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ront toujours de point de ralliement. Ils seront par-tout bù votre empereur les jugera nécessaires pour la défense de son trône et de son peuple. Vous, jurez de sacrifier votre vie pour les défendre, et de les maintenir constamment, par votre courage, dans le chemin de la victoire. Tous les soldats répétèrent: Nous le jurons.

Tous les corps de l'état allèrent ensuite se prosterner aux pieds du nouveau monarque, et lui adresser des félicitations que nous nous dispenserons de répéter: jamais le langage de la flatterie ne fut et plus monotone et moins ingénieux.

Nous ferons une exception en faveur d'un discours qui fut prononcé un mois après le couronnement de l'empereur, à l'occasion de l'inauguration de sa statue dans la salle du corps législatif, en présence de l'impératrice, des princes et maréchaux de l'empire, du sénat, du corps diplomatique et des illustres étrangers qui se trouvoient à Paris.

La statue ayant été découverte par les maréchaux Murat et Masséna, M. de Fontanes, président de l'assemblée, se leva et dit :

1804.

Fontanes

« La gloire obtient aujourd'hui la plus juste récom- Discours pense, et le pouvoir en même temps les plus nobles in- de M. de structions. Ce n'est point au grand capitaine, ce n'est point au vainqueur de tant de peuples que ce monument est érigé le corps législatif le consacre au restaurateur des lois. Des esclaves tremblants, des nations enchaînées ne s'humilient point devant cette statue; mais une nation généreuse y voit avec plaisir les traits de son libérateur.

« Périssent les monuments élevés par l'orgueil et la flatterie! Mais que la reconnoissance honore toujours

1804.

ceux qui sont le prix de l'héroïsme et des bienfaits! Eh! quel bienfait plus mémorable que celui d'un code uniforme (1) donné à trente millions d'hommes? Le jour où le code civil reçut dans cette enceinte la sanction nationale fut le premier jour qui fixa nos destinées. On n'a pu croire à la stabilité du nouveau gouvernement de la France que lorsque toutes les factions désarmées ont été contraintes d'obéir aux mêmes lois.

« Les trophées guerriers, les arcs de triomphe, en conservant des souvenirs glorieux, rappellent les malheurs des peuples vaincus. Mais dans cette solennité d'un genre nouveau, tout est consolant, tout est paisible, tout est digne du lieu qui nous rassemble.

« L'image du vainqueur de l'Égypte et de l'Italie est sous vos regards, mais elle ne paroît point environnée des attributs de la force et de la victoire. Le héros ne porte ici dans sa main tant de fois triomphante que le livre de la loi qui doit commander à la force et à la victoire elle-même.

« Malheur à celui qui voudroit affoiblir l'admiration et la reconnoissance que méritent les vertus militaires Loin de moi une telle pensée! Pourrois-je la concevoir devant cette statue? Et l'anniversaire même du jour où le vainqueur de Rivoli (2) défit en quelques heures deux armées ennemies qui se croyoient sûres de l'envelopper, m'en interdiroit le moyen. Comment ne pas honorer la valeur au milieu des guerriers qui ont vaincu sous lui, et de ses plus illustres lieutenants? Mais j'ose le dire

(1) Cette statue avoit été votée un an auparavant, à l'occasion de la rédaction du code civil.

(2) La bataille de Rivoli, gagnée le 15 janvier 1797

devant eux, et je suis sûr qu'ils ne me démentiront pas, parceque l'intérêt de la patrie leur est plus cher que celui de leur renommée : les talents militaires pouvoient tout contre les ennemis du dehors, et ne pouvoient rien contre les ennemis du dedans.

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« Ce n'étoit point assez pour notre salut de ces légions victorieuses qui nous protégeoient contre l'Europe, il étoit temps qu'on vit paroître un législateur qui nous protégeât contre nous-mêmes. Ce législateur est venu, et nous avons enfin respiré sous son empire. Que d'autres vantent ses hauts faits d'armes; que toutes les voix de la renommée se fatiguent à dénombrer ses conquêtes; je ne veux célébrer aujourd'hui que les travaux de sa sagesse. Son plus beau triomphe dans la postérité sera d'avoir défendu, contre toutes les révoltes de l'esprit humain, le système social prêt à se dissoudre. Il a vaincu les fausses doctrines: elles commencent à s'éloigner devant son génie; et bientôt il achèvera leur défaite entière, en prouvant que la liberté publique n'est garantie que par un monarque, premier sujet de la loi.

« Dans le chaos de tant d'opinions, et sous les ruines de tout un empire, combien il étoit difficile de retrouver le principe conservateur qui l'anima pendant quatorze siècles! La première place étoit vacante, le plus digne a dû la remplir: en y montant il n'a détróné que l'anarchie, qui régnoit seule dans l'absence de tous les pouvoirs légitimes.

« La fête qui nous rassemble est donc, s'il m'est permis de le dire, celle de la renaissance de la société. Les lois civiles l'ont en effet raffermie sur ses fondements, et c'est alors que le caractère national s'est háté de re

1805.

1805.

de

paroître. Lorsqu'un peuple, long-temps séduit par faux guides, se rallie autour de la gloire; lorsqu'il recommence à honorer les grandes actions par des monuments durables, les sentiments du juste et du beau rentrent dans tous les cœurs, et l'ordre social est rétabli.

« Les statues qu'on érige à ces hommes privilégiés, qui sont faits pour conduire la foule, indiquent à tous les autres le chemin du véritable honneur. Autour de ces monuments dressés par la reconnoissance publique, on voit se manifester les affections les plus douces et les plus nobles du cœur humain. L'enthousiasme de la gloire et de la vertu se communique à toutes les ames, éléve toutes les pensées, agrandit tous les talents, et peut enfanter tous les prodiges. Tel est l'état de la société réparée.

« Au contraire, quand le corps politique tombe en ruines, tout ce qui fut obscur attaque tout ce qui fut illustre. La bassesse et l'envie parcourent les places publiques, en outrageant les images révérées qui les décorent. On persécute la gloire des grands hommes jusque dans le marbre et l'airain qui en reproduisent les traits. Leurs statues tombent; on ne respecte pas même leurs tombeaux. Le citoyen fidéle ose à peine dérober en secret quelques uns de ces restes sacrés ; il y cherche en pleurant l'ancienne gloire de la patrie. Cependant il ne désespère jamais du salut de l'état, et au milieu de tous les excès il attend le réveil de tous les sentiments généreux.

« Ces sentiments se sont ranimés de toutes parts; mais leur retour fut préparé par l'homme supérieur qui

nous rendit peu-à-peu toutes nos anciennes habitudes. C'est lui qui, dès les premiers jours de son gouvernement, honora les cendres de Turenne, et fit placer dans son palais les bustes de tous ces héros dont il égale la renommée.

« Déja les artistes, animés par sa voix, se préparent à relever sur nos places désertes les statues des plus grands hommes françois. Celui qui montra tant de respect pour leur mémoire a bien mérité que la sienne vive à jamais.... (1). »

Le même orateur, à la tête d'une députation du corps législatif, fut présenté au saint-père, et lui dit :

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1805.

Le pape

du champ de bataille, le dessein de rétablir l'unité reli- est abuse. gieuse et de rendre aux François leur culte antique, il préserva d'une ruine entière les principes de la civilisation. Cette grande pensée survenue dans un jour de victoire enfanta le concordat ; et le corps législatif, dont j'ai l'honneur d'être l'organe auprès de votre sainteté, convertit le concordat en loi nationale.

« Jour mémorable, également cher à la sagesse de l'homme d'état et à la foi du chrétien ! C'est alors que la France, abjurant de trop longues erreurs, donna les plus utiles leçons au genre humain. Elle sembla recon

(1) Dans un temps où les orateurs de toutes les autorités constituées se croyoient autant de Cicérons, et s'évertuoient à faire des discours dans le genre admiratif, que personne ne lisoit, on lut avec intérêt celui-ci, parceque l'auteur avoit eu le secret de cacher des leçons de sagesse sous la tournure ingénieuse de ses éloges : il savoią qu'on peut faire naitre des vertus, en les supposant.

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