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tête de sa petite armée '. Le 27, il rencontra l'avant-garde de Mourad, campée sur la rive gauche du canal Joseph, au bord du désert, et la chassa du village de Fehn. Mourad s'enfuit vers le Nil et le remonta; il avait une marche d'avance. Desaix bivouaqua le 27 à Zafetesaïm, le 28 à Birmin, le 30 à Zagny, où il quitta les montagnes. pour se rapprocher du fleuve. Il s'empara de. 4 djermes portant l'artillerie des Mamlouks. Ils se retirèrent avec précipitation vers le Sayd. Desaix les poursuivit à grandes journées. Il coucha, le 1". nivôse, près d'Achmounin, le 4 à Syout, et arriva le 9 à Girgeh.

Il avait déjà parcouru cette contrée avec sa division, mais à cette fois, un savant, ami des. arts et de l'antiquité, marchait à ses côtés : les membres de la commission des sciences affrontaient journellement, pour leurs travaux, les fatigues et les dangers de la guerre. Denon fut le premier qui alla explorer la Haute-Égypte, cette terre si riche en monumens, si fertile en grands souvenirs, couverte de tout temps, et encore plus dans ses ruines que dans sa splendeur, des voiles du mystère.

Contrariée par les vents, la flottille, portant les vivres, les munitions et tous les approvisionnemens, n'avait pas mis dans ses mouvemens la même célérité que l'armée. Desaix fut donc obligé de perdre à Girgeh 20 jours d'un temps précieux.

Forte de 3,000 hommes d'infanterie, 1,200 de cavalerie, 8 pièces d'artillerie légère.

En attendant, il fit reposer ses troupes, construire des fours et préparer une caserne pour 500 hommes. Les vivres y étaient à très-bas prix; le pain à un sou la livre, la douzaine d'œufs à 2 sous, la couple de pigeons à 3, une oie de 15 livres à 12. Mais Mourad-Bey profitait de cette inaction pour susciter de toutes parts des ennemis, les Arabes de Jedda, d'Yambo, de la Nubie, et pour faire insurger les fellâh sur les derrières des Français, afin d'attaquer et de détruire leur flottille.

Le 12 nivôse, Desaix fut informé qu'un rassemblement considérable se formait près de Souaqyeh, à quelques lieues en avant de Girgeh. Il avait désiré de voir éclater promptement les projets des insurgés, afin d'avoir le temps d'en faire un vigoureux exemple, et d'être le maître dans le pays, pour y lever l'argent dont il avait besoin. Il fit partir Davoust avec sa cavalerie. Ce général rencontra, le 14, une troupe de 7 à 800 hommes à cheval et de 3,000 hommes à pied; ils furent aussitôt battus qu'attaqués, il en resta 800 sur le champ de bataille.

La cavalerie rentrait à Girgeh lorsque Desaix apprit qu'il se formait à quelques lieues de Syout un rassemblement beaucoup plus considérable et composé de paysans à pied et à cheval, venus la plupart des provinces de Minieh et de BenySoueyf. Le retard de la flottille donnait de vives inquiétudes. Desaix fit repartir Davoust pour aller à sa découverte. Arrivé, le 19, au village de Tahtah, il fut attaqué par plus de 2,000 chevaux

et 10 à 12,000 paysans dont la plus grande partie avait des armes à feu. La cavalerie française s'attacha aux cavaliers, en mit hors de combat près de 200, et, les autres ayant pris la fuite, elle tomba sur les fantassins qui se débandèrent. Un millier d'entre eux furent mis à mort le reste dut son salut à la nuit. Par ce combat, la flottille fut dégagée, la cavalerie la rejoignit à Syout et remonta avec elle à Girgeh où elle arriva le 29.

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Condamné à l'inaction par le retard de sa flottille, Desaix passait une partie de ses loisirs à causer avec un prince nubien, frère du souverain de Darfour, qui revenait de l'Inde et allait rejoindre une caravane de Senaar portant au Kaire des femmes, des dents d'éléphant et de la poudre d'or. Ce prince lui donnait des détails sur les lois, le commerce de la Nubie, et les relations de ce pays avec la fameuse ville de Tombouctou. Pour dévorer le temps et tempérer son impatience et son mécontentement de cette fatale marine qui le privait de sa cavalerie, Desaix se faisait réciter par des Arabes des contes dans le genre des Mille et une Nuits; sa mémoire prodigieuse ne perdait pas une phrase de ce qu'il avait entendu. L'armée, toujours victorieuse, ne pouvait se mettre à l'abri des voleurs. Des habitans, bravant toute la rigueur militaire, se glissaient la nuit dans les camps, et en emportaient leur proie. y en eut plusieurs de fusillés.

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Mourad-Bey était au village de Hou, à 10 lieues environ au-dessus de Girgeh, avec 1,000 habitans du pays d'Yambo et de Jedda, débarqués

à Qosseïr, Hassan-Bey-Jeddaoui, et Osman-BeyHassan, à la tête de 250 Mamlouks, des Nubiens, des Maugrabins, 2 ou 3,000 Arabes; les habitans de l'Égypte supérieure, depuis les cataractes jusqu'à Girgeh, étaient en armes et s'étaient réunis sur ce point. Mourad, plein de confiance en des forces si formidables, se mit en marche pour attaquer les Français.

Le retard de la flottille contre lequel Desaix s'était tant impatienté, lui ramenait un ennemi qu'il n'avait pu, jusqu'à présent, forcer au combat. Cette flottille arriva enfin avec la cavalerie. Desaix, au moment où Mourad marchait devant lui, avait donc réuni toutes ses troupes et tous les moyens de combattre avec avantage; cependant ses forces ne s'élevaient tout au plus qu'à 4,000 hommes.

Instruit que près de lui, à El-Araba, étaient les ruines du temple d'Abydus, bâti par Osymandyas, et où Memnon avait résidé, Denon pressait Desaix d'y pousser une reconnaissance. Le général lui disait : « Je veux vous y conduire moi-même; Mourad-Bey est à 2 journées; il arrivera après-demain, il y aura bataille; nous détruirons son armée; ensuite nous ne penserons plus qu'aux antiquités, et je vous aiderai moi-même à les mesurer ».

Il partit de Girgeh, le 2 pluviôse, pour aller au-devant des ennemis, et coucha à El- Macera. Le 3, son avant-garde rencontra la leur sous les murs de Samhoud. Desaix disposa ses troupes pour le combat et prit l'ordre de bataille accou

tumé en plaçant son infanterie en carré sur ses ailes, la droite commandée par Friant, la gauche par Belliard, et sa cavalerie en carré au centre, sous les ordres de Davoust. L'ennemi s'avança de toutes parts, sa nombreuse cavalerie cerna les Français, et une colonne d'infanterie d'Arabes d'Yambo se jeta dans un canal sur leur gauche et les inquiéta par la vivacité de son feu. Desaix la fit attaquer, elle fut culbutée et prit la fuite. Il s'empara du village de Samhoud. Les innombrables colonnes ennemies s'avançaient toujours en poussant des cris affreux : celle des Arabes d'Yambo s'était ralliée. Elle attaqua et voulut enlever le village; mais elle fut reçue par un feu si vif et si bien nourri qu'elle fut forcée de se retirer avec une perte considérable.

Les Mamluks se précipitèrent sur le carré commandé par Friant, tandis que plusieurs colonnes d'infanterie se portaient sur celui de Belliard; on les accueillit par un feu d'artillerie si meurtrier qu'ils furent en un instant dispersés et obligés de rétrograder, laissant le terrain couvert de leurs morts. Davoust reçut l'ordre de charger le corps des Mamlouks où se trouvaient Mourad et Hassan. Ils n'attendirent pas la charge, ils firent leur retraite, et furent poursuivis pendant 4 heures l'épée dans les reins. Dans cette glorieuse journée, comme à la bataille des Pyramides, la perte des Français fut presque nulle; ils n'eurent que 4 hommes tués et quelques blessés. Bonaparte décerna des armes d'honneur aux soldats qui s'y étaient distingués par des actions

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