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1865.

Louis Buonaparroi

de Hol

lande.

naires des états-généraux de Hollande furent admis à l'audience de S. M. l'empereur et roi.

Le vice-amiral Verhuel, président de la députation,

dit:

« Sire,

« Les représentants d'un peuple connu par sa patience courageuse dans les temps difficiles, célébre par la solidité de son jugement et par sa fidélité à remplir ses engagements, nous ont donné l'honorable mission de nous présenter devant le trône de votre majesté. Ce peuple a beaucoup souffert des agitations de l'Europe et des siennes. Témoin des catastrophes qui ont renversé quelques états, victime des désordres qui les ont tous ébranlés, il a senti la nécessité de se placer sous la première des sauvegardes politiques de l'Europe. Nous son mes chargés, sire, d'exprimer à votre majesté le vœu de nos représentants; nous la supplions de nous accorder comme chef suprême de notre république, comme roi de Hollande, le prince Louis Napoléon, frère de votre majesté, auquel nous remettons, avec une entière et respectueuse confiance, la garde de nos lois, la défense de nos droits politiques, et tous les intérêts de notre patrie.

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L'empereur répondit :

« MM. les représentants du peuple batave,

« J'ai toujours regardé comme le premier intérêt de ma couronne de protéger votre patrie..... J'adhère à vos vœux. Je proclame roi de Hollande le prince Louis. Vous, prince, régnez sur ces peuples; protégez ses li

bertés, ses lois, sa religion, mais ne cessez jamais d'être François...

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Le prince Louis prit la parole à son tour, et dit :

<< Sire, j'irai régner en Hollande, puisque les Hollandois le desirent, et que votre majesté l'ordonne. Votre majesté permettra que j'éprouve des regrets en m'éloignant d'elle, mais ma vie et ma volonté lui appartiennent. >>

L'empereur adressa ensuite au sénat un message par lequel il lui annonçoit cette nouvelle, en même temps que celle de la nomination de son oncle le cardinal Fech, en qualité de coadjuteur de l'électeur archichancelier de l'empire. Le message étoit terminé par ces

mots :

« Ainsi le service de la patrie appelle loin de nous nos frères et nos enfants. Mais le bonheur et les prospérités de nos peuples composent aussi nos plus chères af

fections. "

Peu de temps avant l'invasion de Naples, et pour la justifier à sa manière, l'empereur avoit fait insérer dans le Moniteur la note suivante :

"

« L'ordre du destin est irrévocable. De trois filles de Marie-Thérèse l'une a perdu la monarchie de France, l'autre la maison de Parme; la troisième vient de perdre Naples. Une reine furieuse et insensée, une femme méchante et sans mœurs une nouvelle Frédégonde est le présent le plus funeste que le ciel, dans sa colère, puisse faire à un souverain, à un époux, à une nation. »

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Cette note insolente, et plus digne du chef de l'école des cyniques que d'un empereur des François, ne peut avoir été dictée que dans un moment de délire.

1805.

1805.

Causes de

démêlés

Ce fut en effet peu de jours après la bataille d'Austerlitz, et dans l'ivresse de la victoire, que Napoléon l'écrivit.

L'Autriche et la Russie avoient conclu avec l'Angleavec l'Au- terre un traité, dont l'objet immédiat étoit l'indépentriche. dance de l'Allemagne et de la Suisse. L'empereur de Russie, plein de cette loyauté que, depuis, nous avons eu occasion d'admirer, envoya M. de Novosiltzoff à Paris, avec l'ordre d'en communiquer les articles à Napoléon, et de prévenir, s'il étoit possible, la nouvelle effusion de sang dont l'Europe étoit me

nacée.

Il étoit trop tard: Napoléon connoissoit le traité. Il entretenoit à grands frais, dans tous les cabinets de l'Europe, des correspondants traîtres à leurs maîtres, et qui l'instruisoient exactement de tout ce qu'il avoit intérét de savoir. Ce fut, pendant son règne, un de ses plus grands moyens de succès en diplomatie comme en guerre. M. de Novosiltzoff fit donc un voyage inutile ; il ne put remplir la mission dont il étoit chargé : Napoléon refusa de le voir.

Si Napoléon étoit mécontent de la Russie, il l'étoit bien davantage de l'Autriche, dont il accusoit et les dispositions hostiles et les ruses diplomatiques.

Afin d'opposer ruse à ruse, et pour tromper la cour de Vienne sur ses véritables projets, il lui fit écrire par le comte Philippe de Cobentzel, ambassadeur d'Autriche à Paris, « qu'il n'y avoit rien à craindre pour I'Allemagne des armements de la France; que l'armée de Boulogne s'embarqueroit infailliblement; que l'armée autrichienne pouvoit se porter en Italie, et qu'il falloit

profiter du moment où il n'y avoit pas trente mille François dans ce pays pour le recouvrer. » (1)

Il fit en même temps insérer dans la gazette officielle de La Haye (20 juillet 1805) la note suivante :

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Napoléon ne peut plus différer l'exécution de son grand plan; il fera partir l'expédition destinée à envahir l'Angleterre, et forcera cette puissance à faire une paix séparée avant que les puissances du continent puissent se joindre au traité. »

Ce fut en conséquence de ces avis perfides que l'Autriche arrangea son plan de campagne, et envoya ses meilleures troupes en Italie sous le commandement de son plus habile général, le prince Charles.

Lorsque tout fut ainsi préparé, Napoléon leva soudain le camp de Boulogne, et l'armée des côtes prit à grandes journées la route de l'Allemagne.

Avant d'aller en prendre le commandement, il se rendit au sénat, tant pour accuser l'Autriche d'une ambition démesurée et d'une perfidie sans exemple, que pour manifester son profond chagrin d'être obligé de reprendre les armes, lorsqu'il ne soupiroit qu'après les douceurs de la paix (2). Et il ajouta :

« Je vais quitter ma capitale pour aller me mettre à la

(1) Le comte Philippe de Cobentzel fut, on ne sait par quel motif, un des plus grands admicateurs de Napoléon, et par conséquent l'homme le moins propre à surveiller ses mouven eats à Paris, et à rendre compte à sa cour de ce qui se passoit aux Tuileries.

(2) Nous pensons qu'il est désormais inutile de faire remarquer le contraste des discours de l'empereur avec ses actions. Nos lecteurs n'ont plus besoin d'être avertis de se tenir en garde contre des artifices qui, dès ce temps-là, ne trompoient personne.

1805.

1805.

Campa

triche en

1806.

tête de mes armées. J'espérois encore la paix il y a peu de jours mes espérances se sont évanouies. L'armée autrichienne a passé l'Inn: Munich est envahi, l'électeur de Bavière est chassé de ses états. Je gémis du sang qu'il en coûtera à l'Europe; mais le nom françois en obtiendra un nouveau lustre.

"

François, votre empereur fera son devoir, mes soldats feront le leur. Vous ferez le vôtre. » (1)

Voici quel étoit l'état de nos forces à cette époque. gne d'Au- L'armée de Boulogne, qui s'avançoit sur le Rhin, étoit 1805 et de deux cent dix mille hommes; celle d'Italie de cent vingt-deux mille. Nous en avions une de vingt-cinq mille en Hollande, une autre de vingt-cinq mille dans le Hanovre, une de vingt mille sur les côtes de l'ouest; et cent soixante mille conscrits étoient en route pour augmenter ces forces déja très imposantes. Le tout devoit former au mois d'octobre un état militaire de cinq cent soixante mille hommes, partagés en dix grands corps d'armée, commandés par des généraux exercés, accoutumés à vaincre, et dirigés par un chef suprême, actif, entreprenant, à qui les sacrifices d'hommes et d'argent ne coûtoient rien pour arriver à ses fins.

La campagne s'ouvrit par une violation des territoires neutres et du droit des gens. A Bade et à Stuttgard, les François forcèrent les hôtels des ministres d'Autriche, de Suède et de Russie, dont on enleva tous les papiers. Le palais de l'électeur de Wittemberg fut pillé. Une di

(1) Mes soldats, mes armées, ma capitale ! Il s'approprioit tout, On ne se figure pas combien ce ton d'égoïsme lui fit d'ennemis méme parmi ses anciens partisans.

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