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Desgenettes, Larrey, Monge, du commissaire ordonnateur d'Aure, de l'émir-haggy, des quatre cheyks des principales sectes, et enfin du mollah, l'homme le plus révéré de l'empire musulman, après le muphty de Constantinople. Il arriva à Belbeïs au milieu de la nuit.

Le lendemain, il informa Kléber de la marche des divisions Bon et Lannes, de l'arrivée du parc ! d'artillerie à Salhieh, et des mesures qu'il avait prises pour réunir les approvisionnemens nécessaires au passage du désert '. C'était là l'objet de toutes ses sollicitudes. On avait rassemblé plus de 8,000 ânes pour les transports; ils rendirent les plus grands services. Plusieurs convois de chameaux, portant des vivres, étaient en route pour Qatieh. Le général en chef écrivit au général Bon de donner des ordres pour les faire décharger dès leur arrivée; de les renvoyer à Tineh pour y prendre de nouvelles munitions venant de Damiette, et de les faire filer promptement sur ElArych.

Le 23, Bonaparte partit de Belbeïs et coucha à Kâraïin, le 24 à Salhieh, le 25 au Pont-du-Trésor, et arriva le 26 à Qatieh. Il écrivit de ce lieu au contre-amiral Gantheaume de se rendre le 27 à Tineh et à la bouche d'Om-Fâreg; de faire partir de Damiette le capitaine de frégate Stanglet avec sa flottille chargée de vivres pour El-Arych; d'activer la navigation du lac Menzaleh, et de se rendre lui-même au quartier-général, par QaLettre du 23 pluviôse, de Belbeïs.

* Idem.

tieh, dès que sa présence ne serait plus néces saire dans la province de Damiette 1.

ik.

Il écrivit le même jour à Kléber, pour lui annoncer l'arrivée de plusieurs convois. Le 27, ordonna à l'adjudant-général Grézieux de partic pour Tineh avec des chameaux destinés à transporter des vivres à El-Arych. Il écrivait en même temps à l'ordonnateur en chef d'installer le com missaire Sartelon à Qatiel, pour faire filer sur El-Arych tous les objets de subsistance qui s'y trouveraient; de tirer le plus de son qu'il pourrait de Damiette, Menouf et Mehalleh-Kebir; de faire venir de Salhieh, Belbeïs et du Kaire, des convois de biscuit, orge, fèves, son et riz, et de diriger le tout sur Qatieh 3.

Enlever 12,000 hommes à l'Égypte, pour les porter en Syrie, c'était un peu compromettre la tranquillité d'une vaste contrée, dont la soumission exigeait une force imposante, et que les. ennemis de la France cherchaient à soulever par tous les moyens. On pouvait craindre surtout qu'ils ne profitassent de l'absence du général en chef, car sa présence seule valait une armée. La promptitude de son coup-d'oeil prévoyait tout;` la force de sa volonté maintenait l'ordre et triomphait de tous les obstacles. Sa grande renommée imposait au peuple, commandait au soldat le dévouement et le rendait invincible. A peine Bonaparte se fut-il enfoncé dans le désert, à peine son

'Lettre du 26 pluviose.

*Lettre à l'adjudant-général Grézieux, du 27 pluviôse. Lettre à l'ordonnateur en chef, du 27 pluviôse.

bras vigoureux eut-il quitté les rênes du gouvernement, qu'un relâchement funeste se fit sentir sur tous les points et dans toutes les parties. Poussielgue, dans une lettre du 27 pluviôse, lui faisait un triste tableau de la situation financière de l'Égypte. La pénurie de l'argent était telle, que l'on ne pouvait suffire à payer au Kaire les dépenses même les plus indispensables. Poussielgue envoyait des exprès dans les provinces les plus riches; on lui faisait des réponses peu rassurantes. La province de Beny-Soueyf, dans la Moyenne-Égypte, s'était insurgée, et on avait été obligé de cacher dans le village de Fehn, un convoi d'argent destiné pour le Kaire. L'arrivage des grains était suspendu; plusieurs barques avaient été arrêtées par les insurgés. N'ayant aucun moyen de transport pour faire venir les blés que l'administration possédait dans les provinces éloignées, Poussielgue avait donné aux Cophtes, commission de les vendre sur les lieux, et espérait, avec le produit de ces ventes, acheter au Kaire les approvisionnemens nécessaires à l'armée.

L'enregistrement ne produisait que 2,000 ou 2,500 fr. par jour; la monnaie en produisait autant. « Voilà donc, écrivait Poussielgue, 4,500 fr. que nous recevons; cela ne mène pas loin. » II avait fixé les dépenses avec le général Dugua, de manière à ne payer que le strict nécessaire, et prescrit au payeur de ne rien acquitter sans son ordre. Mais, outre les dépenses forcées des vivres, du génie, de l'artillerie, des transports et du détail de l'administration, il s'en présentait

beaucoup d'autres non moins urgentes. L'établis→ sement de Suez exigeait des fonds; le divan réclamait sa paie. Deux mois de solde étaient dus aux malheureux canonniers de la marine; c'était un objet sacré. Les contributions n'offraient qu'une maigre ressource; les villages refusaient de payer. Ils commençaient à inquiéter la navigation de la Basse-Égypte. Quelques troubles avaient éclaté près de Belbeïs, de Qélioub et de Rahmanieh.

«S'il ne résultait pas de cette situation, mandait Poussielgue, qu'il ne nous rentrera pas d'argent, je serais parfaitement tranquille, car ces mouvemens n'aboutiront à rien. La confirmation d'une victoire remportée par Desaix sur les Mamlouks se répand et impose dans la Haute-Égypte. Mon désespoir est uniquement de ne pas entrevoir les moyens de vous envoyer de l'argent, et je sens que vous en aurez grand besoin dans un pays sans ressources. Ne comptez pas sur nous; mais soyez bien convaincu que nous emploierons tous nos efforts pour vous en envoyer le plus possible.

D'après des confidences qui m'ont été faites, sans interprète, par des femmes qui vous estiment beaucoup, et qui, quoique femmes de Mamluks, ne craignent rien tant que leur retour, vous devez vous méfier du cheyk El-Fayoumy. Il est l'ami intime d'Ibrahim, et on m'assure qu'il est dépositaire de ses trésors et de ses bijoux; qu'il correspond avec lui, et qu'il pourrait encore très-bien le servir du milieu de votre camp. Cette confi

dence m'a d'autant plus surpris, que ce cheyk est un de ceux qui, en apparence, se sont le mieux conduits, et nous ont montré le moins d'éloigne

ment. »

:. L'insurrection de la province de Beny-Soueyf n'eut pas de suite. Un bataillon de la 22. demibrigade marcha contre les révoltés, et couvrit de cadavres quatre lieues de pays; tout rentra dans l'ordre; les Français ne perdirent que 3 hommes et eurent 20 blessés. On croyait que cette insurrection, qui avait commencé à éclater dès le 12 pluviôse, et les troubles dans la Basse-Égypte avaient été fomentés par les Anglais et combinés par eux avec le bombardement qu'ils avaient tenté sur Alexandrie.

Le village d'El-Arych est situé à 10 lieues de la frontière de Syrie, dans un petit vallon, à l'embouchure d'un torrent alimenté par les pluies du Mont-Haïlas. On y trouve 5 ou 6 sources abondantes et un grand bois de palmiers. Les maisons sont crénelées et solidement construites; le village est défendu par un fort ceint de hautes murailles en pierre et flanquées de tours. La division Reynier y était arrivée le 21 pluviòse au soir, après avoir repoussé un détachement des Mamlouks d'Ibrahim-Bey, qu'elle avait rencontré en avant des sources de Meçoudiah. Elle prit position près du bois de palmiers, au bord de la, mer. Le lendemain, Reynier fit occuper les dunes de sable qui dominent le vallon d'El-Arych et y plaça son artillerie. La troupe qui gardait le village était

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