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D'après l'article III du traité d'Amiens du 27 mars 1802, l'Angleterre a rendu à la Hollande sa Guyane, qu'elle avait acquise et occupée pendant la guerre.

La paix d'Amiens ayant été rompue en 1803, les Anglais se sont emparés de nouveau, en 1804, sans résistance, des colonies de l'Essequebo, Demerara et Berbice, lesquelles furent finalement cédées par la Hollande à l'Angleterre, par la Convention de Londres du 13 août 1814, article Ir, ainsi libellé :

"Sa Majesté Britannique s'engage à restituer au Prince Souverain des Provinces Unies des Pays-Bas, dans le délai qui sera fixé ci-après, les colonies, comptoirs et établissements dont la Hollande était en possession au commencement de la dernière guerre, c'est-àdire, au 1er janvier 1803, dans les mers et sur les continents de l'Amérique, de l'Afrique et de l'Asie, à l'exception du Cap de BonneEspérance, et des établissements de Demerara, Essequibo et Berbice, desquelles possessions les Hautes Parties Contractantes se réservent le droit de disposer par une Convention supplémentaire, qui sera négociée ci-après conformément aux intérêts mutuels des deux parties, et en particulier sous le rapport des stipulations contenues dans les articles 6 et 9 du traité de paix conclu entre S. M. Britannique et S. M. Très Chrétienne, le 30 mai 1814.

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La Convention supplémentaire dont il s'agit ici, est jointe au traité principal, sous la forme d'articles additionnels. Cette Convention supplémentaire se borne à régulariser des indemnités, de façon que, la Hollande devant immédiatement indemniser la Suède, l'Angleterre a pris sur elle cette indemnité, en s'appropriant les colonies de la Hollande.

Ni cette Convention de Londres, ni la Convention supplémentaire ne contiennent un seul mot qui soit relatif aux limites des colonies hollandaises cédées à l'Angleterre. Et la Hollande n'a jamais eu de traité de limites avec le Portugal.

En 1836 et 1838, un Allemand, nommé Robert Schomburgk, a fait quelques voyages et explorations au Rio Branco et dans la Guyane Anglaise, sur laquelle il a écrit un volume intitulé A description of British Guiana publié à Londres en 1840; et il a été récompensé par le Gouvernement Britannique par le grade de colonel et une décoration.

Peu après son départ pour l'Angleterre, un missionnaire anglais, appelé Thomas Youd, est parti de Demerara et est allé établir une mission sur une colline qui domine le bassin de la rivière Pirara, en y formant un village de Macuxis, duquel il restait encore, en 1843, un hermitage en ruines et 14 maisons d'Indiens dans les mêmes conditions, toutes de construction fusiforme et aménagées pour recevoir un grand nombre d'habitants.

Le président de la province du Pará a relaté cette invasion de territoire à l'Assemblée Provinciale en 1839, dans les termes suivants :

"Du côté de la Guyane Anglaise et dans le Haut-Amazone, une nouvelle espèce d'agression se manifeste. Mon prédécesseur a été

informé qu'un missionnaire anglais était entré du côté des possessions anglaises dans le territoire brésilien, qu'il y avait fixé son habitation et catéchisait des Indiens qui habitaient le territoire de la province. Dépêchant en cet endroit un officier, mon prédécesseur a su que, envoyé par une société de missionnaires ecclésiastiques dont les réunions ont lieu dans la Guyane Anglaise, le père Youd était entré dans le territoire brésilien, habité par des Indiens Macuxis, Uapixanas et autres, et les catéchisait dans les principes de la religion réformée de Luther, en leur enseignant à lire et à écrire; et il tâchait d'établir des habitations et des villages, ayant déjà réuni près de 600 Indiens."

Le rapport dit encore :

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Que la mission du Pirara était placée en terrain brésilien, il ne peut y avoir aucun doute. Ce village est situé aux bords de la rivière Pirarara, qui se jette dans le Ripuni (Rupunury) à 3 degrés 30 minutes de latitude; et la division entre le Brésil et la Guyane Anglaise est, couramment, la chaîne Pacaraima, qui s'étend entre 3 degrés 50 minutes et 4 degrés de latitude, jusqu'à rencontrer la rivière Repuny, laquelle, suivant son cours, entre cette même latitude, se jette dans la rivière Essequibo à 3 degrés 58 minutes de latitude et 58 de longitude. "

Cette exposition officielle contenait des inexactitudes, la principale étant (et de celle-là les Anglais ont profité) de donner la rivière Pirara comme se jetant dans le Rupunury, tandis qu'elle se jette dans le Mahú. Si elle se jetait dans le Rupunury, les Anglais prétendraient avoir des eaux qui courraient à des rivières nous appartenant. Ces circonstances ont beaucoup d'influence sur la question.

Ces inexactitudes, et d'autres qui seront notées, ont pour cause le fait suivant du bureau du Gouvernement de la province du Pará, une des plus riches de l'Empire en cartes et documents, ces papiers ont disparu, emportés ou perdus par les fonctionnaires mêmes et par d'autres qui se les sont appropriés. La même chose est arrivée dans plusieurs autres bureaux. Dans sa communication officielle du 19 mai 1841, le président du Pará disait :

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'Je dois déclarer qu'il n'y a pas dans les bureaux une seule carte de la province, que l'on ne trouve dans la province aucune des diverses cartes que l'on a faites, que dans les bureaux il manque beaucoup de documents, perdus au temps des désordres ou volés par des personnes à qui on a accordé la permission de les parcourir. "

Aussitôt que le président de la province du Pará fut informé par communication officielle du colonel-commandant de l'expédition dans l'Amazone, Joa

quim José Luiz de Souza, que l'invasion du Père Youd dans le Pirara avait eu lieu, il a expédié audit colonel l'ordre, daté du 22 novembre 1838, d'envoyer un officier de confiance accompagné d'une escorte suffisante pour intimer à ce prêtre de rentrer dans les limites des possessions anglaises, cet officier se réglant pour la connaissance de ces mêmes limites d'après les poteaux qui devraient exister, fichés par la commission des démarcations qui a fait ses travaux l'année 1780 et suivantes. On dit même, ajoute ledit président, que dans la rivière Sipó il existe un de ces poteaux.

La Section n'a trouvé aucune carte ou document qui mentionne de semblables poteaux.

Le commandant de police militaire intérimaire du Haut-Amazone, dans sa correspondance, fait allusion à un poteau qui existe, dit-il, dans l'embouchure de la rivière Sipó, placé par la commission de démarcation qui a déterminé les limites de ce côté.

Et, en effet, lorsque le capitaine Leal intima au missionnaire Youd d'abandonner le Pirara, il lui montra un tronc d'arbre criblé de clous qui existait à l'embouchure du Siparuni, et qui était ce poteau.

Il n'y existe pas de rivière appelée Sipó ; du moins, elle ne se trouve dans aucune carte, et la Section n'a trouvé personne qui pût la renseigner sur ce sujet. Cette dénomination ne peut s'appliquer qu'à la rivière Siparuni.

Or, cette rivière coule des versants septentrionaux de la chaîne Pacaraima vers l'Essequibo. Pour aller à l'embouchure du Siparuni, il faut traverser cette chaîne. Et si elle est, comme nous l'avons toujours prétendu, la ligne de division de notre territoire, on ne peut, sans une contradiction manifeste, prétendre prolonger cette ligne, en traversant ladite chaîne jusqu'à l'embouchure du Siparuni, qui naît et court au delà.

En outre, comme la Section a déjà eu l'occasion de le déclarer, la commission démarcatrice de limites (portugaise et espagnole) a interrompu ses travaux très loin de ces parages, qu'elle n'a ni explorés ni délimités. Le Rio Branco a été exploré par José Simões de Carvalho, Ricardo Franco et Gama Lobo de Almada, mais aucun d'eux, au moins, n'a mis dans ses cartes le nom de la rivière Sipó ou Siparuni, ni n'a exploré les versants septentrionaux de la chaîne Pacaraima. Et même si pareil poteau avait été mis par quelque explorateur portugais, sans le consentement des Espagnols ou des Hollandais, ce serait un acte unilatéral, qui ne pourrait les obliger.

L'allégation de semblable poteau à l'embouchure du Siparuni nous a fait plus de mal que de bien. On ne peut assurer qu'il y ait été mis par une commission de démarcation, qui n'est pas arrivée à cet endroit. Elle a manifesté l'intention de traverser la chaîne Pacaraima et d'atteindre les versants dont les eaux coulent vers la Guyane Anglaise ; elle a justifié jusqu'à un certain point la prétention de l'Angleterre de posséder des versants dont les eaux coulent vers des rivières qui vont au Rio Branco et par lui, et par le Rio Negro, jusqu'à l'Amazone. Après, nous avons abandonné, n'en parlant plus, cette prétention nullement fondée.

L'affaire a mal commencé, car elle n'était pas connue et n'avait pas été étudiée.

L'expulsion, du Pirara, du missionnaire Youd a donné lieu à une longue discussion entre les Gouvernements Britannique et Brésilien.

Cette discussion est exposée d'une manière détaillée et complète dans un mémoire manuscrit du Conseiller Duarte da Ponte Ribeiro, sur les limites de l'Empire, daté de 1841, qui se trouve au Ministère des Affaires Étrangères. Cependant, la Section présentera ici, d'une façon très résumée, cette même discussion, qu'il importe beaucoup d'exposer, afin de rendre ce travail plus complet.

Le 20 février 1841, la Légation Britannique à Rio de Janeiro a adressé une Note au Ministère des Affaires Etrangères, jointe à un mémorandum, dont la substance est la suivante :

"Elle se plaint de l'expulsion de Youd, du Pirara, et annonce que le Gouvernement Britannique avait donné une commission à Schomburgk pour explorer et marquer les limites entre la Guyane et le Brésil, et avait envoyé des instructions au Gouverneur de cette colonie pour résister, cependant, à toute usurpation dans le Pirara ou dans le terrioire qui avait été jusqu'alors occupé par des tribus d'Indiens indépendants.

Elle déclare que le parallèle du lac Amacú, à une latitude de 3° 38' 30", est évidemment dans les limites véritables que les traités accordent aux possessions britanniques. Quant à la poutre criblée de clous, mise comme poteau à l'embouchure de la rivière Siparuni, elle allègue que le capitaine Leal n'a pas de connaissances scientifiques et que quelques-uns des individus qui l'accompagnaient, ne se sont pas trouvés d'accord avec lui ; et que ce supposé poteau est simplement un tronc d'arbre qui a encore des racines.

Elle énumère les titres que l'Angleterre possède pour considérer comme sien le territoire en litige, et ces titres sont les suivants :

I. — La Grande-Bretagne a pris possession de la Guyane Hollandaise en 1803, telle qu'elle avait été transmise à la Hollande par le traité d'Amiens.

II. L'article additionnel de la Convention de Londres du 13 août 1814, d'après lequel ladite Guyane fut cédée à l'Angleterre, ce qui lui donne le même droit que la Hollande avait aux termini des limites, avant la cession.

III. - Aucun traité antérieur à celui-là n'existe entre le Portugal et la Hollande quant à leurs possessions de la Guyane, ni les traités de paix d'Utrecht et de Vienne, ou autre convention qui les définisse, ne font mention des limites entre le Brésil et la Guyane Hollandaise.

IV. Que l'on sait que les Hollandais ont, au milieu du XVIII° siècle, fait avancer des postes jusqu'à la jonction du Rupunuri avec l'Essequebo, à une latitude de 3' 50', un poste hollandais du nom d'Arinda ayant existé, selon Humboldt, un peu au sud de ladite jonction du Rupunuri avec l'Essequebo. (Il est indiqué sur la carte de Schomburgk sous le nom de site of an old Dutch post.)

Elle ajoute que Schomburgk a planté le drapeau anglais aux sources de l'Essequebo, à une latitude de 0° 41', et avait pris possession de ces contrées au nom de la reine de la Grande-Bretagne ; et également :

Que les Portugais n'ont jamais étendu à l'est de Saint-Joaquim leurs possessions du Rio Branco.

Que les Indiens indépendants du Pirara se sont mis sous la protection britannique.

Que les commissaires portugais pour la démarcation de limites, de 1780 à 1804, n'ont jamais eu l'assentiment de l'Angleterre, de la France et de la Hollande, pour que leurs actes puissent obliger ces Puissances.

Elle analyse le rapport du président du Pará pour prouver que celui-ci ne connaît pas la géographie de cette partie de la Guyane, car il considère le Pirara comme un affluent du Rupunuri, qui est à l'est, tandis que le Pirara coule vers l'ouest et se jette dans le Mahú. Elle en déduit que la prétention du Gouvernement Brésilien au Rupunuri et aux contrées à l'est de cette rivière, provient probablement de cette faute.

Elle suppose que le détachement brésilien qui était allé au Pirara, en avait été déjà retiré, et elle déclare que, dans le cas de retour, le Gouverneur de la Guyane a ordre de l'obliger à évacuer le territoire disputé.

A cette Note et à ce Mémorandum, le Gouvernement Impérial a répondu par la Note du 24 mars de la même année 1841, essayant de maintenir le statu quo et d'ajourner la discussion jusqu'à ce qu'il y eût de plus amples informations que celles que possédait le Ministère. Pour le moment, le Gouvernement Impérial déclare se trouver seulement à même de présenter quelques observations.

Cette Note dit :

"Nonobstant les difficultés d'une plus grande importance, qui étaient déjà évidentes au milieu du siècle dernier, le Portugal et l'Espagne s'étaient accordés pour envoyer des commissaires afin de rectifier les limites de leurs possessions dans l'Amérique Méridionale; et l'article 22 du traité de 1750, déjà très explicite à cet égard, ajoutait que lesdits commissaires, à mesure qu'ils examineraient toute la frontière, devraient fixer, par la forme la plus exacte, les terrains par où devait passer la ligne de démarcation..., en plaçant des poteaux aux endroits qui leur paraîtraient convenables."

La fin des articles 12, 13 et 15 était identique, et par conséquent se trouvent suffisamment expliqués les travaux de démarcation auxquels se réfère le Mémorandum et qui n'étaient conséquemment, d'aucune façon, ni unilatéraux, ni arbitraires.

Elle cite Humboldt, la carte d'Anville corrigée et publiée en 1786 par

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