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Ce traitement fut acquitté par le payeur-général de l'armée, de la même manière que celui des

officiers '.

Le général en chef ordonna qu'il y aurait, le 15 vendémiaire, en présence des généraux d'artillerie et du génie, un examen public pour les jeunes gens de l'école polytechnique qui voudraient entrer dans ces deux armes, et qui seraient porteurs d'un ordre de l'état-major. Monge, examinateur de la marine, fut chargé de cet exa

men 2.

Les récits des anciens écrivains et de quelques voyageurs modernes portaient à croire que le Nil, dans des temps très-reculés, avait pénétré dans les déserts de la Libye. On avait cru reconnaître des traces de son cours dans une grande vallée située à l'ouest de la Basse-Égypte, désignée par les géographes sous le nom de Bahr-Belá-mâ, ou le Fleuve-sans-Eau, et par les Égyptiens, sous celui de Bahr-el-Fárigh, ou Fleuve-Vide. On savait que cette vallée n'était pas éloignée des lacs Natron, et qu'il y avait dans le voisinage quelques couvens de religieux cophtes. Le général en chef jugeant qu'il était utile d'explorer cette partie de l'Égypte, y envoya une commission composée de Berthollet, Fourrier, Redouté jeune, Duchanoy et Regnault, et chargea le général Andréossi de les protéger contre les Arabes avec un détachement de troupes. Ils partirent de Terra

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neh le 4 pluviôse, et, après quatorze heures de marche sur un vaste plateau désert, ils aperçurent la vallée des lacs Natron. En y descendant, ils trouvèrent, à mi-côte, les ruines d'un quasr ou fort bâti en natron, ce qui prouva que les pluies étaient extrêmement rares dans cette contrée. Les lacs furent visités par la commission; on fit l'analyse de leurs eaux, et on leva la carte de la vallée. Ces lacs étaient au nombre de six; l'exploitation de leur sel faisait partie de la ferme de Terraneh, dont le canton, renfermant six villages, était compris dans les nouvelles limites de la province de Gizeh. Les caravanes s'assemblaient à Terraneh; elles étaient ordinairement de cent cinquante chameaux et six cents ânes. Les hommes entraient nus dans l'eau, brisaient et arrachaient le natron avec une pince en fer, et négligeaient celui qui se trouvait en grande masse sur les bords des lacs. Chaque caravane transportait 600 qantar de natron de quarante-huit oqáh. Terraneh en était l'entrepôt. Il était expédié par le Nil à Rosette, d'où on l'envoyait à Alexandrie et de là en Europe. La ferme du natron était une véritable gabelle. Les villages qui avaient des établissemens où on l'employait, étaient obligés d'en acheter tous les ans, au fermier, une quantité déterminée. La tribu des sammálou, Arabes pasteurs et hospitaliers, faisait la contrebande du natron, et allait, par le désert, le vendre à Alexandrie.

'L'oqâh est de 2 livres et demie, poids de marc (720 quintaux ).

La vallée du Fleuve-sans-Eau est à l'ouest de celle des lacs Natron; elles ne sont séparées que par une crête, et son bassin a près de trois lieues de développement d'un bord à l'autre. Aride et stérile comme tout ce qui l'entoure, cette vallée n'a point de sources. La commission la traversa dans toute sa largeur; elle y trouva beaucoup de bois pétrifié, d'immenses troncs d'arbres agatisés, une vertèbre de gros poisson qui paraissait minéralisée, du quartz roulé, du silex et beaucoup de matières appartenant aux montagnes primitives de la Haute-Égypte. On en concluait que le Nil, ou une partie de ses eaux, avait dû couler dans les déserts de la Libye, par les vallées des lacs Natron et du Fleuve-sans-Eau.

L'opinion générale étant qu'en remontant le Bahr-Belâ-må on arrivait dans le Fayoum, la commission conjectura que leur point d'attache devait être à l'endroit où se trouvait indiqué le lac Moeris, dont le trop-plein était sans doute autrefois réparti sur la vallée du Fleuve-sans-Eau, et se déchargeait ensuite dans le golfe des Arabes. Les circonstances ne lui permirent pas de faire la reconnaissance du point de jonction de ces deux vallées qu'elle regardait comme la clef de la géographie physique de l'Égypte, et qui est bien exprimé sur la carte de Danville. Mais vingt mois plus tard, l'ingénieur Martin, en parcourant la partie septentrionale du Fayoum, reconnut que l'ouverture n'existait pas, et que cette province était séparée de la vallée du Fleuve-sans-Eau par une chaîne de montagnes. Si sa reconnaissance a

été exacte, il en résulte que le système hydrographique du lac Moeris, que l'on prétend avoir été appliqué autrefois à cette contrée, acquiert un nouveau degré d'invraisemblance.

Bonaparte écrivit au Directoire : « Le général Andréossy et le citoyen Berthollet sont de retour de leur tournée aux lacs Natron et aux couvens des cophtes. Ils ont fait des découvertes extrêmement intéressantes; ils ont trouvé d'excellent natron que l'ignorance des exploiteurs empêchait de découvrir. Cette branche du commerce de l'Égypte deviendra encore par là plus impor

tante >>.

Pour faire connaître l'état d'avilissement et de misère dans lequel sont tombés les moines chrétiens en Égypte, nous allons jeter un coup-d'œil sur leurs principaux établissemens.

Les couvens cophtes de la vallée des lacs Natron ont été fondés dans le quatrième siècle, détruits et plusieurs fois reconstruits dans la suite. Trois de ces monastères ont la forme d'un carré long de 98 à 142 mètres, large de 58 jusqu'à 68. Les murs d'enceinte, en bonne maçonnerie, sont hauts de 13 mètres et épais de 2 et demi à 3. Un trottoir d'un mètre règne à leur partie supérieure. Au-dessus du trottoir, le mur a des meurtrières, les unes dans le mur même, les autres inclinées et saillantes pour se défendre à coups de pierres contre les Arabes, la règle · défendant aux moines l'usage des armes à feu. Les

1 Lettre du 22 pluviôse.

meutrières saillantes ont des masques pour ga→ rantir des coups de fusil.

Les couvens n'ont qu'une seule entrée basse et étroite, d'un mètre de haut et de deux tiers de mètre de large. Une porte très-épaisse, toute recouverte intérieurement par de larges bandes de fer, la ferme en dedans. Elle est contenue en haut par un loquet, au milieu par une forte serrure en bois, et en bas par une traverse. L'entrée est en outre hermétiquement fermée en dehors par deux meules ou tronçons de colonnes de granit posées de champ, qui se logent à la fois et de côté dans le cadre de la maçonnerie. La porte est défendue par une espèce de machicoulis. Lorsqu'on veut se clore, un moine, resté en dehors, commence à rouler une des meules avec une pince, la cale et présente l'autre; il se glisse ensuite en dedans, l'entraîne vers lui à sa place et ferme la porte.

La cloche du couvent est à côté du machicoulis avec une corde de dattier qui pend jusqu'à terre. La nuit, avant d'ouvrir la porte, même lorsqu'on reconnaît que les gens qui sonnent sont amis, un moine, suspendu à une corde, descend, à l'aide d'un moulinet, par le machicoulis, et vient vérifier de plus près s'il n'y a pas de surprise. Pendant qu'on ouvre la porte, un moine, en sentinelle au haut du mur, observe s'il n'y a point · d'Arabes.

Chaque couvent a, dans son intérieur, une tour carrée où l'on n'entre que par un pont-levis, long de 5 mètres et élevé au dessus du sol de 6 mètres

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