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mes, femmes et enfans, pour se sauver à la nage. On vit des mères noyer des enfans qu'elles ne pouvaient pas emporter, et mutiler des filles pour les soustraire aux violences des vainqueurs. La colonie se trouva en quelques instans dispersée et ruinée. Maître des deux îles, Belliard fit évacuer les magasins qui se trouvaient dans la plus grande, composés du butin que les habitans avaient fait sur les barques des Mamlouks. On revint ensuite à Syène, où l'on construisit un fort.

Deux beys n'avaient point suivi Mourad dans sa retraite au-delà des cataractes. Osman-BeyHassan était passé sur la rive droite du Nil, avec environ 250 Mamlouks, et y vivait dans les villages de sa domination. Elfy-Bey y était aussi passé la nuit après la bataille de Samhoud, et était descendu à la hauteur de Syout. Informé que les débris des Arabes d'Yambo se ralliaient dans les environs de Qéné, petite ville fort importante par le grand commerce qu'elle fait avec les habitans des rives de la Mer-Rouge, le général Friant y avait, dès le 18, envoyé une colonne mobile, commandée par le chef de brigade Conroux.

Instruit que le schérif Hassan, chef des Arabes d'Yambo, se tenait caché dans les déserts où il attendait l'arrivée d'un second convoi, Desaix envoya le général Friant vers Qéné, avec l'ordre de lever des contributions en argent et en chevaux jusqu'à Girgeh.

Osman-Bey-Hassan qui, en apprenant le retour du général Desaix de Syène, s'était enfoncé dans

le désert, se rapprocha des bords du Nil. Desaix chargea Davoust de marcher avec la cavalerie contre ce bey, qui s'avança de son côté pour combattre. Ils se rencontrèrent, le 24, à Louqsor, l'un des villages situés sur l'emplacement de Thèbes; le choc fut terrible. La mêlée devint générale; on combattit corps à corps ; après 3 heures d'un engagement très-meurtrier, pendant lequel les Mamlouks sauvèrent un convoi de vivres considérable, ils abandonnèrent le champ de bataille, y laissant beaucoup des leurs et plusieurs kachefs. Osman - Bey-Hassan eut son cheval tué et fut blessé. Le chef-d'escadron Fontelle eut le crâne fendu d'un de sabre. Cette affaire ne fut pas heureuse pour la cavalerie française; seule, engagée avec ces guerriers si redoutables à cheval, elle eut 25 tués et 40 blessés,

coup

Le même jour, le chef de brigade Conroux fut attaqué à Qéné par 800 Arabes d'Yambo quiavaient entraîné avec eux beaucoup de fellah. Il les repoussa et fut blessé. Ils revinrent à l'attaque, le chef de bataillon Dorsenne les chargea, ils furent mis dans une déroute complète, et perdirent 300 hommes.

Malgré toute la diligence qu'il avait faite, le général Friant n'arriva à Qéné, avec le 7. de - hussards, que quelques heures après le combat. Instruit que les Arabes, après cet échec, s'étaient retirés à Samatha, il alla les attaquer et leur tua 200 hommes.

Bonaparte apprit par la renommée que Desaix

avait battu les Mamlouks, mais il n'en avait point de nouvelles directes; il était très-impatient d'en recevoir. «Ne leur donnez pas de relâche, lui écrivit-il, détruisez-les par tous les moyens possibles. Faites construire un petit fort, capable de contenir 2 à 300 hommes, et un plus grand nombre dans l'occasion, à l'endroit le plus favorable que vous pourrez, et près d'un pays fertile.

que,

Le but de ce fort serait de pouvoir réunir là tous nos magasins et nos bâtimens armés, afin dans le mois de mai ou de juin, votre division, devenant nécessaire ailleurs, on pût laisser un général avec 4 ou 5 djermes armés qui, de là, tiendrait en respect toute la Haute-Égypte. Il y aurait des fours et des magasins, de sorte que quelques bataillons de renfort le mettraient dans le cas de soumettre les villages qui se seraient révoltés, ou de chasser les Mamlouks qui seraient revenus. Sans cela, vous sentez que, si votre division est nécessaire ailleurs, 100 Mamlouks peuvent revenir et s'emparer de la Haute-Égypte, ce qui n'arrivera pas si les habitans voient toujours des troupes françaises, et, dès lors, peuvent penser que votre division n'est absente que momentanément. Je désirerais, si cela est possible, que ce fort fût à même de correspondre facilement avec Qosseïr.

Je fais construire, dans ce moment, 2 corvettes à Suez qui porteront chacune 12 pièces de canon de 6. Mettez la main, le plus tôt possible, à la construction de votre fort; prenez là vos larges.

Assurez le nombre de pièces nécessaire pour l'armer. Je désire, si cela est possible, qu'il soit en pierre'. >>

Desaix partit le 27 d'Esné, arriva le 29 à Qous, et ordonna que l'on s'occupât partout avec activité de la levée des chevaux et de la perception des impôts en argent dont on avait le plus grand besoin.

Le schérif Hassan, fanatique exalté et entreprenant, entretenait chez les Arabes d'Yambo, dans les déserts d'Aboumanah, l'espoir d'exterminer les infidèles. A sa voix, les têtes s'échauffèrent, on prit les armes ; une multitude d'Arabes accourut à Aboumanah, renforcée par quelques Mamlouks fugitifs et sans asile. Le 29 pluviôse, le général Friant les attaqua près de ce village; ils furent défaits, taillés en pièces, eurent 400 morts et beaucoup de blessés. Une colonne poursuivit les fuyards pendant 5 heures dans le désert, et s'empara du camp des Arabes.

Après l'expédition de Belliard pour rejeter Mourad-Bey dans le pays des Barabras et s'emparer de Philoe, plusieurs kachefs et une centaine de Mamlouks s'étaient jetés dans les déserts de la rive droite pour éviter Syène et étaient allés rejoindre Osman-Bey-Hassan au puits de la Gytah. Elfy-Bey, après avoir passé quelque temps dans les oasis, au-dessus d'Ackmin, s'était rendu à Syout où il levait de l'argent et des chevaux. Des

Lettre du 22 pluviôsc.

tribus arabes l'aidaient dans ses opérations. Les beys Mourad, Hassan et plusieurs autres, à la tête de 7 à 800 chevaux et de beaucoup de Nubiens, ayant fait un long détour et une marche extraordinairement rapide pour éviter le général Belliard, y parvinrent enfin, quoiqu'il fût sur ses gardes; et, le 7 ventôse, à la pointe du jour, parurent tout à coup sur la rive droite du Nil, visà-vis Esné, pour passer le fleuve. Clément, aidede-camp de Desaix, sortit de cette ville, avec son détachement de 60 hommes de la 21°., pour s'opposer au passage de ce rassemblement. Mourad n'osa attaquer cette poignée de braves; il se dirigea sur Erment, y passa le Nil, se sépara des Mamlouks, et, avec 5 beys et très-peu de suite, se dirigea du côté de Syout.

L'ensemble de tous ces mouvemens et le bruit général du pays firent juger à Desaix que cette ville était le point de ralliement des ennemis. Il rassembla ses troupes, ordonna à Belliard, qui était venu de Syène à la suite des Mamlouks, de laisser une garnison de 400 hommes à Esné et de continuer à descendre, en observant bien les mouvemens des Arabes d'Yambo qu'il devait combattre partout où ils les rencontrerait.

Le 12, Desaix passa le Nil et se porta sur Farchout, où il arriva le 13, laissant un peu derrière lui la djerme armée l'Italie et plusieurs barques chargées de munitions et de beaucoup d'objets d'artillerie. L'Italie portait des blessés, des malades, des munitions et quelques hommes armés.

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