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habitans, et partit le 10 pluviôse pour Jaffa où l'ennemi rassemblait ses forces.

L'armée passa le torrent de Sorec, laissant à sa gauche les ruines d'Ascalon. Elle traversa une vaste plaine couverte de monticules de sables mouvans, que la cavalerie ne pouvait franchir qu'avec beaucoup de difficultés. Les chameaux s'y traînaient péniblement. Pendant environ 3 lieues, il fallut tripler les attelages de l'artillerie. Le 10 pluviôse, on coucha à Ezdoud, l'ancienne Azoth, où l'on trouva une grande quantité de scorpions et de reptiles venimeux. Les soldats allumaient des feux pour s'en défendre. Le 11, on bivouaqua à Ramleh, autrefois Arimathia. Cette petite ville n'avait alors guère plus de 200 familles ; ses habitans étaient presque tous chrétiens. L'ennemi l'avait évacuée avec tant de précipitation, qu'il abandonna 100,000 rations de biscuit, une immense quantité d'orge et 1,500 outres que Djezzar avait préparées pour passer le désert.

L'armée française se trouvait à 10 lieues de Jérusalem. On rapporte qu'alors Bonaparte dirigea une avant-garde sur cette ville, où un grand nombre de chrétiens étaient dans les fers et sous le poignard; qu'il conclut secrètement un armistice avec Ismaël, pacha de Jérusalem, et se trouva ainsi tranquille sur son flanc droit. On ne trouve aucune trace de ce traité. C'est après la prise de Jaffa, dépendant du pachalic de Jérusalem, qu'il envoya dans cette ville, comme dans plusieurs autres, des paroles de paix. Il est certain qu'Is

maël-Pacha ne témoigna aucune vue hostile à l'armée pendant toute la campagne.

L'avant-garde s'approchait de Jaffa. Cette ville était occupée par une forte garnison, composée de Maugrabins, d'Arnautes, d'Alepins, de Kurdes, de Damasquins, de Nègres, d'habitans de la Natolie et de la Caramanie. Il paraît qu'avant d'y arriver, Kléber conçut l'espoir de l'amener à se rendre. Il était accompagné du corps des Maugrabins enrôlés à El-Arych. Il fit écrire par leur capitaine au gouverneur de Jaffa, Abou-Saab, et instruisit de cette démarche le général en chef qui lui répondit de Ramleh pour lui donner son assentiment, en l'engageant d'y joindre une sommation en règle et de faire sentir à l'ennemi que la place ne pouvait tenir. « Si vous pensez qu'un mouvement de votre division sur Jaffa en accélère la reddition, ajoutait-il, je vous autorise à le faire. Si vous entrez dans la ville, prenez toutes les mesures pour empêcher le pillage. Vous placerez la cavalerie en avant sur le chemin d'Acre '. »

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Cette tentative n'eut point de succès. Kléber arriva le 13 en avant de Jaffa. A son approche, l'ennemi se retira dans l'intérieur de la place et canonna les éclaireurs. Les autres divisions et la cavalerie arrivèrent quelques heures après.

Jaffa, autrefois Joppé, c'est-à-dire jolie, située à 16 lieues de Gaza, avait un mauvais port et une rade foraine, et ne contenait pas plus de 8,000

Lettre du 12 ventôse.

habitans; le pays environnant était riche et bien cultivé.

La cavalerie et la division Kléber eurent ordre de couvrir le siége contre les rassemblemens des Naplousains, en prenant position sur le torrent Lahoya, à deux lieues de Jaffa, sur la route d'Acre. Les divisions Bon et Lannes investirent la place. Le 14, le général en chef en fit la reconnaissance. Elle était ceinte de grandes murailles, sans fossés ni contrescarpes. Aux angles, s'élevaient de grosses tours armées d'artillerie. Quoique ces pièces fussent servies par les meilleurs canonniers de l'empire ottoman, leur aménagement était mal entendu; elles étaient maladroitement placées. Bonaparte décida que le front de l'attaque aurait lieu du côté du sud, contre la partie la plus élevée et la plus forte. Plusieurs accidens de terrain permettaient d'approcher à une demi-portée de pistolet des remparts sans être aperçu. A une portée de canon de Jaffa, un rideau dominait la ville et la campagne. On y traça la ligne de contrevallation. C'était la position où devait naturellement camper l'armée ; mais comme elle était éloignée de l'eau et exposée par la nudité du rideau à l'ardeur du soleil, le général en chef préféra la placer dans des bosquets d'orangers, et fit garder la position militaire par des postes.

Dans la nuit du 14 au 15 ventôse, la tranchée fat ouverte. On établit une batterie de brèche et deux contre-batteries dirigées sur la tour carrée la plus dominante du front d'attaque. On plaça

une autre batterie au nord, pour faire diversion. L'ennemi démasqua son artillerie de tous les points de l'enceinte, et fit un feu vif et soutenu.

Pendant les journées du 15 et du 16, on travailla à perfectionner les travaux de siége. L'ennemi fit deux sorties et se porta vers la batterie de brèche; il fut repoussé avec perte derrière ses remparts. Duroc, aide-de-camp du général en chef, se distingua.

Le 17 ventôse, Bonaparte fit adresser par le chef de l'état-major une sommation à la garnison de Jaffa. Il lui représentait les malheurs qu'elle attirerait sur elle et sur la ville, si elle prolongeait sa défense, lui promettait sauve-garde et protection si elle voulait se rendre, et retarda le feu des batteries jusqu'à sept heures du matin. Pour toute réponse, le commandant Abou-Saab fit trancher la tête au porteur de la sommation, et l'armée l'aperçut bientôt plantée sur un pieu au haut des remparts. Il ne resta plus dès lors à Bonaparte qu'un seul parti pour se rendre maître de la place l'heure de sa chute était venue; elle devait être terrible.

Le général en chef fit recommencer le feu de toutes ses batteries; il dura six heures et ouvrit une brèche. A une heure, elle fut jugée praticable. La division Lannes eut ordre de monter à l'assaut. Les adjudans Netherwood et Rambault se présentèrent les premiers sur la brèche; officiers et soldats, chacun s'y lança à l'envi. Mais à l'instant où ils allaient pénétrer dans l'enceinte, l'ennemi démasqua deux batteries de front, et

réunit tous ses tirailleurs sur le front. Il s'établit un combat meurtrier et opiniâtre sur les remparts écroulés. Tout ce que la place contenait de bras s'était porté sur ce point. Les femmes les enfans mêlaient leurs hurlemens au bruit des armes, et lançaient sur les assaillans des pierres et des matières embrasées. Le succès paraissait incertain; mais tandis que la garnison combattait sur ce ce point avec la plus grande valeur pour défendre ses murs, d'un autre côté Jaffa tombait au pouvoir des Français. En effet, la division Bon avait découvert, près de la mer, une brèche praticable et dégarnie de troupes; elle avait pénétré dans la ville presque sans obstacle et s'était emparée du port. Cette nouvelle porta la terreur chez les Turcs. En même temps, la division Lannes se précipita dans la ville. Les habitans et la garnison barricadèrent les rues et se retranchèrent dans les maisons. Le combat recommença plus opiniâtre et plus terrible. La division Launes se joignit à celle de Bon. La garnison, assaillie et cernée de toutes parts, refusa obstinément de se rendre. Le soldat se livra avec fureur au plus horrible carnage, et fit main-basse sur tout ce qui fut trouvé les armes à la main, malgré les généraux et les officiers qui voulaient mettre un terme à cette boucherie. Enfin, lorsque les soldats furent las de tuer et épuisés de fatigue, ils laissèrent la vie aux débris de la garnison qui furent conduits au quartier-général. A cinq heures du soir, l'armée était entièrement maitresse de la ville; mais les généraux n'étaient

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