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rie française. L'adjudant général Laugier fut commandé pour monter à l'assaut. Il fut précédé par un corps de sapeurs escorté de 25 grenadiers, afin de déblayer le pied du rempart. Mais au moment où ils s'élançaient vers la brèche, arrêtés court par une contrescarpe de 15 pieds et un large fossé, ils rentrèrent dans la tranchée.

pour

Le général en chef fit sur-le-champ pousser une mine faire sauter la contrescarpe. Le 7 germinal, les assiégés, conduits par Djezzar en personne, firent une sortie pour détruire les ouvrages commencés, et furent repoussés en désordre dans la place. Les batteries de brèche continuèrent leur feu contre la tour carrée. On fit jouer en même temps l'artillerie de campagne. Le 8 germinal, la mine sauta, et on assura que la contrescarpe était entamée. Les troupes demandèrent à grands cris l'assaut. Bonaparte se porta sur-lechamp dans la tranchée pour reconnaître l'état de la brèche. Le jeune Mailly de Châteaurenaud, surnommé Minerve, adjoint aux adjudans-généraux, sollicita l'honneur d'y monter le premier. Il avait à coeur de venger les mânes de son frère, envoyé par Bonaparte auprès d'Achmet-Djezzar', et à qui ce pacha avait fait trancher la tête. L'adjudant-commandant Laugier, avec un corps d'élite de 600 hommes, se tenait dans la place d'armes, à 100 toises des murs, prêt à se lancer sur la brèche, dès qu'on en aurait déblayé le pied. Six sapeurs y furent envoyés. Mailly, avec 25 gre

Le 29 Brumaire

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nadiers, fut chargé de les soutenir. Il s'avança l'échelle au bras, jusqu'à la contrescarpe, et rcconnut que la moitié seulement avait sauté; il en restait encore 8 pieds. Néanmoins il descendit dans le fossé, et jugea plus facile de monter à la brèche que d'attendre que le pied en fût déblayé. On dit qu'en voyant ce jeune officier dresser son échelle contre le rempart la terreur s'empara des Turcs, et qu'un grand nombre s'enfuit précipitamment vers le port; on dit même que Djezzar se sauva sur ses vaisseaux. Mailly fut blessé au pied et renversé dans le fossé. Alors les assiégés reprirent courage, se rallièrent sur la tour carrée, et firent pleuvoir sur les assaillans des torrens de matières enflammées. Les grenadiers, après des efforts inouis, pénétrèrent dans la tour, et, ne trouvant aucune issue pour entrer dans la ville, ils revinrent sur leurs pas et rentrèrent dans le fossé; mais, ayant vu tomber leur chef, en butte eux-mêmes à une fusillade meurtrière, ils remontèrent la contrescarpe.

Les adjudans-généraux Lescale et Laugier, accourus au pas de course pour les soutenir, y arrivèrent en ce moment avec deux bataillons. Les grenadiers leur annoncèrent que Mailly était mort et que la brèche était impraticable. Cependant, on tenta de nouveau l'assaut. Une partie des troupes descendit dans le fossé; Lescale et Laugier y trouvèrent la mort. Les soldats qui étaient restés sur la contrescarpe, exposés au feu des remparts, n'ayant pas le moyen de descendre pour soutenir leurs frères, allèrent se mettre à l'abri dans la

tranchée. Ceux qui étaient restés sous les murs, après de vains efforts pour monter à la brèche n'étant pas soutenus, furent contraints de sortir du fossé et de rentrer dans la tranchée.

Mailly, qui avait eu le pied fracassé d'un coup de feu, ayant repris ses sens, mais ne pouvant suivre les siens dans leur retraite, implora le secours d'un grenadier. Ce brave le prit sur ses épaules, et s'avançait péniblement au milicu des décombres de la brèche, lorsqu'une balle le renversa. Pendant la nuit, les Turcs descendirent de leurs murs, trouvèrent Mailly vivant, et lui coupèrent la tête. Ainsi tombèrent à la fleur de l'âge, sous le couteau de Djezzar, deux malheureux frères dignes d'un meilleur sort. On coupa également les têtes des Français trouvés morts dans le fossé, pour les saler et les envoyer à Constantinople. Pendant qu'on mutilait les restes de Mailly, Phélippeaux recevait son épée des mains des barbares, et insultait à ce jeune guerrier mort au champ d'honneur '.

Cependant cet échec prouva au général en chef que le siége de Saint-Jean-d'Acre exigeait toutes les ressources de l'art. La prise de Jaffa et surtout T'opinion des chrétiens de Syrie, qui assuraient que la place d'Acrc ne tiendrait pas quatre jours, avaient donné trop de confiance à l'armée. Elle se trouvait en présence d'une place, flanquée de murailles et de fortes tours, et environnée d'un fossé profond avec escarpe et contrescarpe. Bonaparte

· Relation de l'expédition de Syrie, par Berthier, page 35.

sentit la nécessité d'une attaque plus régulière; on reprit les travaux avec ardeur. On prolongea les chemins couverts; un nouveau puits de mine fut ouvert pour faire santer la contrescarpe entière; pour cette opération, les mineurs demandèrent huit jours. Les Turcs, fiers d'avoir repoussé les assiégeans, firent une sortie le 10 germinal, se portèrent sur la tranchée, attaquèrent les travailleurs, parvinrent à les déloger. et tuèrent le chef de brigade du génie Detroye. Mais revenus bientôt de leur surprise, ceux-ci retournèrent sur leurs pas, et, malgré une vive résistance, repoussèrent les assiégés dans la place.

Instruit exactement par les chrétiens du progrès des rassemblemens de peuples divers qui se préparaient à fondre sur lui sous les ordres d'Abdallah, pacha de Damas, Bonaparte résolut de faire des détachemens pour reconnaître la force et la position de ces nouveaux ennemis, et observer leurs mouvemens. Il avait chargé le cheyk Mustapha-Békir de la défense du fort de Saffet et du pont de Jacoub; mais, prévoyant qu'il n'était pas en force pour résister à une irruption du pacha de Damas, s'il tentait le passage du Jourdain avec son armée, il envoya Murat à Saffet, le 10 germinal. Ce général partit du camp avec sa cavalerie, guidé par les Druses. Il traversa de forts beaux sites, des torrens d'eau limpide, des collines couvertes d'oliviers et d'arbustes en fleur. Il fut bien accueilli sur sa route. Les habitans lui apportèrent des vivres. Les femmes chrétiennes n'étaient pas voilées, comme les Égyptiennes, et

montraient une physionomie douce et prévenante. Le lendemain, il arriva à Saffet. Cette petite ville est bâtie autour d'un pic très-aigu, sur le sommet duquel s'élève le fort. Murat trouva à Saffet Moustapha-Békir et le cheyk Daher. A défaut d'armes et de munitions, ils n'avaient pu réduire le fort occupé par une faible garnison de Maugrabins; mais à l'approche des Français, elle se sauva; on lui fit deux prisonniers que l'on traita bien. Murat laissa sa cavalerie à Saffet, et se porta avec un détachement d'infanterie au pont de Jacoub sur le Jourdain, et suivit cette rivière jusqu'au lac de Genezareth ou de Tibériade, en arabe Bahrel-Tabarieh. N'ayant rien aperçu qui pût faire croire au rassemblement et à l'approche d'un corps ennemi, il revint à Saffet et y établit une garnison française, commandée par le capitaine Simon. Cette ville est bâtie sur l'emplacement qu'occupait autrefois Béthulie. Un vieillard montra à Murat l'endroit où, suivant la tradition, était la tente d'Holopherne lorsque Judith lui coupa la tête. Murat rentra au camp d'Acre le 15 germinal.

Le général Vial en était parti la veille avec 500 hommes pour aller occuper le port de Sour et y établir une garnison de Mutualis, commandés par le cheyk Nassur, fils de Nakef, tué cinq ans auparavant dans un combat contre les Arnautes du pacha d'Acre. Nassur s'y était déjà rendu d'après un ordre direct de Bonaparte. Les habitans de Sour et surtout les chrétiens s'étaient enfuis à son approche, emportant leurs effets. Le général

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