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composée partie de Syriens, partie de Maugrabins, originaires de la Mauritanie, que Djezzar avait pris à sa solde. Elle s'y barricada et s'y retrancha; disposée à faire une vigoureuse résistance. L'avant-garde, commandée par le général Lagrange, se précipita de droite et de gauche sur le village que Reynier attaqua de front. On combattit vivement de part et d'autre. Les Français parvinrent à pratiquer des brèches et pénétrèrent dans El-Arych. Là, le combat recommença de nouveau; les Syriens s'enfermèrent dans les maisons et dans les impasses, et présentèrent de tous côtés un feu meurtrier. Il fallut pour les déloger enfoncer toutes les portes; la plupart d'entre eux, ne voulant pas se rendre, reçurent la mort après la résistance la plus opiniâtre.

Dès le commencement de l'attaque, le commandant du fort en avait fait fermer les portes, dans la crainte d'une surprise. Par là, il avait ôté toute retraite à ceux qui gardaient le village, et ces malheureux, se voyant sans asile, continuèrent de se défendre avec toute la fureur du désespoir. Ils se réfugièrent dans une vaste citerne, déterminés à ne pas se rendre; mais bientôt, menacés d'être brûlés vifs ou étouffés, ils remirent leurs armes aux Français.

Le soir, le général Reynier, regardant le fort d'El-Arych comme inexpugnable sans artillerie de siége, se borna à en faire le blocus régulier.

La prise de ce village avait coûté aux Français près de 300 blessés. En apprenant cette nouvelle à Salhieh, où se trouvait alors le quartier-général,

Larrey accourut à El-Arych pour leur donner ses soins. Il en fut récompensé par des succès. A défaut d'autre viande, on se servit de chameau. Le bouillon et la chair en furent trouvés nourrissans et assez agréables au goût. On les regretta lorsqu'il fallut plus tard avoir recours au cheval.

Le 21 pluviôse, au soir, on signala dans le désert, sur la route de Gaza, un convoi turc qui se dirigeait sur El-Arych pour en approvisionner le fort. Les jours suivans, ce corps se grossit successivement des Mamlouks d'Ibrahim-Bey et de troupes syriennes, commandés en chef par Abdallah, pacha de Damas. Le 25 pluviôse, se sentant supérieur aux Français, il s'avança jusqu'à une demi-lieue d'El-Arych, et prit une forte position sur un plateau couvert par un ravin escarpé.

Dans la nuit du 26 au 27, Kléber arriva avec une partie de sa division. Alors Reynier, profitant de l'obscurité de la nuit, fit remonter le ravin à la sienne pendant une lieue, le passa, forma sa troupe en bataille, et marcha sur la rive où était campé l'ennemi, dans le dessein de le surprendre. Sa manoeuvre réussit; l'ennemi se trouva cerné entre le ravin et les Français. Des grenadiers, commandés par l'intrépide général Lagrange, pénétrèrent dans le camp et répandirent la terreur parmi les Mamlouks d'Ibrahim. Ils voulurent reprendre la route de Gaza; mais, au même instant, Reynier parut sur ce point avec sa droite. et leur ferma le passage. L'ennemi se jetta alors dans le ravin; la pente du sol entraîna les Mam

louks qui, ne pouvant maîtriser leurs chevaux, furent culbutés les uns sur les autres. Une horrible confusion régna dans le fond du ravin, et les Français y firent un grand carnage. Kassan-Bey, plusieurs kachefs et un émir y trouvèrent la mort. Aly, kachef de Kassan-Bey, fut pris avec un grand nombre de Mamlouks.

Toute l'armée d'Abdallah fut dispersée. On dit même que ce pacha, sur le point d'être surpris dans sa tente, fut contraint de se sauver à pied, à moitié habillé. L'ennemi abandonna ses bagages, son artillerie ses provisions de bouche et de guerre, 50 chameaux, plus de 100 chevaux, laissant sur le champ de bataille 150 tués et plus de 300 prisonniers. Les fuyards ne commencèrent à se rallier qu'à Kan-lounes.

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Après ce combat, Kléber et Reynier firent tirer contre le fort et commencer des boyaux d'approche; mais n'ayant pas assez de munitions pour battre en brèche, ils sommèrent la garnison de se rendre et poussèrent une mine sous l'une des tours du château. Elle fut éventée, et l'ennemi refusa de livrer la place. On se contenta d'en resserrer le blocus, en attendant des munitions.

Cependant Bonaparte partit de Qatieh le 27 pluviôse, alla coucher au puits de Bir-el-Abd, le 28 à celui de Meçoudiah, et arriva le 29 à El-Arych. Malgré tous les soins pour assurer les vivres, les provisions de bouche n'avaient pu suivre les troupés; elles avaient souffert de grandes privations. Quoique on eût fait route sur un sol où la végéta. tion était presque nulle, on avait rencontré dans

is bas-fonds une espèce de petite oseille rafraîchissante, d'un goût agréable, et qui avait servi à calmer le tourment aigu de la soif. Le 30, toute l'armée se trouva réunie à El-Arych. Elle prit position sur des dunes de sable entre le village et la mer. Bonaparte fit canonner une tour du fort, et, dès que la brèche fut praticable, sommer l'ennemi de se rendre. La garnison, forte de 1,600 hommes, était composée de Mamlouks, d'Arnautes, de Maugrabins et d'habitans de la Caramanie, barbares indisciplinés et presque indépendans de leurs chefs. L'aga Ibrahim qui les commandait dut les consulter l'un après l'autre avant de répondre à la sommation de Bonaparte. Hs refusèrent de livrer leurs armes et leurs bagages, clause sur laquelle insistait le général en chef. « Vous demandez les armes et les chevaux de la garnison, répondit Ibrahim-Aga; ceci nous a paru contraire aux principes de générosité que vous avez la réputation de professer, et c'est une chose qui ne s'est jamais vue. La mort nous paraît préférable à la honte, à l'humiliation de nous dessaisir de nos armes, et dussions-nous tous périr jusqu'au dernier, nous ne consentirons point à une condition que personne de nous n'a jamais acceptée. Voilà notre dernière résolution; si vous ne l'approuvez pas, nous nous résignerons à la volonté de Dieu. »

Rien n'était plus facile à Bonaparte que d'enlever d'assaut le château d'El-Arych; mais il fallait sacrifier des hommes, et il lui importait de ména ger son armée, à l'ouverture de la campagne. Il consentit donc à laisser sortir la garnison avec ses

armes. Il fut conclu, le 2 ventôse, une capitulation portant que les troupes commises à la garde du fort en sortiraient pour se rendre à Bagdad par le désert, et qu'on leur donnerait un étendard tricolore et un sauf-conduit. Les agas qui les commandaient jurèrent par Moïse, Abraham et Mahomet, de ne point servir dans l'armée de Djezzar. Trois ou quatre cents Maugrabins demandèrent à servir dans l'armée française; Bonaparte en fit un corps auxiliaire. On trouva dans le fort près de 250 chevaux, deux canons démontés et une provision de vivres pour 15 jours.

Bonaparte crut faire une chose politique en expédiant de suite au Kaire les drapeaux enlevés à l'ennemi, 6 kachefs et une trentaine de Mamlouks prisonniers. En les envoyant au général Dugua, il l'engageait à se concerter avec le cheyk El-Mohdy et les principaux membres du divan pour célébrer une petite fête à la réception des drapeaux, et à faire en sorte qu'ils fussent suspendus aux voûtes de la mosquée de Jémil-Azar, comme un trophée de la victoire remportée par l'armée d'Égypte sur Djezzar et sur les ennemis des Égyptiens. <«<Quant aux Mamlouks prisonniers, écrivait-il, mon intention est qu'ils soient bien traités, qu'on leur restitue leurs maisons; mais que l'on exerce sur eux une surveillance particulière. Vous leur réitérerez la promesse que je leur ai faite de leur faire du bien si j'apprends à mon retour que vous avez été content de leur conduite. » Il chargeait Dugua de faire dire aux habitans du Kaire et de Damiette qu'ils pouvaient envoyer des caravanes en Syrie,

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