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Cette sensibilité exquise qui caráctérise le véritable héros, et qui donne du relief aux actions de la vie du particulier le plus obscur, est identifiée avec Bonaparte, et forme une nuance délicate à son portrait, qui en fait ressortir les traits avec plus d'éclat. A la mémorable journée de Maringo, rencontrant une grande quantité de soldats blessés, il s'écria douloureusement: on regrette de n'être de n'être pas blessé comme eux, pour partager leurs douleurs.

Lorsqu'au fort de cette bataille, le

à l'arrivée de ce général en Italie, lors de ses premières campagnes, en faisant promulguer l'ordre suivant: « Le général en chef avertit » l'armée d'Italie, que le général Desaix est » arrivé de l'armée du Rhin, et qu'il va recon» naître les positions où les français se sont » immortalisés ».

général Berthier vint lui annoncer que l'armée commençait à tomber en dé route, il lui dit : Général!... vous ne m'annoncez pas cela de sang-froid. Mot digne d'un héros, et qui rappelle ce beau vers d'Horace :

Impavidum ferient ruinæ.

IMPROMPTU SUR BONAPARTE.

Qui prêtera jamais, pour tracer ton histoire, Une plume à Clio ? L'aîle de la Victoire.

A cette même bataille, Bonaparte, au milieu des plus grands dangers, conserva le calme le plus héroïque. Les braves qui l'entouraient, lui observant les balles sifflaient autour d'eux que sans les atteindre, il leur répondit : c'est ma fortune qui vous couvre.

Le poète Lebrun, dans une de ses

ødes, parlant de la bataille de Maringo,

s'exprime ainsi :

Quel choc! le sort quatre fois change,
Par-tout siffle le plomb mortel.

Au premier rang de sa phalange,
Desaix!... Sa tombe est un autel,

Au lieu de pleurer, Bonaparte le venge.

Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits!
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais.
Buvons, buvons à la victoire,
Fidelle amante du Français.

Dans la dernière campagne d'Italie,

un soldat mécontent montre à Bonaparte son habit entièrement usé, dont les lambeaux le couvraient à peine, et lui en demande un neuf avec assez d'humeur. Un habit neuf, répond le général; tu n'y songes pas: on ne verrait pas tes blessures.

L'antiquité n'offre rien de comparable à ce mot.

Bonaparte, en revenant de sa seconde campagne d'Italie, prit la route de Turin, traversa le Mont-Cénis, passa à Chamberry, et arriva à Lyon le g messidor an 8. Son intention était de se dérober aux honneurs qu'on voulait lui rendrez mais malgré toutes les précautions qu'il fit prendre pour cela, la nouvelle de son arrivée se répandit dans toute la ville : une foule immense se porta sur les quais, les ponts, les rues et les toits, en criant : c'est Bonaparte! Les applaudissemens, les vivat, les bravo, durèrent jusqu'à la nuit, mêlés aux fanfares et aux salves d'artillerie.

Le lendemain à heures au matin, 9 Bonaparte, au milieu d'un superbe cortège, et de 50,000 lyonnais, se mit en marche, et arriva à Bellecour, jadis la plus belle place de l'Europe, et à

cette époque le Champ de la Destruction... (1), pour poser la première pierre, et commencer enfin la réédifi cation des fameuses façades qu'on avait eu l'atrocité de démolir après le siége,

On improvisa pendant la nuit du g au 10 une médaille en bronze: elle fut présentée à Bonaparte un instant avant qu'il posât la première pierre de la faça de; il la reçut en riant, et dit au préfet d'assurer les Lyonnais, que bientôt cette place recouvrerait son ancienne splendeur, et que les fabriques de Lyon, réduites à 4000, seraient portées ayant deux ans, à plus de 25,000. Il posá ensuite la médaille, renfermée dans une boîte de plomb, sous les fondemens du nouvel édifice.

(1) La destruction de cette place fut un des exploits tragiques, du comédien Collot-d'Herbois, déporté à Synamary, où il mourut quelque tems après son arrivée.

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