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nément au printemps, l'une par mer, en débarquant à Abouqyr, l'autre par terre, en traversant l'isthme de Suez.

Bonaparte avait appris, par des marchands syriens, qu'Achmet-Djezzar avait été nommé, par la Porte, pacha d'Égypte, en remplacement de Seïd-Aboubeker, qui n'avait rien tenté pour conserver cette province au grand-seigneur; que Djezzar avait même fait occuper, par ses troupes, le fort d'El-Arych, situé à 10 lieues de la frontière de Syrie, sur le territoire égyptien; qu'il répandait des proclamations et prodiguait ses trésors dans les provinces environnantes pour recruter des soldats; que ce corps n'était que l'avant-garde de la grande armée de Syrie, qui devait marcher sous les ordres du pacha de Damas. En voyant s'avancer vers lui des forces aussi redoutables, Bonaparte ne jugea pas prudent de les attendre, et résolut de les prévenir.

Un désert de 40 lieues séparait l'Égypte de la Syrie. Dès le 3 nivôse ( 23 décembre), le général en chef avait envoyé un détachement au poste de Qatieh, situé dans le désert, sur la route de Salhieh à El-Arych, pour l'occuper, y établir un fort et des magasins. L'armée, destinée à porter la guerre en Asie, fut composée de quatre petites divisions d'infanterie aux ordres des généraux Kléber, Bon, Lannes et Reynier; Murat

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Voyez la proclamation de Djezzar-Pacha; Pièces justificatives, no. II.

commandait la cavalerie, Dommartin l'artillerie, et Caffarelli le génie; elle s'élevait à 12,895 hommes. L'administration se composait de l'ordonnateur en chef d'Aure, du payeur-général Estève, du médecin en chef Desgenettes, du chirurgien en chef Larrey, et du pharmacien en chef Royer. Desaix continua d'occuper la Haute - Égypte avec 4,000 hommes, depuis Beny - Soueyf jusqu'à Syenne; le reste des troupes aux ordres des généraux Menou, Zayonscheck, Lanusse, Fugières, Leclerc et de l'adjudant-général Almeyras, était réparti dans les provinces de la BasseÉgypte, pour dissiper les rassemblemens, d'Arabes, lever les contributions et tenir la population dans l'obéissance.

Bonaparte donna au général Dugua le commandement de la province du Kaire, et lui laissa des instructions. Il prescrivait de prendre des mesures pour que, à la première alerte, chaque corps pût se, rendre sur le point qui serait menacé. Des cinq tribus arabes qui habitaient le désert autour de la province du Kaire, les Billys, les Joualqáh, les Terrabins étaient en paix avec les Français, et avaient, au service de l'armée, leurs principaux cheyks et plu

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sieurs centaines de chameaux; les Houahytáh et les Haydeh étaient au contraire en guerre. On les avait poursuivis jusqu'au fond du désert; on avait brûlé leurs tentes et détruit leurs troupeaux; mais comme ils étaient assez hardis pour venir encore exercer leurs brigandages jusqu'aux portes du Kaire, le général en chef recommanda à Dugua d'observer leurs mouvemens, et, s'ils approchaient de trop près, de faire tirer sur eux le canon des forts Camin, Sulkowsky et Dupuy ; d'envoyer de temps en temps une colonne de 100 hommes dans la province de Qélioubeh, pour investir et surprendre le camp de ces Arabes, s'ils y revenaient, et d'embosser un bâtiment armé sur le Nil, au-dessous du Kaire, de manière à pouvoir tirer dans la plaine. Il lui recommandait de traiter avec beaucoup d'égards le divan du Kaire, composé d'hommes bien intentionnés, et d'avoir une confiance particulière dans le commissaire Julfukiar et dans le cheyk El-Mohdy; de consulter l'intendant-général cophte et le chef des marchands de Damas, Michaël-Kébil, lorsqu'il aurait besoin de renseignemens sur la situation et la conduite des habitans du Kaire. S'il y survenait des troubles, Dugua devait s'adresser au petit divan et même réunir le divan général, qui réussiraient à tout concilier, si on leur témoignait de la confiance. Bonaparte ordonnait à ce général de prendre toutes les mesures de sûreté possibles, telles que consigner la troupe, redoubler les gardes du quartier français, y placer du canon, appeler de Menouf le général Lanusse,

qui, arrivant à la fois sur l'une et l'autre rive, en imposerait au peuple; mais de n'en venir à faire bombarder la ville par le fort Dupuy et la citadelle qu'à la dernière extrémité; car cette mesure ne pouvait produire qu'un mauvais effet sur l'Égypte et dans tout l'Orient. Enfin, le général en chef terminait ses instructions en recommandant à Dugua de l'instruire de tous les événemens, en lui écrivant, soit par des Arabes, soit par des convois de troupes, et de faire marcher les généraux Lanusse et Fugières sur les provinces de Rosette et d'Alexandrie, si des circonstances imprévues y exigeaient des renforts '.

Après la capitale de l'Égypte, le poste d'Alexandrie était le plus important. C'était à la fois la place de dépôt, le point de retraite de l'armée en cas de revers, et celui sur lequel devaient se porter les premiers efforts des armées européennes qui tenteraient un débarquement. Les Anglais étaient en présence et bloquaient ses ports; des symptômes de peste s'y étaient manifestés. Ce commandement exigeait donc un officier actif et instruit dans toutes les parties de l'art militaire. C'est pourquoi Bonaparte y laissa le général Marmont, qui déjà y commandait. « Je ne puis, lui écrivait-il, vous donner une plus grande marque de confiance, qu'en vous laissant le commandement du poste le plus essentiel à l'ar

mée '. »

Lettre de Bonaparte à Dugua, du 21 pluviôse." *Lettre du 21 pluviôse.

Le général en chef lui donna le commandement des provinces d'Alexandrie, Rosette et Bahyreh. Les contributions de cet arrondissement devaient suffire pour faire face aux différens services de l'armée dans ces trois provinces. Quant à Menou, il devait rester à Rosette à la disposition du général en chef; il lui réservait de hautes fonctions qui ne pouvaient être déterminées qu'après l'expédition de Syrie.

Bonaparte ordonnait à Marmont d'envoyer un bataillon à Damanhour, pour parcourir cette province, y lever les contributions, punir les malveillans, et si quelque événement appelait ce corps dans le Delta, il pourrait de là s'y porter et être d'un grand secours. Cette mesure avait aussi pour objet de soustraire à l'épidémie dont la ville d'Alexandrie était menacée, un détachement de troupes d'élite que Marmont pouvait y faire rentrer promptement, si un besoin impérieux l'exigeait. Le général en chef lui ordonnait de se mettre en correspondance avec Lanusse, à Menouf, et avec Fugières qui commandait à Mehalleh-Kébir. « Ne vous laissez point insulter par les Arabes, lui écrivait-il. Le bon moyen de faire finir votre épidémie est peut-être de faire marcher vos troupes. Saisissez l'occasion, et calculez une opération de 4 à 500 hommes sur le village de Marïout; cela sera d'autant plus essentiel, que partant pour me rendre en Syrie, l'idée de mon absence pourrait enhardir les Arabes du Bahyreh. >> Pour servir de retraite au commandant de Rosette, dans le cas d'une descente, il recomman

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