendit vers Aboumanah, où était déjà Osman-Bey-Jeddaoui; mais 6 à 700 habitans d'Yambo et de Jedda l'avaient abandonné et retournaient à Cosseïr. Desaix envoya Belliard avec la 21°. et le 20°. de dragons au village d'Adjazi, principal débouché de la Gytah, et avec les deux bataillons de la 6i., le 7. de hussards et

« ZurückWeiter »