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siasme; c'est lui qui vient à notre secours! » En effet, fidèle à la promesse qu'il avait faite à son lieutenant, de marcher à la rencontre des Turcs, s'il parvenait à les tourner et à les pousser sous Acre, le général en chef en était parti le 25 germinal à midi, avec 400 chevaux, la division Bon, forte de 2,000 hommes et 8 pièces d'artillerie. Il s'était dirigé vers Nazareth, dans l'espoir d'y trouver l'armée des pachas, et était allé camper, le 26 au soir, sur les hauteurs de Saffarieh, d'où Kléber était parti le matin. Le 27, au point du jour, Bonaparte se mit en route sur les traces de la division Kléber. Arrivé sur une éminence, il découvrit la plaine de Fouli et aperçut, à une distance de trois lieues, cette poignée d'hommes, au pied du Mont-Thabor, luttant contre une armée innombrable. A deux lieues en arrière du champ de bataille, on distinguait le camp des Mamluks d'Ibrahim qui se tenait à l'écart au pied des montagnes de Naplous. A la vue des dangers que couraient leurs frères d'armes, les soldats de Bonaparte demandèrent à grands cris de marcher au combat pour les secourir. Il forma sa troupe en deux carrés, commandés par les généraux Vial et Rampon, leur ordonna de déborder le champ de bataille, de manière à former, avec la division Kléber, les trois angles d'un triangle équilatéral de 2,000 toises de côté, et à envelopper la masse de l'armée ennemie au centre de la figure'.

'Lettre de Bonaparte au Directoire, du 22 floréal.

L'adjudant-général Leturq, avec la cavalerie, fut chargé de couvrir le village de Djenine, pour couper la retraite de l'ennemi sur ce point, et contenir les Mamlouks, s'ils faisaient mine de vouloir prendre part au combat.

Les deux corps, commandés par les généraux Vial et Rampon, s'avancèrent d'un pas rapide vers le champ de bataille, et, quand ils n'en furent plus éloignés que d'une-demi lieue, le général en chef, pour instruire Kléber de son approche, ordonna une décharge de toute son artillerie. Ce signal fut compris de tous les soldats ; la fatigue fut oubliée, et des cris de joie s'élevèrent de tous les rangs. Kléber mit à profit ce mouvement d'enthousiasme et ordonna de redoubler le feu sur tous les points. Les règles de l'art prescrivaient à Abdallah de détacher sur-le-champ une partie de son armée pour marcher à la rencontre de Bonaparte, tandis que le reste de sa troupe aurait écrasé la division Kléber; mais frappé de stupeur, et ignorant les plus simples dispositions de la tactique militaire, il ne prit aucune mesure pour déjouer la manoeuvre du général en chef. Cependant, rassuré bientôt par la supériorité numérique de sa cavalerie, il voulut tenter un dernier effort et donna une nouvelle charge, lorsque tout à coup Bonaparte parut sur le champ de bataille. Le carré, commandé par l'intrépide général Rampon, s'avança dans la plaine, tambour battant, l'arme au bras, et attaqua les Turcs en flanc et à dos. Ceux-ci, pour lui faire face, ralentirent le combat acharné qu'ils livraient à la division Kléber. Ce

général saisit le moment d'irrésolution de l'ennemi et prit à son tour l'offensive. Il lança sur Fouli une colonne de 200 grenadiers, commandés par le général Verdier. Elle s'avança avec audace en faisant pleuvoir un feu terrible de droite et de gauche sur un corps de fantassins ennemis qui s'opposait à son passage, et le village fut enlevé à la baïonnette. Serré entre Kléber et Rampon, le pacha de Damas sentit qu'il ne pouvait plus tenir le champ de bataille, et qu'il ne lui restait plus de salut que dans une prompte fuite.

Il résolut de faire sa retraite sur Naplous et se dirigea sur le village de Noures, seul point dont il ne fût pas coupé; mais, à l'instant même, le corps du général Vial, qui n'avait point encore paru, se déploya à la rencontre des Turcs et leur ferma le passage. Les carrés de Kléber, Vial et Rampon, conformément au plan du général en chef, formaient les trois côtés d'un triangle équilatéral, et, marchant dans une direction concentrique, faisaient tourbillonner les Turcs au milieu de la plaine. Foudroyée par l'artillerie, repoussée de toutes parts par la fusillade ou l'arme blanche, après des efforts inouïs pour s'ouvrir un passage vers son camp et ses magasins, l'armée ennemie se précipita derrière le Mont-Thabor et s'écoula en désordre vers le Jourdain. Un corps d'infanterie la poursuivit au pas de charge et la poussa, la baionnette dans les reins, sur le chemin d'Erbed, d'où elle gagna le pont de Medjameh. La terreur des fuyards fut telle, qu'emcombrés au passage du pont, ils se

jettèrent en foule dans le Jourdain pour gagner plus promptement l'autre rive; un grand nombre s'y engloutit.

Pendant ce temps-là, le général Murat, après avoir débloqué Saffet, battu le corps d'armée qui gardait le pont de Jacoub et fait occuper ce débouché important, se réunissait à l'adjudant-général beturq en avant de Djenine. Il attaqua le camp des Mamlouks, en tua un grand nombre, fit 300 prisonniers, arrêta un convoi de 500 chameaux, enleva leurs munitions, leurs vivres et tous les riches bagages d'Ibrahim.

L'armée des pachas perdit dans cette journée plus de 6,000 hommes; les Français en perdirent près de 200 et eurent environ 100 blessés '.

L'armée victorieuse, harassée de fatigue, bivouaqua au pied du Mont-Thabor pendant la nuit du 27 au 28 germinal. Cette bataille décisive éloigna pour toujours de la Tibériade les armées de la Porte; les troupes musulmanes qui avaient échappé à ce désastre, se dispersèrent frappées d'épouvante dans les provinces d'où elles étaient

sorties.

Le 28, Murat reçut l'ordre de se porter à Tabarieh pour s'emparer des magasins immenses que l'ennemi y avait formés; la garnison s'enfuit à son approche. Les provisions trouvées dans cette ville étaient en si grande quantité, que le commissaire des guerres Miot écrivit à l'ordonnateur en chef d'Aure qu'il lui était impossible d'en

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Larrey, Relation chirurgicale de l'armée d'Orient, p. 109,

dresser des états; mais qu'il y en avait assez pour nourrir toute l'armée pendant un an.

Les habitans de Djenine, Noures, Oualar, villages annexés au territoire de Naplous, malgré les protestations pacifiques de Bonaparte, n'avaient cessé de commettre des hostilités contre les Français depuis le commencement de la campagne. Le général en chef les avait menacés plusieurs fois de mettre leurs villages à feu et à sang, s'ils continuaient dé porter les armes contre lai. Une députation était venue implorer sa clémence; il s'était laissé fléchir et leur avait promis protection, s'ils restaient tranquilles dans leurs rochers. Mais ces montagnards, naturellement belliqueux, redoutant le joug d'une armée chrétienne, excités par l'exemple de Ghérar et l'arrivée du pacha de Damas avaient repris les armes et avaient combattu les Français à la journée du Mont-Thabor. Ils avaient pillé des convois de vivres que les Druses envoyaient à son camp d'Acre, et avaient égorgé avec des circonstances horribles les soldats qui les escortaient. Bonaparte jugea urgent d'en tirer une vengeance exemplaire, et, pour les punir, fit brûler les villages de Djenine, Noures et Oualar'.

Le cheyk Ghérar, après avoir perdu la plus grande partie de ses Naplousains à la bataille du Mont-Thabor, ayant vu brûler le palais de Djenine où il faisait sa résidence, se repentit alors, ainsi que Bonaparte l'avait prédit à Kléber, d'a

Lettre de Bonaparte au Directoire, du 22 floréal.

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