Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

1813.

Le général Miloradovitch, que cette retraite laissoit à découvert, fut obligé d'en suivre le mouvement. La journée étoit perdue, et la bataille n'étoit pas décidée : elle recommença le lendemain à la pointe du jour. Tandis que l'empereur attaquoit lui-même l'aile droite de l'ennemi, Macdonald et Oudinot pressoient la gauche de toutes leurs forces; Ney, conduit par son brillant courage,courut s'emparer du village de Prelitz, d'où une batterie meur. trière faisoit d'horribles ravages dans les rangs des François. Il s'en empara, mais bientôt après, assailli et accablé lui-même par des forces supérieures, il fut obligé d'abandonner sa conquête et de se retirer avec beau coup de perte. Ce succès momentané fut l'ouvrage du prince Blücher. Il n'en jouit pas long-temps; attaqué à son tour par la garde impériale et par le corps que commandoit le maréchal Soult, il abandonna Prelitz et se retira sur Wintzen. Napoléon, maître des hauteurs, dominoit le centre et la gauche de l'ennemi qui n'étoient pas encore entamés: mais le général Witgenstein, qui commandoit en chef l'armée des alliés, ne jugea pas à propos de faire une plus longue résistance. Il fit sonner la retraite. Les François, horriblement fati gués, couchèrent sur le champ de bataille.

Le 22 à quatre heures du matin, Napoléon, le seul homme de son armée que la fatigue ne pouvoit atteindre, se mit à la poursuite des alliés, atteignit et battit leur arrière-garde à Reichenbach. Il lui parut impossible d'aller plus loin: il s'arrêta.

On évalue de quatorze à quinze mille hommes les pertes qu'il fit dans ces trois journées, et celles des alliés de vingt à vingt-deux mille; mais une perte que nulle autre n'égaloit aux yeux de Napoléon, fut celle qu'il fit

dans la personne du général Duroc, grand-maréchal du palais, qu'on auroit pu nommer son fidèle Achate, et qui, en effet, l'avoit suivi dans toutes ses expéditions, et avoit un caractère à partager dans tous les temps sa bonne et sa mauvaise fortune. Il étoit oocupé à marquer les quartiers de l'empereur, pour la halte de nuit du 20 au 21 mai, lorsqu'il fut atteint, au milieu du corps, d'un boulet de canon qui le tua roide, et ne lui a pas permis par conséquent de dire un seul mot des propos sans vraisemblance qu'on lui a prêtés dans les journaux du temps (1).

Le 29 mai, les deux armées étoient aux environs de Jawer, lorsque le comte Schouwaloff, aide-de-camp de l'empereur Alexandre, et le général prussien de Kleist, parurent aux avant-postes de l'armée françoise, demandant à parlementer. Napoléon y consentit, et nomma M. de Caulaincourt, duc de Vicence, pour conférer avec eux. Les conférences durèrent trois jours; le quatrième jour, les parlementaires signèrent un armistice, dont le terme étoit fixé au 20 juillet suivant.

Dans l'intervalle, l'Autriche, qui desiroit toujours et avec la même sincérité la fin de cette longue et sanglante querelle, fit consentir toutes les parties belligérantes à tenir à Prague, sous sa médiation, un congrès, dont l'ouverture fut fixée au 5 du même mois.

Les plénipotentiaires russes et prussiens s'y rendirent

(1) M. Duroc étoit fils d'un notaire de Pont-à-Mousson. Il avoit de l'instruction, de l'esprit et de la valeur. Napoléon l'aimoit autant qu'il pouvoit aimer, parcequ'il savoit que personne ne lui étoit plus sincèrement attaché. Il n'avoit pas plus de trente-huit ans quand il

mourut.

1813.

1813.

au jour nommé. Ceux de France (1) se firent attendre ; et lorsqu'ils furent arrivés, il s'éleva entre eux et ceux des alliés de nombreuses difficultés sur l'étiquette, sur la forme et l'objet des négociations. Le temps s'écoula dans ces vaines discussions; et lorsque le terme de l'armistice fut expiré, les ministres de Prusse et de Russie annoncèrent que leurs pouvoirs ne s'étendant pas audelà, ils devoient se retirer; et ils partirent.

Il est probable que, de part et d'autre, on ne desiroit pas sincèrement la paix, et qu'on n'avoit voulu que gagner du temps; mais, ce qui laisse néanmoins les plus grands torts du côté de Napoléon, c'est que l'Autriche, qui avoit annoncé d'avance qu'elle uniroit ses armes à celles des puissances qui voudroient sincèrement la paix, se rangea du parti des alliés, et déclara la guerre à Napoléon.

La Suéde avoit déja pris le même parti, et s'étoit engagée à fournir trente mille hommes à la coalition, qui vouloit décidément affranchir l'Allemagne du joug de l'étranger.

La Suéde étoit alors gouvernée par Charles XIII, cidevant duc de Sudermanie, frère de Gustave III, ce noble et valeureux chevalier qui fut si traîtreusement assassiné au moment où il alloit se mettre à la tête des armées destinées à rétablir la monarchie françoise. Nommé régent du royaume pendant la minorité de son neveu Gustave IV, le duc de Sudermanie adopta un système pacifique qui favorisa le commerce et l'industrie de la Suède. Le temps de la minorité étant expiré, il quitta les affaires, et alla vivre dans une profonde re

(1) MM. de Narbonne et de Caulaincourt.

traite au château de Rosemberg, d'où il sortit le lendemain de la révolution qui renversa son neveu du trône. Il lui succéda.

Le nouveau monarque n'avoit point d'enfants, ni l'espoir d'en obtenir. Son neveu avoit un fils, mais que les auteurs, encore tout-puissants, de la dernière révolution, avoient exclu du trône et proscrit comme son père. Charles XIII fut donc obligé de se choisir un successeur dans une famille étrangère. Dans les circonstances où ils se trouvoient, les Suédois avoient besoin d'un guerrier; et dans ce temps-là on croyoit que les premiers guerriers du monde étoient en France. Ces deux motifs déterminèrent les états et le roi à offrir la couronne de Suède au maréchal Bernadotte, l'un des chefs les plus distingués de l'armée françoise (1). Il accepta, et fut proclamé prince royal le 21 août 1811. Il ne pouvoit se maintenir à ce haut degré d'élévation qu'en oubliant son ancienne patrie, et en épousant les intérêts de celle qui venoit de l'adopter. Or, l'intérêt de la Suède exigeoit impérieusement qu'elle se rapprochât de la Russie en vertu du traité qui fut signé en 1812 avec cette puissance, le prince royal, le 18 mai 1813, vint débarquer à Stralsund à la tête de trente mille Suédois.

Ce fut dans cette ville qu'il rencontra le général Moreau, nouvellement arrivé du nouveau monde pour servir la même cause; ces deux généraux, fort oppo

(1) Jean-Baptiste Bernadotte, né à Pau, en 1764, d'une famille bourgeoise, étoit sergent dans le régiment de Royal-Marine avant la révolution. Son activité, sa valeur et ses opinions patriotiques, lui procurèrent un avancement rapide dans l'armée. Il n'a dû qu'à luimême et à sa réputation de bravoure et de probité le choix les états et le roi firent de sa personne pour occuper le trône de Suède.

que

1813.

1813.

Etat de l'armée francoise.

sés de principes et de caractère, n'avoient jamais été
liés ;
mais la conformité de leur haine pour Napoléon
les rapprocha, et ils se donnèrent réciproquement des
témoignages d'estime et d'affection.

Alors la coalition contre Napoléon se composoit des armées de Russie, d'Autriche, de Prusse, de Suède et d'Angleterre : voici quelles étoient la force et la position de ces armées lors de la reprise des hostilités.

La grande armée, composée de troupes autrichiennes et russes, forte de cent quarante mille hommes, commandée par le prince de Schwartzemberg, occupoit les rives de l'Elbe et de l'Eger. L'empereur Alexandre et le roi de Prusse étoient dans cette armée.

L'armée dite de Silésie, forte de quatre-vingt mille hommes russes et prussiens, et commandée par le prince Blücher, étoit en position sur la rive gauche.de la Katzbach.

Le prince royal de Suéde, à la tête d'une armée de quatre-vingt-cinq mille hommes, savoir, trente mille Suédois, trente mille Prussiens et vingt-cinq mille Russes, couvroit Berlin et avoit son quartier-général à Donnevitz.

Plusieurs corps, évalués ensemble à quarante-cinq mille hommes, servoient à lier les trois armées combinées, à éclairer leurs flancs, à maintenir leurs communications. Ainsi, les forces disponibles des alliés s'élevoient à trois cent soixante mille hommes de toute

arme.

Celles de Napoléon s'élevoient à trois cent quatrevingt-cinq mille, partagées en quinze grands corps, ainsi qu'il suit :

« ZurückWeiter »