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Bonaparte répondit à ces braves militaires :

« Soldats, j'ai lu votre lettre. Je me suis fait rendre compte de votre > conduite : je vous reconnais toujours » pour de dignes enfans de la 6.1.; » j'ai donné ordre que l'on vous ren> dît vos armes. Je saisirai la première > occasion pour vous mettre à même » de vous venger ; vous n'avez jamais » été vaincus, mais vous ne mourrez >pas sans être vainqueurs ».

On se rappelle que dans le mois de thermidor an 9, plusieurs régimens, entr'autres celui du er, d'artillerie, où Bonaparte fit ses premières armes, s'insurgèrent contre leurs chefs, à Turin. Six des principaux coupables de chaque corps furent arrêtés. Sa sévérité porta principalement sur le 1er.

régiment d'artillerie à pied, qui fut dissous, et recomposé de compagnies d'un des régimens d'artillerie à cheval qui s'étaient les mieux conduits; mais on se borna à en chasser les plus coupables,

A la parade du 15 prairial an 10, Bonaparte rendit au 1er. régiment d'artillerie, ses drapeaux, après en avoir arraché le crêpe, et y avoir suppléé de nouvelles cravates; s'adressant au chef de brigade, il lui, dit : « Les banderolles que j'attache › à ces drapeaux, ont effacé jusqu'au souvenir des crêpes funèbres qui » les ont couverts pendant 8 mois ».

<< Canonniers du 1er. régiment, voilà >> vos drapeaux, ils vous serviront toujours de point de ralliement; ils >> seront par-tout où le peuple français » et son gouvernement auront des > ennemis à combattre. Vous jurez de

les défendre jusqu'à la mort, vous »jurez qu'ils ne tomberont jamais au » pouvoir de l'ennemi ».

Le serment fut prêté avec enthousiasme, et après différens airs exécutés par la musique du régiment, Bonaparte reprit ainsi :

<< Officiers et sous-officiers du pre>mier régiment, c'est dans vos rangs que j'ai pris les premières leçons de > l'Art militaire ; j'ai vu notre régi»ment uniquement sensible au senti>ment d'honneur: soyez dignes d'être » les premiers du premier corps de » l'armée, faites connaître que je les >> vois ici avec une vive satisfaction ».

Cette sévérité de Bonaparte, à l'égard d'un régiment dans lequel il avait fait ses premières armes, fut un hommage qu'il rendit à la discipline militaire qu'il sait si bien faire observer. Tout en

châtiant le soldat, il lui communique la grandeur de son âme, il l'électrise; et le châtiment, qui devrait naturellement refroidir le cœur du soldat pour son général, devient un stimulant, un germe d'héroïsme par la manière dont il sait l'infliger.

Ce fut à cette même parade, qu'ap percevant le chirurgien - major du régiment, qu'il n'avait pas vu depuis long-tems, il lui adressa ces mots: A propos, citoyen Bievelot, êtes-vous toujours avec votre aménité particulière, un peu original ? Pas autant que vous, mon Général, vous qui ne faites rien comme les autres et que personne ne saurait imiter.

Lors de son voyage à Boulogne et

sur les côtes, Bonaparte en passant la revue d'une division de l'armée, un soldat de la 4, lui présenta les armes et lui dit:

« En l'an 5, j'ai partagé avec vous » un pain de munition, dans les gorges » de Bassano, et cela vous a été fort >> utile, car vous aviez bien faim, et > vous ne pouvez l'avoir oublié. Je >> vous demande donc d'en faire au>> tant pour mon père qui est vieux » et infirme. J'ai reçu cinq blessures

dans les armées, et j'ai été fait ca»poral et sergent sur le champ de » bataille : j'espère être sous-lieutenant » à la première affaire. »

Bonaparte se ressouvint parfaitement de l'anecdote, et fit droit à sa demande.

Parcourant un jour sur une péniche,

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