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lation, imposante par l'énergie qu'elle avoit montrée dans la révolution, protégée par la présence de Mon- 1815.

sieur, et d'un grand capitaine fidéle à l'honneur et à son prince, pouvoit lui ouvrir ou lui fermer les portes de la capitale, selon qu'elle lui ouvriroit 'ou qu'elle lui fermeroit les siennes. Mais il savoit aussi que les ouvriers dont cette ville est remplie appartiennent à ceux qui les payent, que tout dépendoit d'un premier succès, et qu'il devoit tout risquer pour l'obtenir.

Le 9, le maréchal Macdonald visita les travaux de défense, fit barricader le pont Morand, et communiqua une partie de son zèle à la garde nationale.

Le 10, à trois heures après midi, au moment où il s'approchoit avec sa troupe du pont de la Guillotière pour repousser les rebelles, les deux troupes se précipitent l'une sur l'autre, non pour se battre, mais pour s'embrasser, aux cris de vive l'empereur. Le maréchal, étonné, fait de vains efforts pour rappeler ses soldats aux sentiments de l'honneur. Ils ne l'écoutent pas, ils nè reconnoissent ni sa voix ni son autorité. Ils ont oublié leurs serments et leurs devoirs : ils vont grossir l'armée des rebelles.

Le maréchal alla promptement rendre compte aux princes de ce funeste événement. Il leur démontra ensuite le danger de leur position, et les détermina, non sans peine, à quitter une ville que la trahison venoit de livrer à l'ennemi.

Buonaparte reprit possession de son trône, en entrant dans la seconde ville du royaume ; il s'occupa deux jours après de la nomination de ses ministres et de ses conseillers d'état. Il donna audience aux principales autorités du département; il s'entretint avec les officiers

Entrée de Buona

parte à

Lyon.

1815.

Trahisons et défections.

contre tout calcul, il pouvoit résulter de ces mêmes événements un danger quelconque, ils seroient préts à donner au roi de France et à la nation françoise ou à tout autre gouvernement attaqué, dès que la demande en seroit formée, les secours nécessaires pour rétablir la tranquillité publique, et à faire cause commune contre tous ceux qui entreprendroient de la compromettre.

« La présente déclaration, insérée au protocole du congrès réuni à Vienne, dans sa séance du 13 mars, sera rendue publique. »

Suivent les signatures.

La fermeté de cette déclaration rassura tous les bons esprits et jeta l'alarme dans celui des rebelles.

On ne sait s'ils avoient compté sérieusement sur la coopération de l'Autriche, et la neutralité des autres puissances; mais ils s'en étoient vantés audacieusement. Ils avoient annoncé que le retour de Napoléon étoit concerté avec le cabinet de Vienne; qu'il seroit suivi de celui de l'impératrice, et ne seroit pas troublé par l'Angleterre.

Le débarquement de Buonaparte en Provence n'avoit produit à Paris d'autre mouvement que celui de la curiosité. Mais son entrée dans Lyon donna tout-à-coup à son invasion un caractère plus grave, et changea notre curiosité en agitation: chaque jour nous apprenoit la nouvelle de quelques défections; tantôt c'étoit celle d'une ville, et tantôt celle d'une division de l'armée. Toutes les troupes qu'on envoyoit pour le combattre se rangeoient sous ses drapeaux; toutes les villes lui ouvroient leurs portes; il s'avançoit dans le cœur du

royaume, non seulement sans résistance, mais en triomphe, et au milieu des cris de Vive l'empereur!

L'opinion, agitée par ces nouvelles et par d'autres moyens, cherchoit ailleurs que dans l'ascendant d'un seul homme la cause de ses déplorables succès. On ne pouvoit pas croire que la séduction de sa présence eût produit un tel effet sur les peuples et sur les soldats.

On pensoit généralement qu'il y avoit trahison. Mais quels étoient les traîtres? Le maréchal Soult, nommé depuis peu ministre de la guerre, fut indiqué comme tel par la voix publique, parcequ'il avoit été le dernier des généraux de Buonaparte à déposer les armes. Cette raison n'étoit pas une preuve; mais, coupable ou non, le maréchal céda à la voix publique, et alla remettre au roi son épée et son portefeuille.

Le roi nomma à sa place le duc de Feltre, qui couronna une belle réputation, en acceptant un poste devenu si difficile dans ces temps orageux, et justifia la confiance du roi en le servant avec autant de courage que de fidélité.

1815.

du maré

La trahison la plus remarquable fut celle du maré- Défection chal Ney. On se rappelle les paroles qu'il dit au roi, chal Ney. lorsqu'il alla prendre congé de S. M. Je vous le raménerai, sire, dans une cage de fer.

:

On ne sait si ces paroles pleines d'exagération étoient une feinte ou l'effet d'un premier mouvement d'indignation; mais, en arrivant dans le département du Doubs, dont le roi venoit de lui confier le commandement, le maréchal changea d'avis, rassembla les troupes et leur adressa la proclamation que voici :

« La cause des Bourbons est à jamais perdue. C'est

1815.

Préven

tre les

à l'empereur Napoléon qu'il appartient de régner sur notre beau pays.

<< Soldats! je vous ai souvent menés à la victoire. Maintenant je veux vous conduire à cette phalange immortelle que l'empereur Napoléon conduit à Paris. »

Le maréchal Ney étoit un excellent officier; il avoit donné en plusieurs occasions des preuves d'intelligence et de bravoure : on n'en fut que plus étonné de sa conduite dans ces funestes circonstances. Rien ne pourra l'excuser, tant que l'on conservera sur la terre du respect pour la sainteté du serment, et du mépris pour les

traîtres.

Malgré la trahison, les conspirations et les calomtions con- nies, l'opinion générale étoit restée favorable au roi. princes. Si on ne faisoit pas de grands efforts pour le défendre, c'est qu'on étoit trompé sur les sentiments comme sur le caractère des princes de sa maison. A force de faire répéter par les échos de la sottise qu'ils avoient le projet de rétablir le pouvoir absolu, les conspirateurs avoient fini par les rendre odieux à cette classe du peuple qu'on égare si facilement par des calomnies et qu'on est toujours assuré d'aigrir en lui inspirant des défiances contre l'autorité.

Ce fut en vain que les princes, instruits de ces fàcheuses préventions, essayèrent de les combattre, en s'unissant de corps et d'esprit avec le roi, en se livrant avec autant de zéle que de franchise à tous les travaux dont S. M. voulut les charger, en se rapprochant du peuple par un accueil plus affable, en manifestant enfin leur attachement au gouvernement constitutionnel, et leurs vœux pour le bonheur de la nation, etc.

Ou les préventions étoient trop enracinées, ou bien on s'y prit trop tard pour les détruire.

L'esprit d'erreur et de vertige qui égaroit le peuple étoit si fort, qu'on lut sans intérêt une proclamation du roi, qui fut affichée sur tous nos murs le 11 mars, et qui, dans tout autre temps, auroit excité le plus vif et le plus généreux enthousiasme. La voici :

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PROCLAMATION DU ROI.

:

Après vingt-cinq ans de révolution, nous avions, par un bienfait signalé de la Providence, ramené la France à un état de bonheur et de tranquillité.

« Pour rendre cet état durable et solide, nous avions donné à nos peuples une charte qui, par une constitution sage, assuroit la liberté de chacun de nos sujets. Cette charte étoit, depuis le mois de juin dernier, la régle journalière de notre conduite, et nous trouvions dans la chambre des pairs et dans celle des députés tous les secours nécessaires pour concourir avec nous au maintien de la gloire et de la prospérité nationale. L'amour de nos peuples étoit la récompense la plus douce de nos travaux et le meilleur garant de leur succès : c'est cet amour que nous appelons avec confiance contre l'ennemi qui vient souiller le territoire françois, qui veut y renouveler la guerre civile: c'est contre lui que toutes les opinions doivent se réunir.

<< Tout ce qui aime sincèrement la patrie, tout ce qui sent le prix d'un gouvernement paternel et d'une liberté garantie par les lois, ne doit plus avoir qu'une pensée, de détruire l'oppresseur, qui ne veut ni patrie, ni gouvernement, ni liberté.

1815.

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