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lippeaux, et il devenait très-important de savoir s'il avait été tué. Le seul sentiment de Bonaparte fut celui de la curiosité. Les soldats apportèrent d'eux-mêmes le corps du capitaine Asfield, expirant, qu'ils avaient reconnu pour être un officier anglais. Lorsqu'il fut arrivé au quartier-général, il avait cessé de vivre. On trouva sur lui son breoù étaient mentionnées des actions d'éclat qu'il avait faites à la prise du cap de Bonne-Espérance. Bonaparte ordonna qu'il fût inhumé avec tous les honneurs de la guerre. Son épée, Son épée, honorée par lui pendant sa vie, le fut encore après sa mort, en passant entre les mains du plus vieux grenadier de l'armée.

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Cependant le général en chef apprit par les émissaires de Daher, et par les commandans de Saffet et de Nazareth, qu'une armée nombreuse, conduite par les pachas de Syrie et de l'AsieMineure, commandée en chef par Abdallah, pacha de Damas, était en mouvement pour attaquer les Français devant Saint-Jean-d'Acre. On lui donna avis qu'une forte avant-garde, sous les ordres du fils d'Abdallah, avait passé le Jourdain sur les ponts de Jacoub et de Medjameh, et pris position en avant de Tabarieh, où elle rassemblait de grands approvisionnemens. C'était pour empêcher Bonaparte de marcher à sa rencontre, que Djezzar, informé de la marche de ses alliés, avait tenté sa sortie du 18 germinal. Il redoublait d'efforts pour occuper les Français sous les murs d'Acre, espérant que l'armée d'Abdallah viendrait les y surprendre et les détruire.

En annonçant à Bonaparte la présence de l'ennemi dans le pays environnant, Junot partit de Nazareth, et sans calculer la faiblesse de sa troupe, marcha au-devant de lui avec 400 hommes d'infanterie et 100 cavaliers. Le 19 germinal, il arriva au débouché de la vallée de Cana-surLoubi, et vit 2 ou 3,000 cavaliers caracolant dans la plaine, entre le village de Loubi et le MontThabor; c'étaient des Arabes. A neuf heures du matin, il rangea sa troupe en bataille, et au moment où il se disposait à marcher au combat, il aperçut derrière lui, venant de Loubi, un autre corps de cavalerie ennemie d'environ 2,000 hommes, Mamlouks, Osmanlis, Maugrabins, marchant au petit pas et en bon ordre. Junot jugea que l'attaque de ce corps pourrait seule être dangereuse, et fit, pour le recevoir, des changemens à ses premières dispositions. D'après les ordres de leur général, les soldats, silencieux, immobiles, attendirent, jusqu'à portée de pistolet, l'ennemi qui s'avançait plein de confiance. Alors, accueilli tout à coup par une fusillade vive et meurtrière, il se retira à quelque distance, laissant plus de 300 hommes tués ou blessés sur le champ de bataille.

L'ennemi revint à la charge, fut reçu avec la même intrépidité, et fit sa retraite à trois heures du soir, après un grand nombre d'escarmouches et de combats singuliers où il perdit plus de 500 hommes, et dont les Français sortirent toujours vainqueurs. Ceux-ci ne perdirent que 12 hommes et eurent 40 blessés.

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Le général en chef instruisit de cette victoire l'adjudant-général Almeyras, à Damiette, et le chargea d'en faire passer la nouvelle au général Dugua. «Ne perdez pas de vue, ajoutait-il, les fortifications et les approvisionnemens du fort de Lesbeh; car, après avoir combattu en Syrie, pendant l'hiver et le printemps, il serait possible que cet été une armée de débarquement nous mit à même d'acquérir de la gloire à Da

miette. >>

Il écrivit à Marmont : « Le général Junot s'est couvert de gloire, le 19, au combat de Nazareth. Avec 500 hommes, il a battu 4,000 hommes de cavalerie, pris 5 drapeaux, tué ou blessé plus de 6oo hommes; c'est une des affaires brillantes de la guerre.

Notre siége avance. Nous avons une galerie de mine qui déjà dépasse la contreescarpe, chemine sous le fossé à 30 pieds sous terre, et n'est plus qu'à 18 pieds du rempart. Il y a, dans la place, beaucoup d'Anglais et d'émigrés français ; vous sentez que nous brûlons d'y entrer. 1 y a à parier que ce sera le 1". floréal. Ce siége, à défaut d'artillerie, et vu l'immense quantité de celle de l'ennemi, est une des opérations qui caractérisent le plus la constance et la bravoure de nos troupes. L'ennemi tire ses bombes avec une grande précision. Nous avons eu jusqu'à présent 60 tués et 30 blessés. Mailly, Lescale et Laugier sont morts. Le général Caffarelli, mon aide-de

Lettre du 22 germinal.

camp Duroc, Eugène, l'adjudant-général Valentin, les officiers du génie Samson, Say et Souhait sont blessés.

Damas n'attend que la nouvelle de la prise d'Acre pour se soumettre. Je serai dans le courant de mai de retour en Égypte. Expédiez de nos nou

velles en France.

Approvisionnez-vous, et que vos soins ne se bornent pas à Alexandrie. Songez que cela n'est rien, si le fort Julien n'est pas en état de faire une bonne résistance. Après avoir fortifié votre arrondissement, vous aurez la gloire de le défendre cet été. Je vous répète ce que je vous ai dit dans ma lettre du 21 pluviôse, de me faire faire une bonne carte de votre arrondissement, en y comprenant une partie du lac Burlos. Vous savez combien cela est nécessaire dans les opérations militaires.*. »

En visitant la tranchée, le 20 germinal, le général Caffarelli avait reçu une balle au bras droit, seule partie de son corps qui fut visible pour l'ennemi. Il eut l'articulation du coude tellement fracassée, que l'amputation fut jugée nécessaire. Il la demanda lui-même; Larrey la fit. Ce général, déjà mutilé, la supporta avec un grand courage et sans proférer un seul mot. Quoique extrêmement brave, Caffarelli ne se battait que par nécessité. Il aimait la gloire, mais encore plus les hommes; la guerre n'était pour lui qu'un moyen d'arriver à la paix. Il portait une sorte

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de culte à son général en chef, qui, de son côté, l'aimait beaucoup, et avait pour lui la plus grande

estime.

Le général en chef jugea que Junot, malgré l'avantage qu'il avait remporté au combat de Nazareth, ne pourrait longtemps faire face à un ennemi aussi nombreux. Il fit partir Kléber avec 1,500 hommes. Ce général se mit en marche le 20 germinal, et rejoignit Junot à Nazareth. Le fils du pacha de Damas, avec 4,000 chevaux, était resté à Loubi, et occupait le village de SeidJarra avec 600 hommes d'infanterie. Kléber marcha à sa rencontre, et se trouva en sa présence le 22 germinal. Il détacha deux bataillons pour attaquer le village qui fut enlevé à la baïonnette marcha au pas de charge sur la cavalerie qui cherchait à l'envelopper. On se fusilla de part et d'autre pendant une partie de la journée, et l'ennemi se retira en désordre.

et

Kléber, malgré ce succès, ne se sentant pas assez fort pour poursuivre l'ennemi dans sa déroute, et manquant de munitions, regagna les hauteurs de Saffarieh, et s'y retrancha pour attendre des renforts. Il apprit bientôt que le capitaine Simon, commandant de Saffet, avait été attaqué par un fort détachement ennemi; qu'il ́s'était retiré dans le fort avec sa troupe; que les Turcs en avait vainernent tenté plusieurs fois l'escalade; qu'ils avaient ravagé le pays et brûlé la ville, et que le fort était étroitement bloqué. Des émissaires chrétiens, expédiés pour espionner les mouvemens de l'ennemi, rapportèrent à Kléber

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