Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

sur sa figure. La division Desaix avoit dépassé Gizeh.

Ibrahim-Bey, sur la rive gauche du Nil, décampa le même soir, et incendia, en se retirant, presque toutes les barques qui étoient sur ce fleuve. Cet incendie pendant la nuit, et le souvenir de la journée, ne permettoient de se reposer que sur l'idée de la destruction. Mourad Bey, avec les Mamelouks échappés à nos coups, s'enfuit dans la Haute-Egypte, et vécut, pendant deux ans, errant et fugitif, tantôt dans le désert, tantôt dans les villages que nous avions quittés, mais conservant toujours une force d'ame et un courage au-dessus de ses revers.

[ocr errors]

Voilà donc les Mamelouks expulsés du Caire, de leur ville chérie. Pouvoient-ils imaginer que ce fût d'une contrée éloignée de la leur de plus de cinq cents lieues, que partiroit le coup qui devoit les chasser de leurs palais, abolir leur règne, anéantir leurs pouvoirs ?

Le combat d'Embabé fut appelé par Bonaparte, bataille des Pyramides, parce qu'il fut donné en leur présence.

Une division passa le Nil pendant la nuit, et prit possession de l'île de Roda.

Le lendemain 4 (22 juillet), les grands du Caire vinrent offrir de remettre la ville. Le général en chef les reçut à son quartier général de Gizch,

et les assura que l'intention de la République et la sienne étoit d'être amis du peuple égyptien et de la sublime Porte. Il leur donna une proclamation dont voici le principal passage:

<<

་་་

Peuple du Caire, je suis content de votre con» duite. Vous avez bien fait de ne pas prendre parti >> contre moi. Je suis venu pour détruire la race » des Mamelouks, protéger le commerce et les na>>>turels du pays. Que tous ceux qui ont pour se >> tranquillisent; que ceux qui se sont éloignés ren>> trent dans leurs maisons; que la prière' ait lieu » aujourd'hui comme à l'ordinaire, comme je veux qu'elle continue toujours. Ne craignez rien pour >> vos familles, vos maisons, vos propriétés, et >> surtout pour la religion du prophète, que j'aime. » Les troupes étant entrées au Caire, je revins à Embabé pour m'y embarquer, et je trouvai cette fois nos soldats occupés à pêcher avec de longues cannes, au bout desquelles étoient fixés des clous, des crochets, les cadavres des Mamelouks qui s'étoient noyés. Ils étoient en assez grand nombre. La chaleur sur le bord du fleuve avoit gonflé à un tel point les hommes et les chevaux morts, que tous ces corps paroissoient des colosses. Mon cheval frémissoit entre mes jambes et répugnoit à passer au milieu de tous ces cadavres ses précautions pour marcher m'auroient diverti, si le spectacle que

j'avois sous les yeux ne m'eût disposé, au contraire, aux réflexions les plus tristes.

[ocr errors]

J'entrai au Caire le même jour: j'y mangeai du hon pain blanc. Je couchai dans une chambre sur une

fort belle natte, mais mon sommeil ne fut point cn

core tranquille; mon sang étoit trop échauffé.

Le thermidor (25 juillet), Bonaparte fit son 7 entrée au Caire. L'armée, à l'exception de la division Desaix, fut cantonnée dans la ville et dans ses

environs.

Le

Je restai au quartier-général plusieurs jours, et je commençois à m'y bien trouver, lorsqu'il fallut que je partisse de nouveau. Le général de brigade Leclerc sortit du Caire le 15 thermidor ( 2 août) pour aller en reconnoissance sur la route de Belbeis, où Ibrahim Bey s'étoit retiré avec ses Mamelonks. corps de troupes que commandoit le général Leclerc, étoit composé d'un bataillon, de trois compagnies de grenadiers, de cent cinquante hommes de cavalerie, tant dragons que hussards, et de deux pièces légères. Il étoit cinq heures du matin quand nous laissâmes le Caire; nous traversâmes la ville des Tombeaux, et nous arrivâmes à Lacoubbé, où bivouaquoit la division du général Regnier. Le général prit dans cette division l'infanterie et l'artillerie qui lui étoient nécessaires, et nous fìmes notre route en côtoyant les terres labourées, et laissant à

notre droite le mont Mokattam, auquel la ville est pour ainsi dire adossée. Le 16, nous arrivâmes à El-Hanka, sans avoir rencontré l'ennemi nous comptions garder long-temps cette position, et je m'occupai de tout ce qui pouvoit assurer la subsistance de nos troupes; je fis construire des fours. Les troupes, trop peu nombreuses pour occuper le village qui étoit considérable, campèrent dans des jardins d'orangers. Nous vivions paisiblement, mais il étoit impossible que nous restassions long-temps dans cette inaction.

En effet, le 18 thermidor (5 août), à la petite pointe du jour, nous fumes attaqués assez vigoureu

sement.

Les Mamelouks, les Arabes et tous les paysans des villages voisins, s'étoient réunis contre nous; leur nombre ne pouvoit se calculer. Pendant qu'on nous attaquoit au dehors, les habitans du village se révoltoient dans leurs murs; ils assassinèrent quelquesuns des ouvriers, et détruisirent les fours que j'avois fait construire.

Nos ennemis avoient plutôt l'air de bêtes féroces que de guerriers ; ils poussoient des hurlemens affreux, accompagnés de bruit de tambours, auquel se mêloient par fois les coups modestes de nos petites pièces, qui cependant les effrayoient beaucoup. Le général Murat étoit à Kélioub, entre le Nil et nous. Il entendit notre canon, et prévint sur-le-champ le

général en chef de l'embarras dans lequel nous pouvions nous trouver.

Depuis le point du jour jusqu'à quatre heures du soir, cette troupe de fanatiques nous tint sans relâche sous les armes; la plaine en étoit couverte. Ils étoient armés de toutes les manières, de piques, de bâtons, et au milieu de cette vile populace, l'on distinguoit les Mamelouks brillant toujours par l'éclat de leurs armes et par leurs vêtemens diversifiés. L'en- ' nemi n'osa nous charger. Comme nos deux petites" pièces alloient tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, ils s'imaginèrent que nous avions de l'artillerie sur tous les points, et se détermmèrent alors à se retirer, après avoir fait de vaines tentatives. O

a

Les avant-postes rapporterent, le même soir, au général Lectere, que l'ennemi ne s'étoit point éloigné, ainsi que nous l'avions cru: il s'étoit couché dans les herbes qui étoient devant le village, et se promettoit surement de nous attaquer le lendemain avec plus de fureur encore.

Nous n'avions pu garder entièrement le village, mauvaise position d'ailleurs, et il étoit à craindre que nous ne fussions obligés de l'abandonner tout à fait, s'il falloit combattre de nouveau. Notre infanterie avoit usé ses munitions; la cavalerie même qui n'avoit pu agir, lui avoit distribué les siennes ; nos pièces n'étoient mieux approvisionnées. Le gé

pas

« ZurückWeiter »