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pour parlementaire français l'adjudant-commandant Fouler', et Martin, officier de l'Alceste, pour commander le canot.

Le 15 brumaire, les canots sortirent du PortVieux et allèrent à bord du vaisseau anglais le Swiftshure, qui croisait devant la ville et les envoya au vaisseau le Zealous, monté par le commodore Hood, près d'Abouqyr.

Les parlementaires furent reçus avec tous les égards imaginables. Fouler fit les offres de rafraîchissemens; les Anglais y parurent sensibles, mais ne les acceptèrent pas. La conversation s'engagea; le commodore Hood parla constamment à Fouler avec beaucoup de modération, de retenue, d'égards et d'estime, pour la nation, pour l'armée et celui qui la commandait; il donna la nouvelle d'une insurrection arrivée à Malte, où tout était rentré dans l'ordre après quelque effusion de sang. Il dit ensuite que la Porte avait déclaré la guerre à la France; qu'une escadre de onze caravelles, suivie d'un convoi, était, dans ce moment, sortie des Dardanelles, et une escadre russe, forte de seize bâtimens, devant Corfou.

Il avait à son bord une très-grande quantité de lettres appartenant aux officiers de l'armée; il offrit de les rendre, si on le désirait, et, de luimême, il promit d'envoyer toutes celles qui viendraient dorénavant à l'adresse du général en chef et à celle des officiers généraux, et qui seraient étrangères au gouvernement; il ajouta qu'il at

Ancien officier d'artillerie, de la plus grande distinction, tué devant Acre.

tendait sous peu de jours des gazettes, et que, lorsqu'il les aurait lues, il les ferait passer par le premier parlementaire.

Bracewich et Ibrahim-Aga trouvèrent le commandant turc à bord de l'amiral anglais, où il était toujours; c'était Hassan-Bey de Rhodes, vieillard très-âgé, sans esprit et sans moyens, et qui, probablement, était le jouet des Anglais.

Les caravelles et les deux frégates turques, qui étaient à Abouqyr, venaient de Rhodes, et n'avaient point reçu d'ordres de Constantinople. Les petits bâtimens paraissaient être, pour la plupart; des vaisseaux marchands que l'on avait rasés et armés en guerre.

Bracewich reconnut à bord l'interprète Pisani, drogman du commodore Hood, qui lui raconta qu'à la prise de possession de l'Égypte par les Français, il y avait eu un mouvement à Constantinople, et qu'après une assemblée des grands de l'empire, on avait déclaré, le 10 septembre, la guerre à la France; que le chargé d'affaires Ruffin avait été mis au château des Sept-Tours; que les Français avaient été renfermés au palais de la République, et leurs biens séquestrés; que le capitan-pacha, le grand-visir et le reis-effendi, comme amis des Français, avaient été déposés ; que Passwan-Oglou avait fait sa paix, etc., etc.

Bracewich et Ibrahim-Aga n'osèrent pas faire au commandant turc, à bord de l'amiral anglais, la proposition dont ils étaient chargés; ce commandant ne leur inspira aucune confiance. Le but principal de la mission fut donc manqué. Cepen

que

dant les parlementaires avaient rapporté des nouvelles importantes; mais Bracewich et Marmont n'y croyaient pas. Ils étaient persuadés que c'étaient des mensonges inventés par les Anglais; le manifeste de la Porte était une pièce apocryphe, et que les bâtimens de guerre turcs qui se trouvaient là, n'y étaient venus de Rhodes que trompés par une fausse déclaration de guerre. Cependant ces nouvelles n'étaient que trop vraies. Il faut convenir qu'avant de les avoir reçues, Bonaparte lui-même ne croyait pas encore à une rup. ture avec la Porte. Il avait écrit, le 14, à Marmont : « J'ai reçu des nouvelles de Constantinople; la Porte se trouve dans une position très-critique; il s'en faut de beaucoup qu'elle soit contre nous. L'escadre russe a demandé le passage par le détroit, la porte lui a refusé avec beaucoup de décision ». Il écrivit même au grand-visir cette nouvelle lettre :

« J'ai eu l'honneur d'écrire à votre excellence le 13 messidor, à mon arrivée à Alexandrie. Je lui ai également écrit le 5 fructidor par un bâtiment que j'ai expédié exprès de Damiette; je n'ai reçu aucune réponse à ces différentes lettres.

Je réitère cette troisième pour faire connaître à votre excellence l'intention de la République Française de vivre en bonne intelligence avec la Sublime-Porte. La nécessité de punir les Mamlouks des insultes qu'ils n'ont cessé de faire au commerce français, nous a conduits en Égypte; tout comme, à différentes époques, la France a dù faire la même chose pour punir Alger et Tunis.

La République Française est, par inclination comme par intérêt, amie du sultan, puisqu'elle est l'ennemie de ses ennemis. Elle s'est positivement refusée à entrer dans la coalition qui a été faite avec les deux empereurs contre la SublimePorte: les puissances, qui se sont déjà précédemment partagé la Pologne, ont le même projet contre la Turquie, Dans les circonstances actuelles, la Sublime-Porte doit voir l'armée francaise comme une amie qui lui est dévouée, et qui est toute prête à agir contre ses ennemis.

Je prie votre excellence de croire qué personnellement je désire concourir et employer mes moyens et mes forces à faire quelque chose qui soit utile au sultan et puisse prouver à votre excellence mon estime et ma considération pour elle '. »

Le général en chef ordonna au général commandant à Alexandrie, s'il se présentait, pour entrer dans le port, une ou deux frégates turques, de les laisser entrer; de répondre qu'il devait en référer au Kaire, si des bâtimens de guerre se présentaient en plus grand nombre, et d'engager le commandant à y envoyer quelqu'un. Si une escadre turque venait croiser devant le port et communiquer directement, de lui faire toutes sortes d'honnêtetés, et de prendre toute espèce d'informations; si elle ne communiquait que par des parlementaires anglais, de lui faire connaître combien cela était indécent et contraire au res

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pect que l'on devait à la dignité du sultan, et d'engager le commandant à communiquer direc

tement '.

Quand il eut reçu les rapports de Bracewich et de Marmont, Bonaparte ne partagea pas leur incrédulité et ne put pas conserver d'espérances. Peu satisfait de la manière dont la mission confiée à Bracewich avait été remplie, il dépêcha un nouveau parlementaire, et choisit le lieutenant de ses guides Guibert, officier souple, mesuré, adroit, et mettant dans ses négociations l'habileté d'un vrai diplomate".

D'après ses instructions, Guibert partit pour Rosette avec le Turc Muhammed-Téhaouss, lieutenant de la caravelle qui était à Alexandrie, pour s'y embarquer et aller à bord de l'amiral anglais. Muhammed était porteur d'une lettre de Bonaparte à Hassan-Bey, commandant de la flottille turque. Il était recommandé à Guibert de rester quelques heures avec l'amiral anglais, de lui remettre sans prétention les journaux égyptiens, de tâcher d'avoir les journaux d'Europe, de laisser échapper dans la conversation que le général en chef recevait souvent par terre des nouvelles de Constantinople; si l'amiral parlait de l'escadre russe devant Corfou, de lui laisser d'abord dire tout ce qu'il voudrait, ensuite de lui faire sentir qu'il ne croyait pas à la présence de cette escadre, parce que, si les Russes avaient des forces dans

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• Petit-fils de M. de Guibert, ancien gouverneur des Invalides, il était âgé de 20 ans au plus, et était venu de Rome avec Monge.

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