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qu'à deux conditions: la première de projeter ses études dans tous les sens et d'embrasser sur la vaste face de l'univers tous les faits animés, visibles et tangibles. La seconde et au delà, de rechercher et d'atteindre les faits qui n'existent plus afin de leur rendre l'être, la lumière et la vie.

Ces faits épars et innombrables se rapportent à des auteurs presque aussi innombrables qu'eux-mêmes qui doivent être, à leur tour, caractérisés et appréciés. Ce sont, dans chaque période de l'histoire, et dans chaque nation, les hommes vulgaires ou grands, insignifiants ou extraordinaires, qui naissent, vivent et meurent. Et jusque-là, il n'y a que la matière de la science, il n'y a point de science encore.

Elle commence lorsque les agents et leurs actes se disposent, se rangent et se classent par leurs ressemblances et leurs intimités, en de certains ordres, en de certains groupes analogues

et pareils. Tout à l'heure ils étaient comme égarés, perdus, confondus; ils se démontrent maintenant ainsi que de certains systèmes déterminés et dénommés de forces, de lois, d'institutions. Là où il n'y avait qu'un désert ou qu'une steppe, une apparence vaste, insaisissable, uniforme, il se fait des séparations et des distinctions qui s'analysent et se catégorisent de plus en plus, jusqu'à ce qu'elles se manifestent enfin comme des principes et comme des idées.

Les similitudes et les analogies que je signalais au commencement entre les sciences de la nature et les sciences de l'humanité, en arrivent alors à s'atténuer et à s'effacer. Du monde matériel nous passons dans le monde moral, dans le monde de l'intelligence et aussi de la volonté.

Car ce serait une vue bien incomplète et bien fausse de la politique que de la considérer principalement comme une doctrine et une spéculation, comme une théorie. Elle repose, avant

tout, dans la pratique des réalités, dans le maniement des affaires, dans l'action.

C'est ainsi que par des recherches et des déterminations successives, nous voici parvenus à une phase de la méthode, qui est certainement décisive, capitale, la dernière dans l'ordre chronologique, mais dans l'ordre logique, la première.

Toutefois, lorsque nous énumérons ainsi les parties, les chapitres en quelque sorte de la science et que, dans ces évolutions ascendantes ou descendantes, nous considérons les faits, les hommes, les forces, les lois, les institutions, les idées, les volontés, il faut bien prendre garde que toutes ces séries sont enveloppées les unes dans les autres. Elles ont une indivisibilité; elles forment un tout, et ce tout, c'est la chair palpitante et vivante de l'humanité, l'âme pensante et consciente de la patrie.

Dans son fond, dans son essence, la civili

sation est immuable et identique à elle-même, elle est diverse et changeante dans ses formes et dans ses manifestations. Ce serait donc la plus grave des erreurs, la plus lourde des fautes, une fois l'unité de la vie et de la science bien entendue et posée, que de vouloir résoudre par des systèmes préfixes et invariables, par une politique idéale et absolue, ce qui est éminemment contingent, transitoire et mobile.

Ici je m'arrête. Les prescriptions plus longues, les enseignements plus précis, les conseils plus intimes seraient inutiles et vains.

Étant donnés une situation politique, une crise nationale, des intérêts d'État, les solutions et les procédés qui leur conviennent ne sont plus œuvre de la dialectique et de la méthode; elles ont conduit jusque-là leurs études, leurs préceptes, leurs découvertes. Parvenues à ce seuil, elles ne le peuvent franchir et dépasser. Leur mission s'est achevée.

« Comment Casimir Périer s'est-il élevé

« tout à coup au premier rang? — disait Royer« Collard. — A-t-il gagné des batailles? Ou « bien avait-il lentement illustré sa vie par « d'importants travaux? Non. Mais il avait reçu « de la nature la plus éclatante des supérioa rités et la moins contestée : un caractère

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énergique jusqu'à l'héroïsme, avec un esprit « doué de ces instincts merveilleux qui sont « comme la partie divine de l'art de gouver

<<<ner. >>

Paris, 19 novembre 1871.

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