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sure, à l'ancienne monarchie ; l'affectation choquante avec laquelle on va chercher dans ce qui se pratiquait, il y a plusieurs siècles, la raison de ce qui se doit faire aujourd'hui ; l'absurde manie de conformer l'éducation aux vieilles maximes, quand les institutions sont nouvelles et différentes, etc., etc., etc.: voilà, je pense, des actes qui ne peuvent guères laisser de doute sur le projet de contre-révolution dont il s'agit ici. J'ignore si ce projet extraordinaire compte un grand nombre de défenseurs; mais je ne crains pas d'affirmer qu'il est combattu par l'opinion pu blique. Or, dans cette lutte, de quel côté la raison, l'humanité, les lois, l'honneur, la religion, nous disent-ils de nous engager? Tout nous crie de nous rallier aux lois, de protéger nos institutions naissantes, de ne pas souffrir qu'elles reçoivent la moindre atteinte. Tout nous dit qu'il est temps de s'arrêter, qu'il est impossible de rétrogader, que le présent est mille fois préférable au passé, que lui seul peut nous promettre un heureux avenir, et que la cause de tous nos malheurs est dans nos aberrations éternelles.

Quels conseils nous donne M. Frayssinous dans de telles circonstances? Quels sont les intérêts dont il embrasse la défense? Je ne dirai point qu'un homme aussi sage, aussi éclairé que lui, a le dessein de favoriser l'esprit de réaction qui se manifeste dans les actes des ministres ; mais l'on ne peut pourtant se dissimuler que son discours ne paraisse écrit dans cette vue., M. Frayssinous se

montre grand admirateur du passé. Il faut convenir cependant que le passé offre, dans notre histoire, assez peu de choses qu'on puisse présenter avec fruit à l'admiration des jeunes gens à qui l'on veut inspirer des idées justes sur leur devoir de sujets et de citoyens, des sentimens utiles, et des mœurs qui soient en harmonie avec nos nouvelles institutions. Qu'y trouve-t-on, en effet, qu'on puisse, dans cette vue, leur proposer pour modèle? Est-ce la conduite. tour-à-tour serville ou séditieuse des grands de l'État? La résistance souvent ambitieuse des parlemens? Le fanatisme des diverses sectes religieuses? Est-ce même la conduite des Français dont la religion a été la plus éclairée et la moralité la plus pure? Ces. hommes ont sans doute été vrais chrétiens et des hommes probes, dans un temps où il n'était pas nécessaire d'être citoyen pour mériter ces nobles titres ; mais on peut dire peut-être, à une époque où le respect pour les lois doit devenir la première qualité des Français, qu'il manque à la physionomie morale de ces mêmes hommes un des traits qu'il serait le plus essentiel d'offrir à l'admiration des jeunes gens. Nous proposera-t-on pour règle de conduite ce vieil honneur français, sujet éternel des éloges de nos historiens et de nos moralistes? Je suis loin de déprécier les inspirations nobles et généreuses dont nos pères étaient redevables à ce sentiment; mais on sait qu'il n'était pas pour eux un guide toujours sûr; on sait que cet honneur, enfant d'une vanité fausse et déréglée, d'un côté se déclarait orgueilleusement indépendant des lois, et de l'autre cédait sans pudeur

aux séductions d'une foule de vices (1). L'hon neur qu'il faut faire germer dans le cœur des jeunes Français, est celui qui consiste à respecter et à défendre les lois, à mépriser l'intrigue, la flatterie et tous les vices des courtisans; et l'on trouve peu de cet honneur dans notre histoire. Enfin est-ce l'esprit général de l'ancienne France et ses sentimens pour ses Rois, qu'on doit offrir pour exemple à la France nouvelle ? Je ne craindrai point de dire qu'à cet égard le passé est peu digne de servir de leçon au présent, et que d'ailleurs, sous ce rapport, le présent ne peut pas être soumis à l'influence du passé. Quand la génération qui s'est formée sous les gouvernemens tyranniques qui se sont succédés depuis vingt-cinq ans, verra le Roi gouverner d'après les lois, veiller à leur défense, travailler à leur perfection, éloigner de lui les conseillers perfides qui, pour accroître leur autorité, lui proposeraient de les renverser, l'amour naîtra dans les cœurs sans le secours de l'histoire et cet amour éclairé, le seul qui puisse flatter l'ame d'un bon Roi, est aussi le seul qu'il soit sûr et honorable pour les Français de sentir et de manifester.

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M. Frayssinous, avons-nous dit, a cherché à prouver combien la religion était nécessaire à la morale, en montrant l'insuffisance des mobiles ordinaires des actions humaines. On ne peut disconvenir que la re

(1) Voy. dans l'Esprit des Lois ce que Montesquieu dit de l'honneur, en traitant du Gouvernement monarq chique.

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ligion ne soit un principe plus étendu et même plus actif, sur les hommes doués d'une foi vive, que l'honneur, l'opinion, la crainte des châtimens que les lois infligent, et les autres mobiles purement humains de nos actions. Cependant ce principe a son côté faible comme les autres; s'il est plus étendu, il est en général, moins puissant; il n'exerce point une action assez immédiate sur le commun des hommes; l'effet de ses promesses et de ses menaces n'est pas assez près de nous; d'ailleurs, le pouvoir que la religion donne au repentir, nuit beaucoup à son influence ; ce pouvoir est une grâce dont notre faiblesse abuse toujours, et la plupart des vices se glissent ordinairement dans notre ame par la porte ouverte à la pénitence. Au reste, l'impuissance des principes destinés à agir sur le cœur de l'homme et à régler ses déterminations, vient encore moins de leur faiblesse que de leur de leur peu de concert; tant qu'ils se nuiront mutuellement dans leur action; tant que l'un offrira toujours le moyen d'échapper à l'autre ; tant que la religion ne sanctionnera pas ce que les lois ordonnent, que l'honneur voudra tout faire céder à ses maximes, et que l'opinion absoudra des que l'honneur, la religion ou les lois réprouvent, il est impossible que nos mœurs s'épurent et s'affermissent, parce que notre cœur ne prendra jamais conseil que des maximes qui s'accommoderont le mieux avec sa faiblesse. Le plus grand service qu'on pût rendre aux hommes serait donc de faire cesser le conflit existant entre les règles qui les vernent, et ce n'est pas une œuvre facile ; parce que

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chacune de ces règles a des ministres qui désirant s'en faire un instrument de domination, cherchent à les faire triompher sur toutes les autres. Les prêtres veulent que la sagesse des lois humaines s'agenouille devant la sainteté de la morale évangélique, qu'ils interprètent à leur manière ; le monde qui règle au hasard l'opinion, prétend qu'elle soit le juge suprême des lois divines et humaines, tandis que l'honneur et les lois cassent despotiquement la plupart de ses décisions. Si la voix de la raison était écoutée dans cette malheureuse lutte, toutes ces règles s'accorderaient pour le bonheur des hommes, et se placeraient dans une mutuelle et salutaire dépendance. Les lois auraient la prééminence, à condition qu'elles tendraient au bien public, l'opinion leur accorderait sa sanction, l'honneur les consacrerait, et elles seraient sanctifiées par la religion.

D.....

RÉGLEMENT

Concernant les relations des Chambres avec le Roi et entre elles.

TITRE PREMIER.

Ouverture de la Session.

ART. 1er. La convocation des deux chambres est faite par une proclamation qui fixe le jour de l'ou verture de la session.

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