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Le 24 ventôse, les divisions Bon et Lannes et le quartier-général sortirent de Jaffa, et se mirent en mouvement sur la route d'Acre. Ce même jour, Kléber, avant de quitter la position qu'il occupait à Miski, fit pousser, ainsi qu'il l'avait annoncé au général en chef, une forte reconnaissance à sa droite, vers les montagnes de Naplous; mais à peine les troupes furent-elles engagées dans les défilés, qu'elles furent assaillies par les Naplousains embusqués derrière leurs rochers. Le général Damas, qui commandait l'expédition, fut blessé, et ramenait son détachement au camp de Miski, au moment où le général en chef y arrivait avec les divisions Bon et Lannes.

Le 25, l'armée, renforcée de la division Kléber, se mit en marche sur Zeta. A dix heures, elle aperçut, au-delà du village de Qaqoun, l'armée ennemie appuyée à des hauteurs sur le flanc des Français. La droite, forte de 10,000 hommes, était composée de Naplousains; Abdallah, à la tête de 2,000 chevaux, tenait la droite. L'intention de ce pacha était de refuser la bataille et de céder le terrain aux Français, afin de retarder leur marche sur Acre et de les attirer dans les montagnes de Naplous.

Le général Kléber forma sa division en carré et se porta sur la cavalerie d'Abdallah qui chercha, en rétrogradant, à éviter le combat. Le général Murat déploya sa cavalerie au centre, et Lannes eut ordre de tourner la droite, de lui couper la route de Naplous, afin de contraindre

l'ennemi à se retirer sous Acre ou sous Damas. Le général en chef recommanda à Lannes de ne point trop s'engager dans les montagnes; mais, emportée par son ardeur, sa division y suivit imprudemment l'ennemi dans sa retraite, et fit deux lieues sur un sol inégal, à travers des rochers d'un difficile accès. Alors les Turs reprirent l'offensive, attaquèrent audacieusement les Français, les forcèrent de rétrograder, et les poursuivirent vivement jusqu'au débouché des montagnes. Pendant ce temps là, Kléber, qui serrait de près la cavalerie, l'avait rejetée sur la route d'Acre. Elle fit deux journées de marche en quatre heures de temps, et arriva le même jour dans cette ville, où elle répandit la consternation et l'effroi. Le pacha de Damas, après s'être abouché avec Djezzar, regagna précipitamment sa résidence. Ce combat coûta aux Turcs environ 400 hommes; les Français en perdirent une quinzaine et eurent 30 blessés.

Le 25 au soir, l'armée alla camper à la tour de Zeta, à une lieue de Qaqoun. Le 26, elle s'établit à Nabatha, au débouché des gorges du MontCarmel, sur la plaine d'Acre.

Le Mont-Carmel est un promontoire escarpé qui couvre la partie méridionale du golfe qui porte son nom, à trois lieues de Saint-Jean-d'Acre. Ce mont domine toute la côte, et les marins vont le reconnaître quand ils abordent en Syrie. A son pied, est située la ville de Caïffa, peuplée d'environ 3,000 ames. Elle a un petit port, une en

ceinte à l'antique avec des tours, un château qui défend le port et la rade, dominé de très-près par des mamelons du Carmel.

Le général Kléber se porta sur Caïffa et y entra sans résistance. L'ennemi venait de l'évacuer, emportant l'artillerie et les munitions. On trouva dans la ville des magasins de coton, 20,000 rations de biscuit, autant de riz et 3,000 quintaux de blé destiné à approvisionner l'escadre anglaise qui bloquait Alexandrie.

Le général en chef laissa la garde de Caïffa au corps de dromadaires, fort de 88 hommes, sous les ordres du chef d'escadron Lambert. Il fit ensuite défiler l'armée sur Saint-Jean-d'Acre. Elle se mit en marche dans la journée du 27. L'avant-garde aperçut en mer une division anglaise qui avait mouillé la veille dans la rade de Caïffa. Elle était commandée par le commodore Sidney-Smith, et faisait partie de l'escadre qui avait tenté le bombardement d'Alexandrie. Informé par Djezzar de l'entrée de l'armée française en Syrie, ce commodore s'était empressé d'aller à son secours, et était arrivé à Caïffa deux jours avant les Français. Ses deux plus gros vaisseaux étaient le Tigre et le · Theseus. Les chaloupes du Tigre firent feu sur les Français et les contraignirent de s'éloigner de la côte. Le temps était brumeux et les chemins très-mauvais. L'armée arriva le soir à l'embouchure de la Kerdanneh, petite rivière qui coule à 1,500 toises d'Aore, et y passa la nuit. Le général en chef écrivit par un cheyk arabe au gé

néral Reynier, qu'il croyait être arrivé à Césarée, de faire filer sur Caïffa le riz et le biscuit qui devaient lui être arrivés; de laisser un bataillon à Césarée, et de rejoindre l'armée avec le reste de sa division. Par la même occasion, Bonaparte instruisait le commandant de Jaffa, Grézieux, de la prise de Caïffa et du combat de Qaqoun; il lui demandait des approvisionnemens, et lui prescrivait diverses mesures pour la sûreté de la flottille, dès qu'elle serait arrivée à Jaffa 2.

Aussitôt que le général en chef fut instruit de la présence de la croisière anglaise devant SaintJean-d'Acre, il conçut de justes inquiétudes sur le sort des convois qu'il avait brdonné d'expédier d'Alexandrie et de Damiette. Il écrivit à Gantheaume de donner contre - ordre au capitaine Stanglet, et, s'il était déjà parti, de le faire rentrer à Damiette ou à Burlos; d'ordonner au contreamiral Perrée de ne point effectuer sa sortie, et, dans le cas où il l'aurait opérée, de lui donner l'ordre, à Jaffa, de faire une tournée du côté de Candie, afin de recueillir des nouvelles d'Europe, et de revenir 15 ou 20 jours après son départ de Jaffa, prendre d'autres instructions à Damiette 3.

Mais ces précautions étaient en partie superflues; il était trop tard, du moins en ce qui con

'Lettre du 28 ventôse.

'Lettre à Grézieux, du 28 ventôse.

3 Lettre à Gantheaume, ibid.

cernait la flottille de Stanglet. Au moment où Bonaparte prenait les mesures nécessaires pour éviter qu'elle ne fût prise, elle tombait au pouvoir des Anglais. Elle doublait le Mont-Carmel lorsque le Tigre l'aperçut; il la poursuivit et l'eut bientôt atteinte. Sept des bâtimens qui la composaient amenèrent pavillon; il ne s'en échappa que trois.

Cependant, un pont avait été établi dans la nuit du 27 au 28 sur la Kerdanneh, le Bélus des anciens, dont les eaux coulaient à peine dans un fond marécageux. L'armée passa cette petite rivière le 28, dès la pointe du jour, et prit position sur une hauteur à 1,000 toises d'Acre, d'où Bonaparte fit l'examen de la place. L'ennemi occupait des jardins en dehors de la ville; le général en chef le fit attaquer; on le rejeta derrière ses murs.

DEUXIÈME PÉRIODE.

Bonaparte envoie des paroles de paix aux habitans du pachalic d'Acre.-Les Druses se soumettent à l'armée française.-Siége d'Acre.-Bonaparte fait occuper les forts de Saffet et de Sour. -Combats de Nazareth et de Loubi.-Bataille du Mont-Thabor. Rapports entre Bonaparte et Sidney-Smith. - Desgenettes s'inocule la peste.-Une flotte turque apporte des renforts à Acre.-Dernières tentatives de Bonaparte pour s'emparer de cette place.

Avant d'investir la ville d'Acre, Bonaparte voulut se concilier les habitans du pachalic de

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