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connaître les projets de l'Autriche que les vues de la Saxe.

:

» L'empereur plaint le roi de Saxe, qui est dans cette affaire victime d'une intrigue de confesseur si elle est arrangeable, l'inclination de sa majesté la porte à l'arranger. Ménagez donc le roi de Saxe, dans le langage que vous tiendrez sur ses affaires.

» Le retard des dépêchés qui ont précédé votre courrier du 17 et qui ne peuvent revenir que demain de Paris, rend tout obseur, l'empereur ne peut donc rien vous prescrire bil attend quelques jours pour que cela s'éclaircisse. Sa majesté désire que votre correspondance soit plus activė. Ne ménagez pas les courriers. Votre légation doit être sur les frontières de la Silésie et de la Bohème pour avoir des nouvelles. Vous êtes plus à portée que personne de fournir d'utiles renseignemens sur les armées russes: chaque jour des rapports de Cracovie doivent vous arriver, et vous ne sauriez rendre compte trop souvent de tout ce qui se passe, en dirigeant vos courriers sur le quartier-général.

» L'empereur, parti de Paris le 15 avril, arriva le 17 à Mayence, et s'est occupé pendant son séjour ici de l'organisation de son armée, et de faire filer sa nombreuse cavalerie et son artillerie. Sa majesté va se rendre à son quartier-général, » L'exposé ci-joint, tel qu'il sera dans le Mo

niteur, vous fera connaître la situation des armées, et la lettre du général Sébastiani, le succès qu'il vient d'obtenir :

L'ennemi a été culbuté dans Weymar. Les partis qui étaient du côté de Nordhausen ont été défaits et coupés. L'audace de quelques contrebandiers, dont on a fait justice, n'a rien produit sur l'esprit calme et soumis des habitans. >>

Le duc de Vicence écrivit aussi au baron de Serra, ministre de l'empereur à la cour de Saxe. Mayence, 24 avril 1813.

» En l'absence de M. le duc de Bassano, l'empereur me charge, monsieur le baron, de vous faire connaître qu'il a reçu les différentes lettres que vous avez adressées à son ministre, et celle que le roi de Saxe lui a écrite le 19.

>> Les rois et princes de la confédération mandent qu'une convention secrète stipule la reddition de Torgau, si cette place n'est pas secourue dans six semaines. On ajoute que la Saxe et l'Autriche ont fait un arrangement pour le corps du prince Poniatowsky. La Saxe le pouvait-elle, et devait-elle en faire un mystère? Votre silence sur tout cela est absolu. L'empereur attend donc vo-, tre réponse sur ces deux points, et le retour de M. de Flahaut pour vous donner une direction. En attendant ne préjugez rien et faites-vous malade, puisque vous n'auriez sûrement pas man

qué d'annoncer que vous alliez suivre le roi à Prague. L'intention de l'empereur est que vous répondiez sur-le-champ à cette lettre, et que vous transmettiez souvent à son ministre, sous mon couvert, au quartier-général, tous les renseignemens que vous pourrez vous procurer, et qui ne peuvent qu'intéresser. »

On voit, par ces dépêches, que, le 24 avril, l'empereur Napoléon ignorait les conventions du 8, signées à Vienne entre la Saxe et l'Autriche, et qu'il était loin également d'être bien instruit du concert qui existait entre ces deux puissances, au sujet de la ville de Torgau.

Le mois d'avril s'écoulait en combats de peu d'importance. Le corps d'armée du maréchal Blücher avait passé l'Elbe à Dresde, et celui du comte de Wittgenstein l'avait passé à Dessau, après l'affaire de Moekern, où il avait été battu. En raison de ce dernier mouvement, le prince Eugène avait été forcé d'appuyer par une charge de front, sa droite aux montagnes du Hartz; la cavalerie légère des alliés faisait des incursions dans les bois de la Thuringe, tandis que le gros de l'armée russe marchait sur Dresde et réduisait les places de Czeutockau, Thorn et Spandau.

Informé que le maréchal Blücher poussait ses patrouilles sur les routes de Francfort, de Nuremberg et de Magdebourg, Napoléon sentit la nécessité de ne point laisser dépasser la Thuringe aux

ennemis. En conséquence il avait déjà fait partir pour Erfurt quatre régimens de sa garde, qu'il avait fait venir en poste; il achevait l'organisation de douze régimens de la jeune garde; il confiait la garde du Rhin au maréchal Augereau, qu'il nommait gouverneur militaire du grand-duché de Francfort et de Wurtzbourg; il avait pressé la marche du général Bertrand et des troupes d'Italie, dont l'apparition fut miraculeuse; enfin il avait ordonné au prince de la Moskowa, qui avait pu rassembler quarante-huit mille combattans, de se rapprocher de la Saale, où il pouvait arriver sous peu de sa personne, opérer sa jonction avec le prince Eugène, et montrer à ses ennemis une nouvelle grande-armée.

CHAPITRE XI.

Départ de Mayence. Séjour de l'empereur à Erfurth.

LE 24 avril, l'empereur partit de Mayence, traversa Francfort, et arriva le 26 à Erfurth. Depuis Mayence, il avait trouvé la route couverte de bivouacs, de troupes, de trains d'artillerie qui se portaient en avant. Sa majesté s'arrêtait et passait en revue toutes ces troupes, dont la plupart marchaient sans armes ; des caissons envoyés en poste les atteignirent près d'Eisenach, de Gotha et d'Erfurth, et sur la route les fusils leur furent distribués. Malgré la marche, on les exerçait deux fois par jour, le matin au départ, et le soir à l'arrivée. Ces nouveaux soldats allaient vaincre, et ils ne savaient pas tenir leurs armes! Excepté les gardes nationales des cohortes, qui avaient porté le fusil, mais qui n'avaient jamais vu le feu, la majeure partie de la nouvelle armée, toute composée de conscrits, n'avait jamais manié une arme, et voyait aussi l'empereur pour la première fois ; mais déjà la confiance était égale entre le chef et les soldats. Cette belle jeunesse le saluait partout avec les plus vives acclamations.

Les princes de Saxe-Gotha et de Saxe-Weymar

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