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vie, et luttant, faute des instrumens les plus simples, contre des difficultés de toute espèce. Les Français, eux-mêmes, étaient loin d'avoir réuni, avant leur départ, tout ce qui était nécessaire pour transporter les arts de l'Europe en Égypte. La précipitation avec laquelle fut faite l'expédition, le voile politique qui en cachait le but, le désastre de la flotte à Abouqyr, concoururent à les priver d'une foule d'objets.

Heureusement, l'expédition avait des hommes dont le génie inventif et l'habileté étaient capables de réparer les pertes et de suppléer à tout. Une compagnie d'aérostiers, attachée à l'expédition, était composée, presque toute entière, d'habiles artistes et d'ouvriers intelligens; on les utilisa et on organisa, dès le 5. jour complémentaire de différens ateliers, savoir:

l'an VI,

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-Des travaux de forges, du tour en fer et des fortes machines de ce genre. -De la charpente, de la menuiserie et des mécaniques en bois.

HÉRAULT. Des machines de précision, de géométrie, d'horlogerie et d'orfévrerie. COUVREUR.Des armes précieuses et autres objets de ce genre.

CÉROT. Des instrumens de géographie et de

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-

topographie.

Des instrumens d'astronomie.

FOUQUET. De la gravure.

Du tour en bois et des machines de ce

COLLIN.

HOCHU.

-De l'imprimerie en taille-douce.

genre.

On rassembla dans l'enceinte même des grands édifices destinés aux sciences, tous les élémens qui pouvaient favoriser le développement de l'industrie. L'application des théories mécaniques et chimiques fit de grands progrès. Les ateliers étaient dirigés par Conté. Il joignait au zèle le plus désintéressé un talent ingénieux et fécond qui lui suggérait des ressources inattendues. It avait déjà enrichi la France de plusieurs inventions, et donna bientôt à l'Égypte quelques-uns des arts les plus importans de l'Europe. Obligé de tout créer, jusqu'aux outils, il établit des moulins à vent, des machines pour la fabrication de la poudre, d'autres pour la monnaie du Kaire, l'imprimerie orientale, des fonderies pour les canons et mortiers; il fit fabriquer dans ses ateliers, l'acier, le carton, les toiles vernissées, des draps, des armes pour les troupes, des ustensiles pour les hôpitaux, des instrumens pour les ingénieurs, des lunettes pour les astronomes, des loupes pour les naturalistes, des crayons pour les dessinateurs, jusqu'à des tambours et des trompettes. Enfin, ces grands ateliers fournirent, pendant le cours de l'expédition, une multitude d'objets propres à contribuer au succès de la guerre et aux jouissances de la paix. Les indigènes. ne tardèrent point à participer aux avantages qui résultaient de ces travaux. Conté observa leurs manufactures, dessina leurs métiers, leurs machines, leurs instrumens, et perfectionna les procédés dont ils faisaient usage. Ils considéraient attentivement les productions de l'industrie fran

çaise, et s'exerçaient à les imiter. Reconnaissant dans le vainqueur, tous les genres de supériorité, ils se soumettaient avec plus de confiance à l'influence protectrice du nouveau gouverne

ment.

La fabrication de la poudre fut l'objet d'une administration particulière. Le citoyen Champy, à qui elle fut confiée, justifia, par des services très-importans, toutes les espérances que ses lumières et sa longue expérience avaient fait concevoir.

Dutertre et Rigo, dessinateurs, faisaient les portraits des hommes du pays qui s'étaient dévoués à la cause de la France. Cette distinction les flattait beaucoup.

La plupart des peuples orientaux n'ont aucune idée de la peinture. On en fit l'expérience. Le peintre Rigo voulut peindre le nubien Abd-elKerim, conducteur d'une caravane; il parut content de l'esquisse au crayon; mais quand il fut peint et qu'il vit son portrait, il recula, poussa des hurlemens, et s'enfuit en disant qu'on lui avait pris sa tête.

Tous les instrumens nécessaires à l'imprimerie furent réunis dans un établissement considérable que le citoyen Marcel dirigea avec un zèle actif et éclairé. Cet art, presque entièrement inconnu aux Orientaux, excitait toute l'attention des Égyptiens. Il servait à multiplier les communications, soit entre les Français eux-mêmes, soit entre les habitans, et favorisait à la fois le succès de l'expédition et le progrès des sciences.

Les principaux membres du divan du Kaire entre autres les scheyks El-Mohdy, El-Fayoumy, El-Saouy, etc., allèrent plusieurs fois visiter l'imprimerie nationale. Les différens procédés employés pour l'impression des différentes langues leur causaient, disaient-ils, un plaisir mêlé de surprise. Le cheyk Mohammed-el-Fahsy, qui avait vu l'imprimerie de Constantinople, et plusieurs Syriens qui connaissaient celle du couvent maronite de Kiesrouen, sur l'Anti-Liban, furent étonnés de la dextérité et de la promptitude des imprimeurs français. D'après leur témoignage, on ne procédait qu'avec beaucoup de maladresse et de lenteur dans les deux imprimeries dont nous venons de parler, seuls établissemens typographiques de l'Orient.

Le cheyk El-Bekry alla aussi visiter l'imprimerie nationale dont il était très-curieux d'examiner les ateliers. Après les avoir parcourus, il fit diverses questions sur l'art de l'imprimerie. Il demanda si la France possédait beaucoup de ces établissemens, s'il en existait un grand nombre dans les autres contrées de l'Europe, en quels pays ils étaient le plus multipliés, etc. Il demanda encore s'il y avait beaucoup d'imprimeries dans l'empire russe, et parut fort étonné lorsqu'on lui répondit que cet État n'avait commencé à se policer réellement et à se civiliser que lorsque l'imprimerie y avait été introduite. Il se fit expliquer l'influence que pouvait avoir cet art sur la civilisation d'un peuple, et parut goûter les raisons qu'on lui en donna, surtout celles qui étaient

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tirées, 1°. de la facilité de multiplier et répandre à un très-grand nombre d'exemplaires de bons ouvrages qui, manuscrits, ne pourraient être' connus que d'un petit nombre de personnes; 2o. de l'impossibilité que tous les exemplaires pussent se perdre ou être supprimés totalement par aucune espèce d'événement, chose qui pouvait arriver aux meilleurs manuscrits. Il dit alors qu'il existait une grande quantité de bons livres arabes dont la publication serait infiniment utile à l'Égypte où ils étaient ignorés du plus grand nombre, et qu'il désirait sincèrement qu'ils pussent être répandus par la voie de l'imprimerie. Il ajouta, en se retirant, que toutes les sciences venaient de Dieu, et qu'avec sa volonté, il n'y avait aucune chose que les hommes ne pussent entreprendre, et dans laquelle ils ne pussent

réussir.

Le général en chef fixa, ainsi qu'il suit, les traitemens des membres de la commission des sciences et arts, à dater du 1". floréal an vi, et par mois.

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