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rayons du soleil. Venture est mort de la peste; sa perte m'a été très-sensible' ».

Le 28 floréal (17 mai), un parlementaire anglais se présenta sur la plage. Il ramenait le Turc qui avait été envoyé, le 24, à Djezzar pour traiter de l'échange des prisonniers et de la sépulture des soldats tués sous les murs de la place. apportait au général Berthier une lettre du commodore anglais qui s'exprimait ainsi en parlant de Bonaparte: «Ne sait-il pas que c'est moi seul qui peux décider du terrain qui est sous mon artillerie? >> Cette réponse, injurieuse à la fois pour Bonaparte et pour le pacha d'Acre, était en elle-même extrêmement maladroite. Par là Sidney Smith justifiait le reproche que le général en chef lui avait fait, de n'avoir pas empêché les cruautés commises par Djezzar sur les Français morts ou faits prison

niers.

Le commandant du canot remit ensuite un pa¬ quet contenant plusieurs exemplaires d'une proclamation adressée par la Sublime-Porte aux officiers, généraux et soldats de l'armée française qui se trouvaient en Égypte. Elle était imprimée en français, portait le seing du grand-visir, et un visa de Sidney Smith en confirmait l'authenticité. Elle avait pour but de persuader aux soldats de l'armée d'Orient et à ses chefs, que le Directoire ayant résolu leur perte, les avait déportés et abandonnés en Égypte, et que, pour échapper à une ruine certaine, ils devaient se rembarquer

'Lettre du 27 floréal (16 mai).

sur des vaisseaux turcs ou anglais qui les conduiraient partout où ils désireraient aller '. Les soldats méprisèrent cet écrit, et y auraient répondu par un nouvel assaut, si le général en chef n'avait pas résolu de lever le siége.

Par la même occasion, Sidney Smith fit savoir qu'il existait entre l'Angleterre et la Porte Ottomane un traité d'alliance, signé le 16 nivôse (5 janvier 1799). Le parlementaire fut renvoyé aux Anglais sans réponse, et le feu continua de part et d'autre.

Les nombreux combats qu'avait livrés l'armée depuis son entrée en Syrie, avaient donné un grand nombre de blessés, et beaucoup de soldats avaient été attaqués de la peste. Prévoyant d'avance que des événemens pourraient d'un jour à l'autre nécessiter son retour en Égypte, Bonaparte avait pris ses mesures pour ne pas se trouver encombré lorsque le moment de la retraite serait venu. Dès le 21 germinal (10 avril ), il avait donné ses ordres pour que l'hôpital de Cheffamer fût complètement évacué sur l'ambulance d'Acre, et pour que cette ambulance le fût journellement sur Caïffa et le couvent du Mont-Carmel. Il ordonna ensuite que les malades et les blessés fussent de là conduits jusqu'à Tentoura et embarqués pour Damiette 2. Il avait écrit au contre-amiral Perrée « Le contre- amiral Gantheaume vous mande ce que vous avez à faire pour enlever 4 à

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Voyez cette proclamation, pièces justificatives, no. III. Lettre de Bonaparte à l'ordonnateur en chef, du 13 floréal (10 mai).

500 blessés que je fais conduire à Tentoura et qu'il est indispensable que vous transportiez à Alexandrie et à Damiette. Vous vaincrez par votre intelligence, vos connaissances nautiques et votre zèle, tous les obstacles que vous pourriez rencontrer; vous et vos équipages acquerrez plus de gloire par cette action que par le combat le plus brillant; jamais croisière n'aura été plus utile que la vôtre, et n'aura rendu un plus grand service à la République 1».

Lorsque le général en chef eut résolu de lever le siége de Saint-Jean-d'Acre, sa sollicitude redoubla pour les blessés et les malades. Il y avait à l'ambulance d'Acre 550 blessés; 100 étaient en état de marcher; 300 pouvaient aller sur des montures, et 150 sur des brancards ou prolonges. Il s'y trouvait aussi 222 fiévreux dont 150 étaient capables d'aller à pied, et 72 sur des montures.

« On và évacuer le plus de blessés possible sur Damiette, écrivit Bonaparte à l'adjudant-général Almeyras; si les communications sont libres, faites-les filer sur-le-champ au Kaire, où ils trouveront plus de commodités. Il y en aura 4 ou 500. Dans trois ou quatre jours, je partirai pour l'Égypte; il sera possible qu'arrivé à Qatieh je passe par Damiette. Il sera nécessaire d'avoir à Omfàreg une certaine quantité de barques prêtes pour les malades ou blessés que nous pourrions avoir avec

nous ».

'Lettre du 22 floréal (10 mai). 2 Lettre du 27.

Il écrivit en même temps aux adjudans-généraux Leturq et Boyer, chargés de leur évacuation depuis Acre jusqu'à Tentoura et depuis Tentoura jusqu'en Égypte, pour presser le départ de leurs convois, et éviter les encombremens. Il leur recommandait de la manière la plus instante de ne pas perdre un instant, d'employer tous les moyens pour faire filer les malades et les blessés sur Tentoura, Jaffa, Damiette et le Kaire'.

<< Sous trois jours, je partirai avec toute l'armée pour me rendre au Kaire, mandait-il à Dugua; ce qui me retarde, c'est l'évacuation des blessés; j'en ai 6 à 700. Prenez des mesures pour que la navigation de Damiette au Kaire soit sûre, et que les blessés puissent filer rapidement dans les hôpitaux du Kaire.

Si le citoyen Cretin est au Kaire, et que vous ayez une escorte suffisante à lui donner, faites-lui connaître que je désire qu'il vienne à ma rencontre à El-Arych, afin que nous puissions arrêter ensemble les travaux à faire au fort, à Qatieh et à Salhieh ».

Pendant la nuit dù 28 au 29 floreal, le général en chef fit partir l'artillerie de siége pour Jaffa, et la remplaça aux batteries par l'artillerie de campagne. On profita aussi de l'obscurité pour évacuer les malades et les blessés qui étaient res¬ tés à l'ambulance. Ils étaient escortés par deux bataillons de la 69. demi-brigade. Bonaparto

'Lettre du 27 floréal,

* Idem.

avait, à ce qu'il paraît, été mécontent de ce corps au dernier assaut de Saint-Jean-d'Acre; il avait ordonné que, pendant la retraite de l'armée, il porterait son fusil la crosse en l'air, et qu'il servirait d'escorte aux malades et aux convois.

Le général Junot, que Kléber avait laissé en observation sur le Jourdain, reçut l'ordre de disposer son détachement de manière à former l'avant-garde de retraite. Il brûla les grands magasins de Tabarieh, et alla prendre position à Saffarieh pour couvrir les débouchés d'Obeline et de Cheffamer sur le camp d'Acre.

Cependant le feu des batteries n'avait point discontinué de part et d'autre. Le général en chef fit jouer avec vigueur l'artillerie de campagne pendant toute la journée du 30 floréal, pour raser entièrement le palais de Djezzar et les principaux édifices, et fit tirer à bombes sur plusieurs points de la ville. Les obus pleuvant de toutes parts dans un espace aussi étroit et rempli de soldats, y causaient un grand ravage. Le feu devint tellement insupportable à la garnison que, le 1". germinal au matin, elle fit une sortie générale pour marcher sur les batteries françaises et les détruire. Elle se dirigea sur la tranchée; mais, chargée avec impétuosité par les Français, elle céda au choc et fut repoussée dans la ville, laissant un grand nombre de morts sur le champ de bataille. Voyant que le feu ne discontinuait pas, les Turcs, malgré l'échec qu'ils avaient essuyé le matin, firent une nouvelle sortie à trois heures après-midi. Ils débouchèrent par tous les points et parvinrent à

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