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et demi. Elle est terminée par une plate-forme supérieure au mur d'enceinte.

Les trois couvens voisins des lacs Natron ont des puits profonds de 13 mètres, où il y a environ un mètre d'eau douce. Elle sert aux besoins des moines et à l'arrosage d'un petit jardin où il y a un peu de légumes et quelques arbres, tels que le dattier, l'olivier, le tamaris, l'henné et le sycomore.

Au quatrième couvent, dit de Saint-Macaire, il n'y a que de l'eau salée; mais en dehors, à 400 mètres, il y a un puits d'eau douce. On trouve de bonnes sources à quelque distance des trois couvens.

Les cellules des moines sont des réduits où le jour ne pénètre que par l'entrée, et où il règne une odeur infecte. Leurs meubles sont une natte, leurs ustensiles une jarre et un qolleh ou pot à rafraîchir l'eau. Les églises et chapelles sont assez bien tenues et décorées d'images grossièrement peintes; des oeufs d'autruche y servent de lampes. Hors de là, tout est en désordre, malpropre et dégoûtant.

Les moines sont la plupart boiteux, borgnes, aveugles. Ils ont un air hagard, triste, inquiet. Ils vivent de minces revenus et principalement d'aumônes ; ils se nourrissent d'un petit pain rond mal cuit, d'oeufs, de fèves et de lentilles préparées à l'huile. Rien n'indique qu'ils occupent leur esprit et leurs mains; leur temps se passe en prières ou dans l'oisiveté. Ils sont très-ignorans. Leurs uniques livres consistent en manuscrits as

TOME II. GUERRE D'ÉGYPTE.

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les uns

cétiques sur parchemin ou papier coton, en arabe, les autres en cophte, avec la traduction arabe, qui paraissent avoir 600 ans de date. Il y avait 9 moines au couvent de Baramaïs; 18 à celui des Syriens; 12 à celui d'Ambabicoï, et 20 à celui de Saint-Macaire. Le patriarche du Kaire les entretient de sujets. Le supérieur porte le nom d'Abou-y, qui veut dire mon père.

Les moines exercent forcément l'hospitalité envers les Arabes. Ils sont sans cesse sur leurs gardes, et ne communiquent que la nuit d'un couvent à l'autre. Les Arabes s'y arrêtent ordinairement dans leurs courses, pour manger et faire rafraîchir leurs chevaux. Les moines ne leur ouvrent jamais la porte; une poulie, placée à l'un des angles de l'enceinte, est destinée à descendre par une corde, dans un panier, le pain, les légumes et l'orge qu'ils sont dans l'usage de donner pour n'être pas dépouillés ou assassinés lorsqu'ils sont rencontrés hors de leurs couvens.

Le tableau de ces tristes résidences qui, dans l'origine, servirent d'asile à des chrétiens, aux temps des persécutions de l'église, et l'aspect des moines qu'une stupide ferveur y tenait encore renfermés, étaient à peu près applicables aux autres établissemens monastiques répandus dans l'Égypte.

Dans les tombeaux antiques et les grandes carrières creusés dans la chaîne libyque, non loin de Syout, de petites niches, des revêtissemens en stuc, quelques croix peintes en rouge, des inscriptions cophtes, témoignaient que ces

hieux avaient été habités par des chrétiens soli

taires.

A une lieue de Philoe, au milieu du désert, dans une petite vallée entourée de roches décrépites et de sables produits par leur décomposition, s'élevait un ancien couvent de cénobites. Il n'était plus habité. De hautes murailles crénelées, des chemins couverts et des meurtrières, annonçaient que les moines s'y étaient fortifiés, ou que cet édifice, enlevé à sa destination, avait servi de forteresse. Les constructions qui remontaient aux premiers temps de la chrétienté avaient de la grandeur et de la solidité. Ce que la guerre y avait ajouté, paraissait fait à la hâte et était moins bien conservé. Dans de longs corridors, des cellules ressemblaient à des cases de ménagerie; un carré de sept pieds n'était éclairé par une lucarne; un enfoncement dans la muraille servait d'armoire; un tour, placé à côté de la porte, annonçait que c'était par là que les solitaires recevaient leur manger. Quelques sentences tronquées étaient inscrites sur les murs.

que

Plus loin, à deux journées de marche, au bord du désert, on trouvait deux établissemens cophtes: l'un, appelé le couvent Blanc, à cause de la couleur des pierres dont il était bâti ; l'autre, nommé le couvent Rouge, parce qu'il était construit en briques, et dont on attribuait l'érection à SainteHélène. Des vestiges anciens annonçaient qu'ils avaient été plusieurs fois incendiés. Au couvent Rouge, probablement à la suite d'un incendie, les moines s'étaient logés dans la galerie latérale

d'une assez grande église où ils avaient pratiqué quelques huttes ; ils étaient couverts de haillons.

Non loin de Minieh était le monastère de la Poulie, posé à pic sur les rochers de la chaîne arabique. Les moines venaient à la nage demander l'aumône aux passans, et les dévalisaient même, dit-on, lorsqu'ils pouvaient le faire impunément. Ils étaient très-habiles nageurs, et remontaient le courant du fleuve comme des poissons. Séparés de toute culture par un désert, ils étaient dévorés de l'air qui le traversait, et brûlés de l'ardeur du soleil qui frappait sur le rocher nu qu'ils habitaient. Ils ne vivaient que d'aumônes, et ne s'approvisionnaient que par une poulie de l'eau et des autres objets nécessaires à leur misérable existence.

*Telle était la vie monastique en Égypte.

Aboucheïr, fermier de Mourad-Bey, était dans le Menoufyeh un des hommes les plus influens et les plus prononcés contre les Français. Il avait trempé dans la révolte du village de Remerieh contre le général Fugières. Zayonschek lui avait envoyé un pardon et l'avait engagé à se rendre à Menouf; il n'en fit rien. Ce général employa tous les moyens pour s'en emparer, et n'y réussit pas. Lanusse partit de Menouf dans la nuit du 29 vendémiaire avec 130 hommes de la 25°., se rendit à Qasr-Kaïr où demeurait Aboucheïr, et cerna ce village. Sa maison était une petite forteresse garnie de quelques pièces de canon et d'une trentaine de fusils de rempart. Aboucheïr, déjà à cheval avec plusieurs de ses gens, répondit par une fu

sillade aux propositions que lui faisait faire le général Lanusse. Alors il ordonna l'escalade de la maison; Aboucheïr voulut fuir, et fut tué en traversant le canal qui en baignait les murailles. On trouva chez lui 3 pièces de canon, 40 fusils, 50 chevaux, 12,000 livres en espèces enterrées, quelques habits militaires français et des boutons d'état-major. La mort d'Aboucheïr rétablit la tranquillité dans la contrée. Il laissait un fils qui marchait sur les traces de son père. Le général en chef ordonna à Lanusse de le faire arrêter et de l'envoyer sous bonne escorte à la citadelle du Kaire, comme un otage qu'il était bon d'avoir, et de confisquer ses biens.

Deux tribus arabes, ennemies des Français, nommées Haydeh et Måseh, étaient établies au village de Gemmazeh, dans la province d'Atfyh. Le général en chef ordonna à Murat de sortir du Kaire comme pour aller à Belbeis, de gagner le Moqattam, de s'enfoncer deux lieues dans le désert, de se diriger sur Gemmazeh, de combiner sa marche de manière à se reposer pendant la nuit à 2 ou 3 lieues de ces Arabes, et à pouvoir, à la pointe du jour, tomber sur leur camp, prendre tous leurs chameaux, bestiaux, les femmes,. les enfans, les vieillards et la partie de ces Arabes qui étaient à pied, de tuer les hommes qu'on ne pourrait pas prendre, et d'embarquer sa capture sur le Nil pour l'envoyer sous escorte au Kaire. Comme le point de retraite des fuyards était né

'Lettres de Bonaparte, des 26 brumaire et 23 nivôse.

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