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tout les temps, selon l'intérêt de leur ambition cherché à s'emparer de l'autorité des rois, ou à rendre leur pouvoir absolu. Leurs discours ne justifient que trop aujourd'hui le second de ces reproches. Les hommes honnêtes n'ont pas lu sans un véritable scandale, les adresses de ces prélats qui trahissaient à-la-fois leurs devoirs de prêtres et de citoyens, et la confiance des villes dont ils portaient les vœux aux pieds du trône, ont osé donner au Prince le lâche et dangereux conseil de retenir tous les pouvoirs dans ses mains, et de rejeter des lois destinées à affermir son autorité en la renfermant dans de justes bornes. Si l'on ne remarque pas les mêmes paroles dans les mandemens des évêques, on y retrouve àpeu-près le même esprit. C'est toujours l'obéissance au Roi, et jamais l'obéissance aux lois que prêchent leurs auteurs; c'est toujours l'autorité du Roi qu'ils font consacrer par la religion, et jamais celle des lois. Ils ne songent pas que le Roi ne peut être véritablement puissant, qu'autant que les lois sont res pectées, et que toute autorité donnée au Roi au-delà de celle que les lois lui accordent, est un véritable. désordre qui compromet à-la-fois l'Etat et le Roi (1).

(1) L'un des rédacteurs du Journal des Débats faisait il y a quelques jours, en rendant compte des chapitres de l'ouvrage de M. le duc de Lévis sur l'Angleterre, qui traitent de la constitution de ce royaume, cette sage réflexion: Chose étrange! démontrée par le fait le plus authentique, mais encore absolument neuve pour les

Mais l'ambition ferme leurs yeux sur ces graves dan. gers; l'important n'est point pour eux que la nation devienne forte et tranquille, sous le régime salutaire des lois sanctifiées par la religion; ce qui leur paraît bien plus nécessaire, c'est que le clergé acquière des honneurs, du crédit, des richesses, et une grande prééminence dans l'Etat.

C'est à ce désir immodéré de richesses et de domination qu'il faut attribuer et les adresses et les man demens inconstitutionnels des évêques ; et les sermons scandaleux de ces prêtres, qui osent déclamer dans leurs chaires contre la disposition de la charte qui assure une égale protection à tous les cultes, et contre celle qui déclare irrévocables les ventes des biens na tionaux ; et l'abus que ces prêtres font de la confession pour alarmer les acquéreurs de semblables biens sur · la légitimité de leurs acquisitions; et les coupables démarches qu'a faites le clergé de Paris pour obtenir du Gouvernement cette fameuse ordonnance de police, dans laquelle les lois les plus saintes ont été violées au nom de la religion, et qui a compromis l'intérêt de la religion elle-même. Ce n'est point en effet en étalant ses pompes aux yeux des peuples in

peuples du continent! Que l'autorité royale renfermée dans de justes bornes, réduite à ses propres dimensions, et dégagée de toute prérogative étrangère, n'en devienne que plus stable et plus sacrée aux yeux des Nations! comme si ce luxe de pouvoir, dont on la surcharge ailleurs, servait plutôt à l'énerver qu'à l'affermir.

crédules ou corrompus que la religion peut reconquérir son empire. Quand une sage prudence n'aurait pas porté nos législateurs à défendre de faire des cérémonies religieuses hors de l'enceinte des temples, dans toutes les villes où l'on professe plusieurs cultes, l'intérêt seul de la religion aurait dû faire sentir à ses ministres la nécessité de ne point enfreindre une pareillé loi, dans l'état actuel des mœurs. Ils auraient dû voir qu'en général on n'a point une foi assez vive ni des mœurs assez pures, sur-tout dans les grandes villes, pour que la religion pût, sans danger, franchir le seuil des temples et s'exposer aux regards du peuple; et que loin de vaincre l'obstination des incrédules par cette démarche inconsidérée, elle deviendrait peut-être plus que jamais l'objet de leur risée et de leur mépris. Pour qu'une pareille démarche eût pu être véritablement utile, il aurait fallu préparer de longue-main les esprits à la voir sans scandale ; il aurait fallu commencer par inspirer au peuple quelidées d'ordre et de décence; et, certes, des ques processions ne pouvaient point opérer ce miracle. Les cérémonies religieuses entretiennent la piété des hommes religieux et ne les font point. Mais a-t-on consulté l'intérêt de la religion, quand on a eu l'idée de faire des processions dans les rues de Paris? Les prêtres ont voulu prouver au peuple que l'autorité se déclarait pour eux, et que leur règne allait recommencer; ils ont voulu obtenir un triomphe public; qu'importait, à ce prix, d'exposer la religion à quelques outrages et de fouler les lois aux pieds?

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Or, nous le demandons maintenant à M. Frayssinous, si c'est-là l'usage qu'on doit faire de la religion. Si telle est la direction qu'elle doit recevoir ; si elle ne doit servir qu'à des fins particulières et criminelles ; si, loin de venir au secours des lois, elle se déclare leur juge et leur antagoniste; si, loin de consolider leur ouvrage, elle conspire à la ruine de cet ouvrage, et devient un instrument de réaction, de discorde et de despotisme, quels vœux les citoyens sages et probes pourront-ils faire pour son rétablissement? Ils appelleront de tous leurs désirs cette religion vraiment chrétienne, qui pourrait prêter un appui si salutaire à la faiblesse de nos institutions, seconder si utilement leurs vues géné. reuses, contribuer d'une manière si efficace à la formation de nos mœurs, de notre caractère et de notre 'esprit public; mais ils repousseront avec horreur le monstre odieux que l'ambition, la cupidité, l'orgueil, le fanatisme voudraient présenter à leurs hommages sous les traits augustes de la religion.

Il est temps de dire la vérité toute entière: deux grands intérêts contraires paraissent se disputer la France comme tous les Etats qui viennent de se relever sur les débris du grand empire. D'une part, la majorité des Français veulent conserver ce qui vient d'être fait, parce qu'ils trouvent dans nos institutions nouvelles, telles qu'elles sont, les moyens de fonder solidement le bonheur et l'indépendance de la nation; de l'autre, on fait effort pour leur arracher l'appui qu'on a présenté à leurs mains incertaines,

et pour repousser l'Etat vers un ordre de choses dont il est séparé par 25 ans de révolution, auquel il ne peut arriver qu'à travers de nouvelles guerres civiles, qui ne lui présente rien de certain, et dans lequel il doit se trouver encore livré à toutes les chances des passions humaines.

Quelque absurde que soit ce projet de contre-révolution, son existence ne paraît que trop certaine. Vingt actes du ministre de France semblent démontrer non-seulement qu'il existe, mais qu'il a même reçu un commencement d'exécution. La violation de la liberté de la presse; la violation de la liberté des cultes, et la prééminence qu'on cherche à donner au culte catholique ; des usurpations journalières du pouvoir législatif ; des projets de lois envoyés aux chambres, dans lesquels le Roi parle seul, comme si on voulait lui attribuer l'autorité législative toute entière, et réduire les pouvoirs des chambres au simple droit de remontrance et d'enregistrement que les parlemens exerçaient autrefois; de graves atteintes portées à l'indépendance judiciaire et à l'autorité de la chose jugée ; le recrutement arbitraire d'une garde immense; le rétablissement ou la création non moins arbitraires d'anciens et de nouveaux ordres; des décorations de toutes les couleurs répandues avec une profusion sans exemple; des priviléges rétablis en faveur des nobles; des outrages prodigués à tout ce que la révolution a produit de bon; des qualifications odieuses données aux principes de la plus sage liberté; des éloges, souvent faux, données sans aucunes me

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