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voir, par ses hostilités, attiré sur lui la vengeance des Français. Il répondit à la lettre que le général en chef lui avait fait écrire, et lui envoya sa soumission.

Dans la journée du 28 germinal, les troupes reprirent le chemin de Saint-Jean-d'Acre, après avoir visité le Mont-Thabor. Le général en chef s'écarta du chemin pour passer à Nazareth, où il n'avait pu s'arrêter pendant sa marche contre l'armée des pachas. Il se mit en route, accompagné de Kléber. Ce général devait avec sa division rester en position dans cette ville, veiller à la garde des ponts de Jacoub et de Medjameh, occuper les forts de Saffet et de Tabarieh, et garder avec soin la ligne du Jourdain. Bonaparte était attendu à Nazareth comme un nouveau messie; il

y

fut reçu avec les plus vifs transports. Cette ville était favorablement située dans le défilé de la chaîne de montagnes qui sépare la plaine de Fouli de celle d'Acre. Elle était bien batie et entourée de sites magnifiques, arrosés par les eaux d'une belle source. On y trouvait d'excellent vin. Bonaparte visita l'église des Capucins, remarquable par sa belle architecture et la sculpture de son autel en marbre de Paros, derrière lequel est une grotte pratiquée dans le roc, qu'on assurait être celle où la vierge Marie fut cachée pendant 21 mois. En sortant de Nazareth, le général en chef descendit les montagnes, et, après avoir passé par des villages très-peuplés et entourés de campagnes variées et fertiles, il arriva devant Acre le 30 germinal au soir.

Au moment où il venait de disperser l'armée turque, au Mont-Thabor, Bonaparte avait appris que le contre-amiral Perrée était arrivé à Jaffa avec les frégates la Junon, l'Alceste et la Courageuse, qui portaient l'artillerie de siége. Cette nouvelle répandit la joie dans l'armée. Le général en chef écrivit à Gantheaume de donner l'ordre à Perrée de s'éloigner sur-le-champ de la côte de Syrie, d'aller visiter les parages de Candie et de Chypre, et de s'établir en croisière derrière l'escadre de Sidney Smith, afin de lui faire le plus de mal possible en interceptant ses convois de vivres qu'il tirait de Tripoli de Syrie. Il était autorisé à s'emparer de tous les gros bâtimens turcs, devait toujours porter pavillon anglais, et se tenir éloigné des côtes. S'il était poursuivi par les Anglais, il était libre de se réfugier à Alexandrie ou dans un port d'Europe. Dans ce dernier cas, il devait embarquer sur ses frégates des fusils, des sabres et quelques renforts, ne fût-ce que quelques centaines d'hommes; diriger ensuite sa marche sur Damiette, Jaffa, Acre ou Sour, et, s'il avait plus de 1,500 hommes, il pouvait même les débarquer à Derne '.

Dès que le général en chef fut rentré dans son camp d'Acre, il écrivit à ses lieutenans en Égypte pour les instruire de la victoire du Mont-Thabor et de la situation de l'armée. Dans toutes ses lettres, il paraissait confiant dans le succès du siége; et, ne doutant point que sous peu de jours la ville

Lettre de Bonaparte à Gantheaume, du 29 germinal.

ne fût en son pouvoir, il annonçait déjà son prochain retour en Égypte “.

« Nous avons eu affaire, à la bataille du MontThabor, à près de 30,000 hommes, écrivit-il à Desaix. C'est à peu près un contre dix. Les janissaires de Damas se battent au moins aussi bien que les Mamlouks, et les Arnautes, Maugrabins, Naplousains, sont sans contredit les meilleures troupes de l'Orient. Au reste, je vois par vos lettres que nous n'avons rien à vous conter que vous n'ayez à nous répondre. Assurez les braves qui sont sous vos ordres de l'empressement que je mettrai à récompenser leurs services, et à les faire connaître à la France entière ". »

Il écrivit à Fourier, membre de l'Institut d'É-. gypte et commissaire près le divan du Kaire :

<< Je vous autorise à correspondre avec l'Institut national, pour lui témoigner, au nom de l'Institut d'Égypte, le désir qu'il a de recevoir promptement ses différentes commissions pour ce pays, et l'empressement que l'Institut d'Égypte mettra à y répondre.

Faites connaître au divan du Kaire les succès que nous avons eus contre nos ennemis, la protection que j'ai accordée à tous ceux qui se sont bien comportés, et les exemples sévères que j'ai faits des villes et des villages qui se sont mal conduits, entre autres celui de Djenine, habité par Ghérar, cheyk de Naplous.

Lettres du 30 germinal à Desaix, Dugua, Poussielgue. 'Lettre de Bonaparte à Desaix, du 3o germinal.

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guerre d'Égypte.

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Annoncez au divan que lorsqu'il recevra cette lettre, Acre sera pris, et que je serai en route pour me rendre au Kaire, où j'ai autant d'impatience d'arriver que l'on en a de m'y voir.

Un de mes premiers soins sera de réunir l'Institut, et de voir si nous pouvons parvenir à avancer d'un pas les connaissances humaines 1. »

• Le général en chef, instruit que plusieurs soldats vendaient la vaisselle d'argent trouvée dans les bagages pris à l'ennemi, après la bataille du Mont-Thabor, autorisa le payeur à la recevoir et à en solder la valeur au poids.

Pour réparer les pertes que l'armée de Syrie avait faites dans les combats qu'elle avait livrés depuis son entrée en campagne, Bonaparte invita les généraux à recruter leurs corps parmi les habitans du pays, et spécialement parmi ceux de la montagne de Saffet et de Nazareth, qui avaient montré beaucoup d'attachement aux Français. Ils devaient choisir parmi les jeunes gens de 18 à

25 ans 3.

Des Turcs, faits prisonniers par les Français, lors des diverses sorties de l'ennemi, et des déserteurs, rapportèrent au général en chef qu'Achmet-Djezzar ayant tiré de ses prisons plus de 200 chrétiens, les avait fait étrangler après les avoir livrés aux supplices les plus horribles; qu'il leur avait ensuite fait couper la tête, et que, liés deux à deux et cousus dans des sacs, ils avaient été je

Lettre du 30 germinal.

'Ordre du jour du 30 germinal.

3 Idem.

tés à la mer. En effet, quelques jours après l'assaut du 8 germinal, des soldats avaient remarqué sur le rivage une grande quantité de sacs, et, les ayant ouverts, ils y avaient trouvé des cadavres décapités.

Lorsqu'on apprit la fin déplorable du jeune Mailly et les traitemens odieux exercés sur ses frères d'armes morts à ses côtés, un cri général d'horreur avait retenti dans l'armée. Persistant dans l'usage barbare d'assouvir leur vengeance jusque sur les cadavres de leurs ennemis, les Turcs, à la vue des Français, coupèrent la tête à deux soldats tués dans la sortie du 18 germinal. Ayant fait un prisonnier, ils l'entraînèrent dans la ville et lui laissèrent la vie jusqu'à ce qu'il eût été questionné '; mais, furieux de l'adresse qu'il mettait dans ses réponses, Djezzar l'avait fait décapiter. A cette nouvelle, Bonaparte ne put contenir son indignation, et, comme dans la sortie du 18, les colonnes de l'ennemi avaient été dirigées par des officiers anglais, il en porta des plaintes amères à Sidney Smith.

Quelques jours après, le général en chef reçut de ce commodore une lettre très-honnête dans les termes. Il le remerciait de la manière obligeante dont le commandant Lambert avait répondu dans le temps à sa demande sur le sort des Anglais faits prisonniers à Caïffa, et lui rendait compte de l'état d'un Français qu'il avait arraché des mains des Turcs, lors de la sortie du

'Rapport d'Achmet-Djezzar-Pacha à son gouvernement.

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