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1809. Paix de

Vienne.

Enfin cette paix, négociée avec tant de mystère, et et depuis si long-temps attendue, fut signée à Vienne le 14 octobre 180g, au nom de l'empereur des François, par M. le comte de Champagny, duc de Cadore ; et par le prince Jean de Lichtenstein, au nom de l'empereur d'Autriche.

« Par ce traité, l'empereur d'Autriche cédoit et abandonnoit à l'empereur des François, pour faire partie de la confédération du Rhin, 1o les pays de Salzbourg, de Berchtolsgaden, et la partie de la haute Autriche qui comprend Veissenkirch, Widersdolf, Misselbach, Greist, Heist, Jeding, etc.

2o Le comté de Gorice, le territoire de Montefalcone, le gouvernement et la ville de Trieste, la Carniole, le cercle de Willach en Carinthie, Fiume et le littoral hongrois, l'Istrie autrichienne, etc.

« 3o Il cédoit et abandonnoit au roi de Saxe les enclaves dépendantes de la Bohème (elles sont dénommées), la Gallicie occidentale, un arrondissement autour de Cracovie...» Les salines de Vieliczka devoient appartenir en commun à l'empereur d'Autriche et au roi de Saxe.

4o Il cédoit et abandonnoit à l'empereur de Russie, dans la partie orientale de la Gallicie, un territoire renfermant quatre cent mille ames.

« 5° Il renonçoit, pour l'archiduc Antoine, à la grande maîtrise de l'ordre teutonique.

« 6o Il reconnoissoit tous les changements survenus ou qui pourroient survenir en Espagne, en Portugal et en Italie.

« Il adhéroit au système prohibitif adopté par la France contre l'Angleterre, et devoit faire cesser toute relation avec la Grande-Bretagne.

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De son côté, l'empereur des François, roi d'Italie, etc., vouloit bien garantir l'intégrité des possessions de sa majesté l'empereur d'Autriche dans l'état où elles se trouvoient d'après le présent traité, etc.

La présente paix fut déclarée commune aux rois d'Espagne (Joseph Napoléon), de Hollande (Louis Napoléon), de Naples (Murat), de Bavière, de Saxe, de Wurtemberg, de Westphalie, et à tous les membres de la confédération du Rhin, etc., etc.

Le dimanche 29 octobre la paix fut proclamée à París par des hérauts d'armes, et avec toute la pompe que comportoit cette cérémonie, dans toutes les places publiques. Le soir la ville fut illuminée de la manière la plus brillante. Les habitants, entraînés et séduits par le prestige de la gloire, oublièrent dans ce moment le prix énorme qu'elle leur coûtoit, pour se livrer, comme des enfants, aux épanchements de la joie, aux fêtes et aux réjouissances qui leur furent prodiguées à cette occasion.

Ils allèrent admirer avec une complaisance pleine de vanité les tableaux, les statues, les bustes antiques, les manuscrits précieux, les éditions rares, et autres dépouilles de l'Autriche, qui furent exposées dans les salles du Louvre ; sans se douter que ces mêmes dépouilles pouvoient nous attirer de cruelles représailles, et nous seroient reprises un jour, pour aller, avec les nôtres, enrichir les palais et amuser à leur tour l'orgueil des habitants de Vienne.

L'Angleterre, qui n'avoit pas peu contribué à entraîner l'Autriche dans l'abyme où elle venoit de tomber, fit tout ce qu'il étoit humainement possible de faire pour la sauver. Elle envoya des armes et de l'argent à

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tion de

son alliée; elle réussit à détacher la Suéde de la confédéra1809. tion; elle fit bombarder la capitale du Danemarck, dont Expédi le roi voulut rester fidèle à son alliance avec Napoléon. Walche- Elle mit en mer un armement formidable, qui, à la fin de juillet, alla jeter l'ancre à l'embouchure de l'Escaut, et débarqua vingt mille hommes dans l'île de Walche

ren.

ren.

L'objet immédiat de cette expédition étoit de s'emparer d'Anvers et des quatorze vaisseaux qui étoient dans le port de cette ville, de détruire ses vastes et beaux chantiers, et de rendre la navigation de l'Escaut impraticable pour les vaisseaux de guerre.

Mais l'Angleterre avoit un autre but, et plus important et plus conforme aux intérêts de l'Autriche : c'étoit de faire en sa faveur une puissante diversion sur les côtes de France; c'étoit d'occuper les François dans leurs foyers; c'étoit de les obliger à garder pour leur propre défense ces myriades de conscrits qui alloient incessamment réparer leurs pertes sur les bords du Danube. Ce plan étoit bien conçu; mais il fut déconcerté, 1o par la rapidité avec laquelle Napoléon, marchant de victoires en victoires, termina par celle de Wagram une campagne que l'on croyoit à peine ouverte à Londres; 2° par l'incroyable et presque miraculeuse célérité avec laquelle M. Fouché, celui de ses ministres que l'empereur avoit laissés à Paris, qui étoit le plus en état de le suppléer, fit trouver une armée là où il ne devoit pas y avoir plus d'un bataillon. On ne sait comment il fit, mais, à sa voix, une armée de trente mille hommes parut sortir de dessous terre, et arriva à l'embouchure de l'Escaut, au moment où les

Anglois faisoient leur débarquement, et croyoient débarquer sur une plage déserte (1).

Au lieu de surprendre les François, ils furent surpris eux-mêmes. Tout leur plan d'opérations fut rompu. Ils n'approchèrent pas d'Anyers: ils se bornèrent à détruire les ouvrages de Flessingue, et se rembarquèrent avec précipitation, après avoir perdu, par les maladies, plus des deux tiers de leur armée.

L'empereur quitta Vienne le 16 octobre, et arriva le 18 à Munich, où il séjourna trois jours, pendant lesquels il décida le roi de Bavière à donner sa fille en mariage au prince Eugène, vice-roi d'Italie. Il partit de Munich le 21, et arriva le 26 à Fontainebleau, lorsqu'on le croyoit encore à Schoenbrunn. Il mettoit de l'importance à ces courses rapides, et à ces rentrées imprévues.

De retour dans sa capitale, après celle de toutes ses campagnes à laquelle il attachoit le plus de gloire, il résolut d'étaler aux yeux de ses sujets le spectacle de sa grandeur, en invitant tous les rois qu'il avoit crées, et tous les princes de la confédération, devenus autant de vassaux de sa couronne, à venir à Paris, pour assister aux fêtes de la paix, ou plutôt pour augmenter l'éclat de sa cour. Ils y vinrent.

Ce fut alors que la capitale de la France parut en effet celle de l'Europe. On vit à-la-fois réunis dans son enceinte les rois de Saxe, de Bavière, de Wurtemberg, de Hollande, de Naples, de Westphalie, le vice-roi d'Ita

(1) Pour prix du zèle et du talent qu'il déploya dans cette circonstance, M. Fouché fut exilé en Provence. Son maître n'aimoit pas et craignoit les hommes qui pouvoient le remplacer.

1809.

1809.

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lie, le prince primat, le grand-duc de Bade, etc. Tous ces princes accompagnèrent l'empereur à Notre-Dame, où fut chanté un Te Deum en mémoire de la paix; et de là à la salle du corps législatif, dont sa majesté fit l'ouverture par le discours suivant :

« Messieurs les députés des départements au corps ture du législatif, depuis votre dernière session j'ai soumis corps législatif. l'Aragon, et la Castille, et chassé de Madrid le gouvernement fallacieux formé par l'Angleterre. Je marchois sur Cadix et Lisbonne lorsque j'ai dû revenir sur mes pas et planter mes aigles sur les remparts de Vienne. Trois mois ont vu naître et terminer cette quatrième guerre punique.

« Le génie de la France a conduit l'armée angloise; elle a terminé ses destins dans les marais pestilentiels de Walcheren. Dans cette importante circonstance, je suis resté éloigné de quatre cents lieues, certain de la nouvelle gloire qu'alloient acquérir mes peuples. François, tout ce qui voudra s'opposer à vous sera vaincu. Votre grandeur s'accroîtra de toute la haine de vos ennemis. Vous avez devant vous de longues années de gloire et de prospérité à parcourir; vous avez la force et l'énergie de l'Hercule des anciens.

« J'ai réuni la Toscane à l'Empire: ces peuples en sont dignes par la douceur de leur caractère, par l'attachement que nous ont montré leurs ancêtres, et par les services qu'ils ont rendus à la civilisation européenne.

<«<L'histoire m'a indiqué la conduite que je devois tenir envers Rome. Les papes, devenus souverains d'une partie de l'Italie, se sont constamment montrés les ennemis de toute puissance prépondérante dans la

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