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dait en même temps à Poussielgue des saufs-conduits pour les vaisseaux appartenant à lui ou à des schérifs ses amis, afin qu'ils ne fussent point inquiétés par des vaisseaux français, en navigant dans la mer des Indes.

Cependant, malgré l'état de tranquillité dont jouissait l'Égypte, Dugua et les autres commandans faisaient au général en chef des rapports alarmans sur la disposition des esprits dans plusieurs provinces. Les scènes dont la Basse-Égypte avait été le théâtre pouvaient se renouveler d'un jour à l'autre. Marmont craignait d'être attaqué à la fois par une armée turque ou anglaise, du côté

de la mer, et par une armée d'Africains et de Maugrabins qui s'avançait, disait-on, par le désert de Barca. Les lieutenans de Bonaparte avaient, pendant son absence, dignement rempli leur tâche; mais se croyant responsables de sa conquête, ils ne se sentaient pas en force de repousser les efforts combinés de la Porte et de l'Angleterre, si ces deux puissances venaient à fondre inopinément sur l'Égypte. Tels étaient leur confiance et son ascendant, qu'ils mettaient en lui tout leur espoir, et réclamaient vivement sa pré

sence.

Avant de partir pour la Syrie, Bonaparte avait calculé que son expédition serait terminée à la fin du printemps, et qu'il pourrait être de retour dans les premiers jours de l'été, époque où il prévoyait qu'une armée ennemie, soit turque ou européenne, pourrait se présenter pour débarquer

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en Égypte. Des trois buts qu'il se proposait en portant la guerre en Syrie, les deux premiers étaient remplis.

1o. Il avait assuré la conquête de l'Égypte en occupant la forteresse d'El-Arych; par là il mettait une armée ennemie, qui s'avancerait par terre contre l'Égypte, dans l'impossibilité de rien combiner avec une armée européenne qui viendrait sur les côtes.

2o. Il avait obligé la Porte à s'expliquer. Par les divers armemens qu'elle avait dirigés contre lui, il ne pouvait plus douter que son intention ne fût d'expulser les Français de l'Égypte. Il avait détruit l'armée de Djezzar-Pacha à El-Arych, à Jaffa, à Qaqoun et sous Saint-Jean-d'Acre. Il avait détruit celle du pácha de Damas aux combats de Nazareth, de Loubi et à la brillante journée du Mont-Thabor.

3°. Il avait soumis à ses armes la Palestine et la Galilée, et par là privé les Anglais des ressources qu'ils tiraient de ce pays. Il voulait en faire une province française; du moins la nomination de Menou au gouvernement de la Palestine ne per-® met pas d'en douter. Mais tous ces résultats étaient provisoires, et le troisième but de Bonaparte ne pouvait être rempli que lorsque la chute de SaintJean-d'Acre aurait mis le sceau à sa nouvelle conquête.

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Ce boulevard de la Syrie arrêtait les Français

Voyez dans la lettre de Bonaparte au Directoire, du 22 pluviôse, au commencement du chapitre, quels étaient ses buts.

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depuis soixante jours; ils avaient échoué dans onze assauts, et la lenteur du siége commençait à exciter des murmures dans l'armée. Tant que la ville de Saint-Jean-d'Acre n'avait eu pour garnison que les débris de l'armée de Djezzar, Bonaparte avait espéré de pouvoir s'en rendre maître; mais depuis l'arrivée de la flotte turque, la face des choses était changée. Il dut renoncer dès lors à une conquête qui eût exigé le sacrifice d'une grande partie de ses troupes. Trois équipages d'artillerie de siège avaient successivement été débarqués à Jaffa, et le général en chef avait alors assez de bouches à feu pour brûler la ville et raser ses murs; mais il eût fallu faire le siége de chaque maison, et les Tures, n'attendant du vainqueur que la mort, étaient déterminés à se défendre jusqu'à extinction. En entrant dans la place, les Français avaient, en outre, à craindre un ennemi bien plus redoutable que l'armée chargée de sa défense; c'était la peste. Ce fléau exerçait d'énormes ravages sur une population resserrée dans une étroite enceinte les symptômes en étaient terribles, et en 36 heures on était emporté au milieu de convulsions pareilles à celles de la Tous ces motifs étaient déjà assez puissans pour déterminer Bonaparte à rentrer en Égypte; mais quand il fut instruit de tous les troubles qui l'avaient agitée pendant son absence, il conçut de justes inquiétudes pour la sûreté de sa conquète, et prit la résolution de repasser le désert.

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rage.

-Le 28 floréal (17 mai), il adressa cette proclamation à l'armée :"""

<< Soldats !

Vous avez traversé le désert qui sépare l'Afrique de l'Asie, avec plus de rapidité qu'une armée

arabe.

*』།

L'armée qui était en marche pour envahir l'Égypte est détruite; vous avez pris son général, son équipage de campagne, ses bagages, ses outres, ses chameaux.

Vous vous êtes emparé de toutes les places fortes qui défendent les puits du désert.

Vous avez dispersé, aux champs du Mont-Thabor, cette nuée d'hommes accourus de toutes les parties de l'Asie, dans l'espoir de piller l'Égypte. Les 30 vaisseaux que vous avez vus arriver devant Acre, il y a 12 jours, portaient l'armée qui devait assiéger Alexandrie; mais obligée d'accourir à Acre, elle y a fini ses destins; une partie de ses drapeaux ornera votre entrée en Égypte.

Enfin, après avoir, avec une poignée d'hommes, nourri la guerre pendant trois mois dans le cœur de la Syrie, pris 40 pièces de campagne, 50 drapeaux, fait 6000 prisonniers, rasé les fortifications de Gaza, Jaffa, Caïffa, Acre, nous allons rentrer en Égypte; la saison des débarquemens m'y rappelle.

Encore quelques jours, et vous aviez l'espoir de prendre le pacha même au milieu de son palais; mais dans cette saison, la prise du château d'Acre ne vaut pas la perte de quelques jours; les braves que je devrais d'ailleurs y perdre sont aujourd'hui nécessaires dans des opérations plus essentielles. Soldats, nous avons une carrière de fatigues et

de dangers à courir. Après avoir mis l'Orient hors d'état de rien faire contre nous dans cette campagne, il nous faudra peut-être repousser les efforts d'une partie de l'Occident.

Vous y trouverez une nouvelle occasion de gloire; et si, au milieu de tant de combats, chaque jour est marqué par la mort d'un brave, il faut de nombreux braves se forment, et prenque nent rang à leur tour parmi ce petit nombre qui donne l'élan dans les dangers et maîtrise la vic

toire ».

Il écrivit au divan du Kaire : « Enfin, j'ai à vous annoncer mon départ de la Syrie pour le Kaire, où il me tarde d'arriver très-promptement. Je partirai dans trois jours et j'arriverai dans quinze ; j'amenerai avec moi beaucoup de prisonniers et de drapeaux. J'ai rasé le palais de Djezzar, les remparts d'Acre, et bombardé la ville de manière qu'il ne reste plus pierre sur pierre. Tous les habitans ont évacué la ville par mer; Djezzar, grièvement blessé, s'est retiré avec ses gens dans un des forts du côté de la mer. De 30 bâtimens chargés de troupes qui sont venus à son secours, trois ont été pris par mes frégates avec l'artillerie et les hommes qu'ils portaient; le reste est dans le plus mauvais état et presque entièrement détruit. Je suis d'autant plus impatient de vous voir et d'arriver au Kaire, que je sais que, malgré votre zèle, un grand nombre de méchans cherchent à troubler la tranquillité publique. Tout cela disparaîtra à mon arrivée, comme les nuages aux premiers

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