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à Paris, et se joua ainsi de Bonaparte, en trompant d'un autre côté les espérances d'un des membres du Directoire qui, à sa sortie, croyoit avoir le ministère des relations extérieures.

POUR SERVIR

À L'HISTOIRE DES EXPÉDITIONS

EN ÉGYPTE ET EN SYRIE.

LIVRE PREMIER.

Traversée de l'armée, débarquement à Alexandrie et séjour en Egypte jusqu'à l'expédition en Syrie.

DES troupes désignées pour une expédition secrète, étoient rassemblées, depuis quelque temps en France, en Italie. On faisoit, dans le silence, des préparatifs considérables dans les ports de Toulon, de Gênes, de Civita-Vecchia, et même en Corse. Bonaparte, déjà fameux par sa campagne en Italie, Kleber, Desaix, célèbres par des combats, par des victoires, étoient à la tête de ces régimens dont les numéros glorieux rappeloient des succès éclatans. Bonaparte arriva a Toulon du 20 au 21 floréal an VI (du 9 au 10 mai 1798), et adressa aux soldats de

terre et de mer de l'armée de la Méditerranée la proclamation suivante:

<< SOLDATS,

» Vous êtes une des ailes de l'armée d'Angleterre. -> Vous avez fait la guerre de montagnes,.de plaines, de siéges; il vous reste à faire la guerre >> maritime.

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» Les légions romaines, que vous avez quelque» fois imitées, mais pas encore égalées, `combat» toient Carthage tour à tour sur cette même mer, >> et aux plaines de Zama. La victoire ne les aban>> donna jamais, parce que constamment elles furent >> braves, patientes à supporter la fatigue, disciplinées et unies entre elles.

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» Soldats, l'Europe a les yeux sur vous! Vous >> avez de grandes destinées à remplir, des batailles » à livrer, des dangers, des fatigues à vaincre ; vous » ferez plus que vous n'avez fait pour la prospérité » de la patrie, le bonheur des hommes et votre » propre gloire.

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Soldats, matelots, fantassins, canonniers, cava» liers, soyez unis; souvenez-vous que, le jour » d'une bataille, vous avez besoin les uns des autres. » Soldats, matelots, vous avez été jusqu'ici né

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gligés; aujourd'hui la plus grande sollicitude de la

republique est pour vous: vous serez dignes de l'ar

>>mée dont vous faites partie.

» Le génie de la liberté, qui a rendu, dès sa nais»sance, la république l'arbitre de l'Europe, veut qu'elle le soit des mers et des nations les plus >> lointaines. »

L'armée ignoroit encore les lieux où elle devoit porter ses armes, c'est-à-dire, qu'elle n'en étoit point instruite officiellement ; mais tout faisoit présumer qu'elle alloit en Egypte.

Quel vaste champ ouvert à nos esprits agités, impatients! Des spéculateurs dévoroient l'avenir pour grossir leur fortune; quelques-uns d'entre eux sont morts de douleur et de chagrin ; d'autres, dont le moral a résisté aux dégoûts, aux privations, se sont estimés heureux de revenir sains 'et saufs. Chacun fondoit les plus brillantes espérances sur cette expédition importante, et le général en chef laissoit échapper souvent de ces paroles également l'amour flatteuses pour l'ambition de la gloire et pour des richesses. Nos guerriers avoient déjà contracté, en Italie, l'habitude de s'enrichir aux dépens du pays conquis; l'Egypte leur offroit une mine d'autant plus abondante à exploiter que cette province étoit encore vierge. Quant aux regrets de quitter la France, enthousiasmés, étourdis par le tumulte qui accompagne ordinairement le départ d'une armée, à table, en riant, nous parlions des dangers, des privations qui nous attendoient les dangers présentoient un moyen d'acquérir de l'avancement; les privations!

nous n'aurions point de vin, mais nous en buvions alors; peut-être n'aurions-nous point de femmes, mais nous n'en manquions pas encore; tout le monde ne reverroit point son pays, mais chacun espéroit qu'il seroit assez heureux pour embrasser sa famille. Nous étions entraînés, séduits par ce besoin de la gloire ou du changement, qui fait toujours chercher le mieux pour atteindre quelquefois le pire. Ainsi l'homme passe sa vie à desirer!

Cette flotte, superbement équipée, ces vaisseaux de transport qui couvroient la rade, exaltoient l'imagination; quelques Français cependant, moins susceptibles d'émotion, se réjouissoient de ne point faire partie de l'expédition.

Dans les derniers jours de floréal, l'escadre légère sortit, et croisa devant l'entrée de la rade de Toulon.

Les troupes embarquées, la flotte et le convoi mirent à la voile le 30 (19 mai).

VAISSEAUX DE L'EXPÉDITION.

L'Orient, à trois ponts, beau vaisseau, monté par l'amiral Bruies.

Le Francklin, à deux ponts, beau vaisseau, chef de la deuxième escadre; contre-amiral Blanquet. Le Guillaume-Tell, beau vaisseau, chef de la troisième escadre; contre-amiral Villeneuve

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