Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

la saison de l'inondation, l'ennemi pouvait pénétrer facilement dans le pays. Tout était ouvert devant lui. Il ne pouvait être arrêté dans sa marche que par quelques corps d'armée occupant les points resserrés entre le Nil et les lacs. Des fortifications, pour défendre le passage des bouches du fleuve, pouvaient le gêner dans ses opérations; mais elles n'étaient rien sans la protection d'une

armée.

Du côté de la Syrie, les difficultés qu'offrait le passage du désert n'étaient pas insurmontables. Une fois vaincues, le pays était entièrement ouvert. Si les Turcs, seuls ennemis dont Bonaparte put, dans le principe, prévoir l'attaque, pénétraient dans l'intérieur du pays, c'était seulement avec une armée qu'on pouvait les combattre et contenir la population. Toutes ces considérations le déterminèrent donc à adopter pour principe que l'Égypte devait être défendue par une armée, plutôt que par des fortifications.

Cependant la difficulté des transports, le genre de nourriture des habitans, si différent de celui des Français, et le besoin de réunir d'avance des subsistances sur les points où l'armée aurait à s'assembler, exigeaient qu'on y formât des magasins de vivres et de munitions. Pour la sûreté des

dépôts, il fallait les protéger par des postes fortifiés. Il convenait que ceux de ces postes qui étaient sur l'extrême frontière fussent en état de résister aux attaques de l'ennemi, en attendant la réunion de l'armée.

[ocr errors]

Le maintien de la tranquillité dans l'intérieur du pays exigeait aussi des postes fortifiés, capables d'imposer aux habitans, et de servir de retraite aux détachemens français.

Bonaparte détermina d'après ces principes le centre des opérations et des dépôts de l'armée, les postes extrêmes et les postes intermédiaires; il établit sur le Nil une marine capable de protéger les mouvemens et les transports. Les travaux de fortification furent fort difficiles à organiser méthodes de construction, moyens d'exécution et de transport, tout était différent des usages européens. Il fallut fabriquer des outils; les soldats pouvaient difficilement y être employés. Les Égyptiens y venaient avec peine. Cependant, malgré tous les obstacles, les fortifications s'élevèrent partout avec une rapidité qui les surprit, et fit une grande impression sur eux.

Considérée par les Égyptiens comme donnant à celui qui l'occupe la domination sur le pays, centre du gouvernement et du commerce, la ville du Kaire se présentait naturellement par sa position comme le centre de toutes les opérations militaires, et où la réserve, les hôpitaux, les magasins, les ateliers, les administrations générales pouvaient être en sûreté. On trouva les conditions nécessaires à une capitale militaire dans l'ensemble du Kaire, de Boulaq, du Vieux-Kaire, de Gizeh et de l'ile de Roudah. Elle fut choisie pour être le lieu du rassemblement d'où l'armée pourrait se porter sur les points où sa présence serait nécessaire. Son étendue et sa population ne per

TOME II. — GUERRE D'ÉGYPTE.

9

mettaient de
pas penser

à la fortifier. On occupa seulement les points qui la dominent. On tira le parti le plus ingénieux de l'ancien château; et du chaos de ces vieilles constructions s'éleva une citadelle susceptible d'être défendue par un petit nombre de troupes, et de contenir les habitans. Les forts Dupuis, Sulkowsky, de l'Institut, Muireur et Camin furent construits autour de la ville, vers les quartiers éloignés de la citadelle, pour défendre, avec de petites garnisons, différens établissemens contre l'ennemi extérieur et les soulèvemens des habitans.

Le fort Camin, celui de l'Institut, et l'ouvrage à corne construit à la ferme d'Ibrahim-Bey, défendaient les avenues de Boulaq et le pont de communication avec l'île de Roudah, défendue elle-même naturellement par le fleuve, et en outre par des batteries. Gizeh, que Mourad-Bey avait fait environner de murs, fournit à peu de frais une bonne place forte pour les ateliers et magasins de l'artillerie. Ses tours furent remplies de tevre et transformées en batteries. Un pont volant fut établi pour la communication avec le Vieux-Kaire. Des postes retranchés à 5 ou 6 lieues sud du Kaire, le fort de Torrah sur la rive droite du Nil et le couvent d'Abou-Seïféni sur la rive gauche, protégèrent la navigation de ce fleuve.

Le point le plus intéressant peut-être, pour l'armée française, était le port de mer qui contenait sa marine, presque tous ses magasins, et par lequel elle pouvait recevoir des secours. L'influence militaire d'Alexandrie, comme place de

pas

guerre, était à peu près nulle. L'Égypte n'a absolument besoin de cette ville, tandis qu'Alexandrie ne peut que difficilement exister sans l'eau du Nil et les vivres de l'Égypte. Mais, comme port de mer, excellent sous le rapport des opérations maritimes et du commerce, c'était le seul qui existât sur la côte. Ces raisons déterminèrent donc à le fortifier. Ces fortifications exigeaient de grands travaux, beaucoup de temps et de maind'oeuvre. La défense de la ville et du port embrassait un développement considérable; tout le terrain environnant était couvert d'anciennes constructions et de montagnes de décombres. On tira parti d'une portion de l'enceinte conspar les anciens Arabes, du Phare, etc., etc. Une vieille mosquée, bâtie sur l'île ou rocher du Marabou, fut convertie en fort pour défendre l'anse où l'armée avait débarqué, et la passe occi

truite

dentale du Port-Vieux.

Le vieux château d'Abouqyr fut réparé et armé, et servit de batterie de côte.

On s'occupa de la défense des deux bouches du Nil; les villes de Rosette et de Damiette étaient trop grandes et trop peuplées pour être converties en postes militaires, et trop éloignées des embouchures pour en défendre l'entrée; les bâtimens de guerre, situés en dedans du Bogaz, ne pouvaient non plus le défendre sans être protégés par des feux de terre. L'ancien château de Raschid, situé à une demi-lieue au-dessous de Rosette, fut réparé, armé et nommé fort Julien. Un

ancien caravanserail, appelé la maison carrée, situé entre le fort Julien et Abouqyr, fut converti en position militaire pour protéger la communication avec Alexandrie, défendre la bouche du lac d'Edkou et augmenter la surveillance sur la côte la plus menacée.

Au-dessous de Damiette, dans l'endroit le plus resserré de la langue de terre qui sépare le Nil du lac Menzaleh, sur l'emplacement du village de Lesbeh, on construisit un fort, auquel on donna ce nom. Il commandait le Nil, et aurait arrêté l'ennemi, si après avoir débarqué sur la plage, à l'est de l'embouchure, il avait voulu marcher sur Damiette. Il était cependant trop éloigné du Bogaz pour protéger les bâtimens chargés d'en défendre l'entrée. Deux tours, anciennement construites sur les deux rives, furent réparées et

armées.

Les lacs Madieh ou d'Abouqyr, Bourlos et Menzaleh furent occupés par des chaloupes canon

nières.

Rahmanieh fut choisi comme centre d'action pour les opérations de l'armée sur la côte et pour dépôt de vivres et de munitions. On y construisit unè redoute, et on y forma des magasins. Cette fortification et quelques travaux faits à Damanhour protégeaient en outre le canal d'Alexandrie contre les incursions des Arabes.

Sur la frontière de Syrie, Belbeïs et Sallieh furent choisis pour postes extrêmes on voulut d'abord en faire de grandes places; mais la dif

« ZurückWeiter »